Pour qu'ils soient face au
soleil levant / John McGahern ; trad. de l'anglais (Irlande)
par Françoise Cartano. - Paris : Albin Michel,
2003. - 432 p. ; 23 cm. - (Les Grandes
traductions).
ISBN 2-226-13703-3
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Il est des
écritures magiques, qui transportent le lecteur parfois
très loin sans que rien se passe vraiment :
quelques amis et voisins réunis au fin fond de la campagne
irlandaise, des mariages, des dîners après la
moisson, des soirées au pub, des envies de quitter cette
Irlande figée dans le temps mais que n'épargne
pas la violence politique …
C'est la manière de
faire parler ses personnages qui rend John McGahern unique :
ce langage savoureux de la campagne, gouailleur et tendre, qui donne
aux petites histoires l'allure de mythes lorsqu'au soir on se retrouve
pour boire du rhum au jus d'airelles. La magie de
l'écriture, aussi, qui nous imprègne de
l'atmosphère à la fois paisible et
inquiète de ce Giono irlandais.
D'une pudeur
extrême, John McGahern nous envoûte, nous fascine.
C'est hors d'âge, comme un très bon whisky.
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ANGELO
RINALDI : Que se passe-t-il
ici ? Rien qui se résume. Mais c'est la vie
même qui palpite en bordure du lac, là
où s'installe un couple de cadres londoniens. Ils retapent
une bicoque, se livrent à l'élevage, et
répugnent à vendre leurs bêtes. La
vieille shorthorn qu'ils possèdent, et que l'on vous prie de
ne pas confondre avec une charolaise, « pour
un peu, elle s'installerait dans un fauteuil et mettrait des lunettes
pour lire l'Observer », remarque l'un des
fermiers, qui est aux aguets. Si l'un des voisins est singulier
— un mélange de Barbe-Bleue et d'escroc
napolitain —, les autres sont de simples gens. En
apparence. Car pour un romancier qui sait regarder, chacun a son secret
et sa particularité. Jusqu'aux animaux : une chatte
noire, deux chiens de chasse, et la vache qui est en train de
vêler, à la tombée du jour, s'accorde
par ses gémissements au mystère de la naissance
du monde. La toilette d'un mort — il
était ouvrier à Londres, homme de peine chez un
Hindou — acquiert la grandeur d'une descente de
Croix. La tendresse se glisse sous la porte comme l'eau de la baignoire
qui a débordé. Elle n'a d'égale que
l'indulgence du curé du village à
l'égard de ses paroissiens, fils de paysans comme lui.
Dehors, les poules sont à l'abri pour la nuit
derrière leur grillage. Il convient alors de « prendre
garde à la douceur des choses »,
au bord de ce lac où une arche de Noé semble
s'amarrer à l'un des apontements. Il y règne, de
bout en bout, un enchantement dont on chercherait sans doute en vain
l'origine : peut-on expliquer la
supériorité de Mozart sur Salieri ? Et
la Grâce, dans toute sa plénitude et tout son
arbitraire ?
☐ Le Figaro littéraire,
18 septembre 2003
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
That
they may face the rising sun », London :
Faber and Faber, 2002
- «
Pour
qu'ils soient face au
soleil levant », Paris : Librairie
générale française (Le Livre de poche,
Biblio,
3416), 2005
|
- « La
caserne », Paris : Presses de la
renaissance, 1986 ; Paris : 10/18, 1991
- « Les
créatures de la terre, et autres
nouvelles », Paris : Albin Michel,
1996 ; Le Livre de poche (Biblio), 2006
- « Entre
toutes les femmes », Paris : Presses de la
renaissance, 1990 ; Paris : 10/18 (Domaine
étranger, 2579), 1995
- « Haute-Terre »,
Paris : Presses de la renaissance, 1987
- « Les
huîtres de Tchekhov, et autres
nouvelles », Paris : Presses de la
renaissance, 1992
- « Journée
d'adieu », Paris : Presses de la
renaissance, 1983
- « Lignes de fond
[précédé de] L'image »,
Paris : Mercure de France, 1971
- « Mémoire »,
Paris : Albin Michel, 2009
- « L'obscur »,
Paris : Éd. de la sphère,
1980 ; Paris : Presses de la renaissance,
1989 ; Paris : Livre de poche (Biblio, 3281), 1997,
2004
- « Le pornographe »,
Paris : Presses de la renaissance, 1981 ;
Paris : 10/18, 1991 ; Paris : Albin Michel,
1996
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mise-à-jour : 9
novembre 2009 |
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