Lucarne / Jean-Luc
Raharimanana. - Paris : Le Serpent à plumes, 1999.
- 136 p. ; 17 cm. - (Motifs, 96).
ISBN 2-84261-166-7
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NOTE DE L'ÉDITEUR :
La langue de Raharimanana est celle du conte, du récit à
haute voix. À travers douze nouvelles, l'auteur se fait griot
pour évoquer son île-continent, Madagascar, non comme un
triomphe des sables d'or et des criques magiques mais comme le lieu de
la souffrance, de la misère, des passions.
Côte à côte le narrateur et l'île aiment et
souffrent, désirent avec une envie dévorante, canine. On
assassine dans les rues de la ville, dans les maisons les corps
s'acharnent à exister à force de bruits, odeurs, douleurs
hallucinantes.
Ce premier livre de Raharimanana, porté par un lyrisme de chaque
phrase, dévoile la vérité d'un pays qui chancelle
sur l'océan Indien.
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DANIEL DELAS : […]
Les
douze nouvelles de ce jeune écrivain malgache (né en 1967
à Antananarivo, vivant à Paris) font entendre un son
nouveau, âpre et tendu. L'auteur réussit, souvent à
partir d'un fait divers sordide, à transmettre ce goût
amer qu'il garde dans la bouche, “ dans la bouche, dans la
bouche, dans la tombe, le goût de toutes les colères, le
goût de tous ces malheurs qui n'ont pas su découvrir
les mots qu'il fallait pour se décrire ”.
[…]
→ “ Compte-rendu de Lucarne ”, Etudes littéraires africaines, 1996, 2, pp. 52-53 [en ligne]
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“ Lucarne ”,
la nouvelle qui donne son titre au recueil, avait été
publiée initialement dans la revue du Serpent à plumes en
1992 (n° 16). C'est la vision hallucinée d'un monde sans
espoir, où chiens et hommes se disputent des restes de vie
abandonnés au hasard d'un terrain vague. Aucune lueur ne vient
atténuer l'horreur du regard porté sur un monde en
irrémédiable déréliction …
sinon une perspective que l'on sait dérisoire — “ m'éloigner ” —, ou la tentation d'un sommeil primordial — “ Reste
près de ton tas d'ordures, ô joli cadavre. T'es
bien là. Au chaud. Dans la terre ”.
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EXTRAIT |
Il
est calme ce soir sur la mer en beauté, il est calme ce soir sur
le rivage en marée. Salam émerge l'amer de son âme
et l'amarre au stress de ses nerfs. Salam est tendu ce soir sur les
courbes des vagues, écartelé,
déchiré …
Des frissons soufflent en lui et éteignent sa raison. Ô
Mama-la-folle, Mama-la-folle, quels fils vogue ainsi son âme vers
le gouffre de tes pleurs ? Salam naufrage sa conscience et sombre
dans la furie.
Ce soir sur la mer en beauté, ce soir sur le rivage en
marée, les nerfs de Salam tendus sur les courbes des vagues,
amarrés sur son esprit ensanglanté …
Il est calme cet instant où la nuit de Salam n'explose pas sa bile noire sur le ciel étoilé.
Il est si rare ce doux moment ! Comme un goût de cyanure au seuil de l'enfer …
☐ Chaland sur mer, pp. 124-125 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Lucarne »,
Paris : Le Serpent à plumes, 1996
| - « Rêves sous le linceul », Paris : Le Serpent à plumes, 1998 ; Le Serpent à plumes
(Motifs, 222), 2004
- « Nour, 1947 »,
Paris : Le Serpent à plumes, 2001 ; Le Serpent
à plumes (Motifs, 168), 2003 ; La Roque-d'Anthéron : Vents d'ailleurs, 2017
- « Identités,
langues et imaginaires dans l'océan Indien »
textes réunis et présentés par Jean-Luc
Raharimanana, Lecce : Alliance française (Interculturel
Francophonies, 4), 2003
- « L'arbre anthropophage »,
Paris : Joëlle Losfeld, 2004
- « Madagascar,
1947 » ill. de photos du Fonds Charles Ravoajanahary, La
Roque-d'Anthéron : Vents d'ailleurs ;
Antananarivo : Tsipika, 2007
- « Revenir », Paris : Rivages, 2018
| Sur le site « île en île » : dossier Raharimanana |
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mise-à-jour : 9 avril 2020 |
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