La
Dame de Syros : une lecture libre d'une idole
féminine nue
aux bras croisés, Cyclades, entre 2700 et 2300 av. J.-C.,
Paris,
musée du Louvre / Vénus Khoury-Ghata. -
Tourcoing :
Invenit, 2012. - 38 p. : ill. ;
21 cm. -
(Ekphrasis).
ISBN
978-2-918698-41-8
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Exhumée
du silence qui l'enserre depuis près de cinq
millénaires,
une figurine de pierre taillée à l'image d'une
jeune
fille parle de l'archéologue qui s'acharne à la déterrer, puis
du vieux
scultpteur de Syros qui l'avait ciselée /
conformément à ses besoins / muette pour
ne pas le contredire ; une troisième
silhouette s'impose progressivement dans le monologue de la Dame de Syros, celle
d'un frère jumeau, trop tôt disparu.
La
trame du poème est aussi discrète que le geste,
proche de
l'ellipse, du sculpteur, et pas moins éloquente.
Mais en
ouvrant le silence de la figurine de pierre, Vénus
Khoury-Ghata
propose un cheminement qui force à l'écoute d'une
voix
proche : « Fais-moi
une place à côté de
toi ».
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
L'idole féminine de 62,8 cm illustre la
maîtrise
exceptionnelle du marbre par les civilisations cycladiques au IIIe
millénaire av. J.-C., dont témoignent
les ombreuses
statuettes de femmes nues retrouvées dans les îles
de la
mer Égée. Un groupe se distingue toutefois, le
groupe dit
de Syros (2700-2300 av. J.-C.), qui se caractérise
par des
figures longilignes aux bras croisés, tête en
forme de
lyre et seins modelés, pubis incisé sous le
ventre,
exprimant une féminité exacerbée dans
un contexte
qui reste incertain. Représentaient-elles la
déesse-mère, dont le culte originel de la
fécondité remonte à la
période
néolithique ? Étaient-elles
déposées
dans les tombes des défunts pour
« stimuler » sa vie
érotique dans
l’au-delà ? Étaient-elles de
simples
jouets ? Ces figurines illustrent tout au moins la
virtuosité des ateliers cycladiques, dont l’art et
les
rituels allaient durablement influencer le continent et dont la
simplicité des formes résonne
étrangement encore
aujourd’hui.
Vénus
Khoury-Ghata est née au Liban et vit en France depuis
près de trente ans. Son père était
interprète au Haut Commissariat
français ; elle se
partage ainsi depuis son enfance entre sa langue maternelle,
l’arabe, et celle qu’aimait son père.
Son
écriture a investi tous les genres, la poésie, la
nouvelle et le roman, et elle alterne avec aisance et
nécessité entre les trois. Elle dit que
l’écriture l’a sauvée du
désespoir et
de la folie.
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