La saga de
Gunnlöd / Svava Jakobsdóttir ; traduction et
introduction de Régis Boyer ; texte suivi d'un extrait de l'Edda de Snorri Sturluson. - Paris : José Corti, 2002. - 317 p. ; 18 cm. - (Merveilleux, 19).
ISBN 2-7143-0801-5
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Svava Jakobsdóttir, née en 1930, est
considérée en Islande comme l’un des plus
importants écrivains de sa génération. Auteure de
nouvelles, de pièces de théâtre et de romans, elle
a aussi œuvré politiquement pour la reconnaissance de la
femme.
Parue en 1987, La Saga de Gunnlöd
raconte l’histoire d’une jeune Islandaise
d’aujourd’hui, arrêtée dans le Musée
National du Danemark alors qu’elle volait une urne en or
d’une valeur inestimable. La police pense qu’elle est soit
folle, soit dangereuse terroriste tandis qu’elle-même clame
haut et fort qu’elle doit récupérer son bien de
naissance : l’urne en or qui contient l’élixir
de poésie dont elle était, elle, Gunnlöd, la
gardienne dans les anciens temps jusqu’à ce qu’Odin
la lui dérobât.
La narratrice du livre est la mère de la jeune femme qui,
d’abord désemparée, va faire le chemin
jusqu’à sa fille.
Fidèle à sa réputation d’écrivain
réaliste, Jakobsdóttir nous plonge dans l’univers
quotidien de la mère — bourgeoise qui va progressivement
abandonner ses préjugés et vivre dans l’attente du
verdict chez une tenancière de bistrot — tout en nous en
maintenant, grâce aux mythes issus de l’Edda, dans une
sorte de magie permanente ; de tension aussi : la jeune femme
est-elle folle, de cette folie qui bâtit une histoire diablement
logique sur un substrat pour le moins douteux, ou bien, est-elle
vraiment la déesse Gunnlöd, offensée par Odin et qui
peut donc, légitimement, récupérer son bien ?
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Svava Jakobsdóttir a écrit
un roman qui décourage toute tentative de classification ;
poursuivre la lecture, passées les premières pages,
expose au risque d'un brouillage des repères et références
les plus sûrs.
Est-ce un roman policier ? La relation
clinique d'un désordre de l'esprit gagnant successivement,
comme par contagion, deux de nos contemporaines, une jeune islandaise
puis sa mère ? Est-ce encore le récit du brutal
affleurement dans le monde d'aujourd'hui de forces déchaînées
à l'aube des temps ? Qui mène le jeu ? En qui faut-il
voir la principale protagoniste, l'héroïne du roman :
La jeune Dis ? Sa mère ? La déesse Gunnlöd ?
Sans renoncer à la neutralité de l'observateur, dans un style distant, Svava Jakobsdóttir
maîtrise toutes les difficultés inhérentes
à ce brassage des genres ; le désarroi du
lecteur n'en est que plus intense … gage d'heureuse(s)
découverte(s) à l'image des mots sur lesquels se
referme l'énigmatique récit :
Et vous allez voir des bras minces qui
tendent le vase et vous invitent à boire l'eau vitale
dans une source d'or qui ne tarit jamais aussi longtemps que
vous avez soif ... cela se meut ... l'eau se meut ...
cela bouillonne ... cela jaillit comme une puissante vague
poétique qui déborde jusqu'à ce qu'un vacarme
emplisse l'air ... et en dernier lieu ... dans le feu
de la poitrine du prisonnier se lève le pays.
Et alors ...
Eh bien, deux arbres sur le rivage.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Gunnladar saga », Reykjavík : Forlagid, 1987
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mise-à-jour : 16 février 2007 |

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