Histoire universelle
/ Diodore de Sicile ; trad. en français par l'abbé
Terrasson. - Paris : De Bure, 1737-1744. - 7 vol.
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Diodore de Sicile qui vivait
au Ier
siècle avant J.C. a laissé une œuvre
considérable, la plus riche d'informations sur
l'antiquité grecque et romaine ; l' « Histoire
universelle » couvre 1138 années, sans prendre en
compte les temps mythologiques. Diodore a notamment permis de sauver de
l'oubli de nombreux textes, en particulier ceux de deux utopistes avant
la lettre : Iambulos (au Livre II) et Evhémère
(au Livre V).
L'interprétation
de ces textes étonnants pose de nombreuses questions. Iambulos
et Evhémère ont sans doute effectué des voyages
lointains ; il est difficile aujourd'hui de distinguer, dans les
écrits de l'un et de l'autre, entre ce qui rend compte
fidèlement de leurs périples, ce qui émerge de
l'aveuglement face à une réalité trop nouvelle
pour être rigoureusement exprimée, ce qui relève de
l'affabulation — a beau mentir qui vient de
loin —, et ce qui exprime une volonté
métaphorique délibérée.
Dans son Dictionnaire philosophique,
Voltaire s'est amusé de la description de la Panchaïe
rapportée par Diodore : « Le plus beau
morceau de Diodore est la charmante description de l'île
Panchaïe, Panchaïca tellus, célébrée
par Virgile. Ce sont des allées d'arbres odoriférants,
à perte de vue de la myrrhe et de l'encens pour en fournir
au monde entier sans s'épuiser ; des fontaines qui
forment une infinité de canaux bordés de fleurs ;
des oiseaux ailleurs inconnus, qui chantent sous d'éternels
ombrages ; un temple de marbre de quatre mille pieds de
longueur, orné de colonnes et de statues colossales, etc.,
etc. » |
Iambulos décrit les « îles du Soleil », aux confins du monde habité :
Les gens qui peuplent cette
île diffèrent considérablement par leurs
particularités corporelles et leurs conduites de ceux
qui peuplent notre pays. En effet, tous sont à peu près
identiques par la conformation de leurs corps et dépassent
en taille les quatre coudées, et leurs os sont dans une
certaine mesure flexibles et retrouvent leur forme, à
peu près à la manière des parties nerveuses.
☐ Bibliothèque Historique, Livre II, 56.2 | Evhémère désireux d'établir une
généalogie des dieux mêne une « enquête »
au hasard de laquelle il aborde, un jour, en « Panchaïe »,
face aux confins de l'Arabie Heureuse :
Les habitants de l'île
sont appelés Panchéens. Ces hommes exportent leur
encens et leur myrrhe, et les vendent à des marchands
arabes, grâce auxquels d'autres, en achetant des produits
du même genre, les apportent en Phénicie, en Coelé-Syrie,
et en Egypte, et finalement, de ces pays, les marchands les font
passer à travers tout le monde habité.
Il existe une autre grande
île, distante de la première de trente stades. Située
vers le Levant, elle est longue de nombreux stades. Il est, paraît-il,
possible de contempler l'Inde depuis le promontoire qui s'avance
vers l'est, embrumée du fait de son grand éloignement.
☐ Bibliothèque Historique, Livre V, 42.2, 42.3 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Bibliothèque
historique, Livre II (Babylonie, Inde, Scythie) » texte établi et traduit
par Bernard Eck, Paris : Les Belles lettres (Collection
des universités de France, série grecque, 430),
2003
- « Bibliothèque historique (Tome V, Livre V) Livre des îles »
texte établi et traduit par par Michel Casevitz,
présenté et commenté par Anne Jacquemink,
Paris : Les Belles lettres (Collection des universités de
France, série grecque, 516), 2015
| L'Histoire
universelle, dans la traduction de l'abbé
Terrasson, peut être consultée sur le site de l'antiquité
grecque et latine (Philippe Remacle, François-Dominique
Fournier, J. P. Murcia et Thierry Vebr) :
| - Philippe
Borgeaud, « Les îles et l'histoire. À propos du
livre V de la Bibliothèque historique de Diodore de Sicile
(le “ Livre des Îles ” », in
Daniel Barbu, Nicolas Meylan et Youri Volokhine (dir.), Mondes clos : les îles, Gollion : InFolio, 2015
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mise-à-jour : 7 août 2019 |
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