Regards sur les
Antilles : collection Marcel Chatillon [catalogue de l'exposition,
Bordeaux : Musée d'Aquitaine, 29 septembre 1999-16 janvier
2000] / Paris : Réunion des musées nationaux,
Bordeaux : Musée d'Aquitaine, 1999. - 247 p. :
ill. ; 28 cm.
ISBN 2-7118-3903-6
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ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA GIRONDE : Le
docteur Chatillon, chirurgien de son état, est né
à Lyon le 23 novembre 1925. Installé en Guyane en 1953,
il commence sa carrière à l'hôpital de Cayenne. En
1955, il s'installe pour deux ans à Marie-Galante et en 1957, il
devient chirurgien à Pointe-à-Pitre jusqu'en 1983.
Très tôt, il s'intéresse à l'histoire et au
patrimoine des Antilles et à celle de la présence
française en Amérique. Ses premières acquisitions
de manuscrits datent des années 1950.
Collectionneur de
tableaux, il arpente les libraires, marchands d'autographes, galeristes
ainsi que toutes les ventes publiques en Europe, et même en
Amérique, pour constituer en un demi-siècle un ensemble
exceptionnel d'œuvres d'art, de gravures et de manuscrits qu'il
a, dans le même temps, généreusement
prêtés en toute occasion pour des expositions. Celle qu'il
réalise avec les Archives départementales de la
Guadeloupe à Basse-Terre en 1989 pour la
célébration du bicentenaire de la Révolution,
intitulée « Images de la Révolution aux
Antilles » est un modèle du genre par la
qualité et l'importance des pièces
présentées. En 1998, il présente à nouveau
ses collections à la bibliothèque Mazarine à Paris
sous le titre « De la découverte à
l'émancipation : trois siècles d'histoire
antillaise … ». L'année suivante, en
1999, le musée d'Aquitaine à Bordeaux présente
(…) sa collection sous le titre « Regards sur les
Antilles » : ce sont alors 193 objets, gravures,
dessins, manuscrits ou tableaux qui retracent l'histoire de la
présence européenne depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours.
[…]
Le
fil conducteur de la collection est avant tout la représentation
iconographique à travers le regard européen sur les
Antilles et l'Amérique de la conquête jusqu'à
l'émancipation du XIXe siècle.
A cet égard, Marcel Chatillon s'est intéressé
particulièrement à Saint-Domingue, perle de la
colonisation française au XVIIIe siècle,
et à son devenir. La période de la Révolution et
les thématiques de la traite et de l'esclavage font partie
également de ses critères de sélection dans la
constitution de sa collection : les pièces qui traitent de ce
thème sont nombreuses, y compris celles relatives à des
personnages comme Brissot, Mirabeau, l'abbé Grégoire et
Schoelcher dont la célébrité est liée au
combat anti-esclavagiste. Le thème plus général de
la marine l'a enfin attiré dans la mesure où
l'activité maritime de la France est largement concentrée
autour de l'Amérique et des Antilles jusqu'à la
première moitié du XIXe siècle.
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Le docteur Marcel Chatillon qui a successivement
exercé en Guyane et à la Guadeloupe a rassemblé
depuis 40 ans tout ce qui évoque les Antilles à
travers des œuvres exécutées essentiellement en
France et dans les pays anglo-saxons. Tableaux, dessins et gravures
composeront au Musée d'Aquitaine un panorama varié
qui s'étend de l'évocation des paysages à
celle des « habitations » (plantations)
et de la société à l'histoire.
Le catalogue permet de saisir l'intérêt
que le collectionneur a porté à l'évocation
des gens de couleur de ces pays, voire au-delà : une série de
serrures Dogon du Mali, dont le type se retrouvera à
Marie Galante, le portrait de Madame de Fontenelle, de l'école
de Nattier, accompagnée de son négrillon …
Dans l'évocation historique,
il conviendra de noter la rareté de certains documents
sur les abolitions de l'esclavage, la révolution
haïtienne et l'antagonisme franco-britannique …
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L'HUMANITÉ, 4 décembre 1999 : […]
Riche
de près de six cents pièces (seules trois cents sont
présentées au public), la collection rassemble des objets
populaires, des dessins, des huiles sur toile, des livres, des cartes,
des gravures et autres estampes. À travers elle, c’est
tout un pan de l’histoire antillaise qui est ressuscité.
Le mot n’est pas ici exagéré. Avant de
l’accueillir dans ses murs, le musée d’Aquitaine ne
possédait du passé négrier girondin qu’un
journal de bord d’un navire de traite, un fer à esclave,
des pacotilles et un fusil de traite. Plutôt maigre comme butin,
lorsqu’on connaît la place tenue par le port de la lune
dans le commerce colonial.
La
cartographie est un des points forts de cette exposition. Telle cette
gravure aquarellée anonyme de la Guadeloupe qui figura dans
l’Atlas de Boisseau en 1643. C’est une des plus anciennes
représentations de l’île. De nombreux dessins et
aquarelles offrent des vues de paysages exotiques, ainsi que des
premières villes coloniales. Jan Kip réalise en 1653 une Vue de Fort Royal
de la Martinique (Fort-de-France), comme il apparaît de
l’entrée du port appelé Cul-de-Sac-Royal, en
portant spécialement son attention sur la forteresse alors en
construction. Un portrait équestre de Toussaint Louverture sur
son cheval Bel-Argent rappelle les liens étroits qui
existèrent entre le général de la guerre
d’indépendance d’Haïti et l’Aquitaine. Il
est à noter qu’à la différence des grandes
figures du commerce négrier bordelais, qui disposent chacune
d’un cours, d’une avenue, ou d’une rue rappelant leur
mémoire, le père de l’indépendance
haïtienne ne bénéficie que d’une impasse.
[…]
C.P.
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mise-à-jour : 13 mars 2018 |
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