Peleliu
/ Jean Rolin. - Paris : La Table ronde, 2019. -
185 p. :
carte ; 18 cm. - (La Petite vermillon, 461).
ISBN 978-2-7103-8987-3
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MARIANNE PAYOT :
[…]
C'était
le 15 septembre 1944 au matin, sur l'île de Peleliu, un morceau
de corail de l'archipel des Palaos occupé par les Japonais.
Partie intégrante de la stratégie de l'Island Hopping (le
saut d'île en île dans le Pacifique) imaginée par
Mac-Arthur et Nimitz, la bataille de Peleliu engagea les 16 500
marines de la 1re division.
Ce débarquement
baptisé opération Stalemate — impasse, en
français ! — devait assurer la maîtrise de
l'île en trois ou quatre jours. En raison d'une
“ résistance d'une opiniâtreté
prodigieuse ”, les combats durèrent plus de deux mois
dans “ un abîme de flammes ”, et
occasionnèrent des milliers de morts.
Jean Rolin, qui
visita cet îlot du Pacifique en 2015, n'a pas son pareil pour
décrire ces marges de l'Histoire et de la géographie.
Encore une fois, sa plume, faussement nonchalante et dûment
avertie, fait des merveilles pour raconter la désolation humaine
et le grotesque des situations ; les pièges de la mangrove
et les dangers d'une terre infestée de poules sauvages, de
crabes de terre et de bernard-l'ermite.
Lesté d'une
érudition aussi exemplaire qu'incongrue, des témoignages
des survivants aux souvenirs de marine de William Styron, l'auteur
pince-sans-rire de Terminal Frigo et de L'Explosion de la durite
réussit le tour de force de nous passionner avec cet
épisode somme toute secondaire de l'histoire militaire
américaine.
☐ L'Express, 1er mai 2016 [en ligne]
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EXTRAIT |
La
mer avait baissé […] et je tirai parti de cette
circonstance pour avancer de quelques pas sur le récif,
parmi
les flaques, éprouvant une fois de plus à quel
point le
calcaire corallien forme un sol impropre à la marche. Comme
il
arrive souvent, cet endroit où tant d'hommes
étaient
morts pour pas grand chose (puisqu'il est avéré
désormais que la bataille de Peleliu aurait aussi bien pu ne
pas
avoir lieu) […], cet endroit semblait peu compatible avec
l'exercice d'une violence quelconque, en dehors de celle que
les
poissons déploient les uns envers les autres. Car pour ce
qui
les concerne, dans vingt centimètres d'eau, et parfois
jusque
dans des flaques n'ayant pas la moitié de cette profondeur,
ils
se pourchassaient sans répit, un gros noir en particulier,
aux
allures de mérou, jaillissant à tout instant de
son trou
pour se jeter sur de petits poissons argentés, à
rayures,
qui me parurent être des sars. Dans une mare plus grande je
levai
une murène, qui ondulait, ne m'ayant pas entendu venir, et
qui
quand elle le fit fusa pour disparaître sous une roche.
☐ pp. 91-92 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Peleliu », Paris :
P.O.L, 2016
|
- Jean Rolin,
« Journal
de Gand aux Aléoutiennes »,
Paris : Jean-Claude Lattès, 1981 ; Payot
& Rivages
(Voyageurs, 244), 1995 ; La Table ronde (La Petite vermillon,
336), 2018
- Jean Rolin,
« Ormuz », Paris :
P.O.L, 2013 ; Gallimard (Folio, 5934), 2015
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Peleliu est une île d'une quinzaine de km2
dans l'archipel de Palau en Micronésie. La bataille qui y
opposa
Américains et Japonais à l'automne 1944 compte
parmi les
plus meurtrières de la seconde guerre mondiale ;
cette
bataille, inscrite dans une stratégie souvent
contestée,
a donné lieu à de nombreuses publications aux
Etats-Unis
(où, semble-t-il, d'éventuels travaux japonais
n'ont pas
été traduits) et, dans une moindre mesure, en
France. Les références qui suivent
ne prétendent pas à l'exhaustivité.
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- Bobby
C. Blair and John Peter DeCioccio, « Victory at
Peleliu : the 81st infantry division's Pacific
campaign », Norman : University of Oklahoma
press, 2011
- Eric
M. Hammel, « Last man standing : the 1st
Marine
Regiment on Peleliu, September 15-21, 1944 »,
Minneapolis : Zenith press, 2008
- Harry
A. Gailey, « Peleliu, 1944 »,
Annapolis
(Maryland) : Nautical & Aviation publishing company of
America, 1983
- Ann Owens
Gilliland, « Peleliu
remembered », Fort Worth : Booker
publications, 1994
- James H.
Hallas, « The devil's anvil : the assault
on
Peleliu », Westport (Conn.) : Praeger, 1994
- Frank
O. Hough, « The assault on
Peleliu »,
Washington : Historical division, Headquarters U.S. Marine
corps,
1950
- George P.
Hunt, « Coral comes high », New
York : Harper & brothers, 1946
- Hubert
Mingarelli, « L'homme
qui avait soif », Paris : Stock,
2014
- Jim
Moran and Gordon L. Rottman, « Peleliu
1944 : the
forgotten corner of hell », Westport
(Conn.) : Praeger,
2004
- Eugene
B. Sledge, « With the old breed, at Peleliu and
Okinawa », New York : Presidio press,
2010 ;
« Frères d'armes »
trad. par Pascale Haas,
Paris : Les Belles lettres, 2019
- Bill
Sloan, « Brotherhood of heroes : the
Marines at
Peleliu, 1944, the bloodiest battle of the Pacific
War »,
New York : Simon & Schuster, 2005
- Derrick
Wright, « To the far side of hell : the
battle for
Peleliu, 1944 », Tuscaloosa : University of
Alabama
press, 2005
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mise-à-jour : 19 janvier 2022 |
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