Le
roman de Tristan et Iseut / renouvelé par Joseph
Bédier ; préface de Gaston Paris. -
Paris :
Edition d'art H. Piazza, 1965. - XII-219 p. ;
19 cm.
|
Les
amours de Tristan et Iseut se jouent en Bretagne, en Cornouailles et en
Irlande. Aux yeux du reste de l'Europe, ces marges passaient pour
terres d'aventure — l'Irlande, lointaine
insulaire,
plus encore que la Bretagne et la Cornouailles.
Dans les
récits renouvelés par Joseph Bédier
d'après des poèmes français du XIIe
siècle, l'Irlande est une terre de merveilles et de
périls, un pays
de sortilèges
que hantent géants et dragons, où la fille du roi
— d'une beauté sans
égale —
connaît mieux que personne les vertus des plantes
qui
guérissent.
L'Irlande
qui apparaît dans le Roman
de Tristan et Iseut est proche de celle que
décrit Giraud de Barri dans la Topographia hibernica 1 ;
la chronologie permet le rapprochement — on est dans
la seconde moitié du XIIe
siècle.
Quand
Tristan prend la mer pour la première fois, il ne sait pas
quel
sera le terme de sa navigation ; mais il agit comme les
héros du légendaire irlandais
— Mael
Dúin par exemple, ou encore saint Brendan.
Au-delà de l'horizon
onirique, c'est une Irlande mythifiée qui
exerce déjà son emprise sur le Roman.
|
EXTRAIT |
Or, un matin, au point du jour, [Tristan]
ouït une
voix si épouvantable qu'on eût dit le cri d'un
démon. Jamais il n'avait entendu bête glapir en
telle
guise, si horrible et si merveilleuse. Il appela une femme qui passait
sur le port :
« Dites-moi, fait-il, dame,
d'où vient cette voix que j'ai ouïe ? ne
me le cachez pas.
— Certes,
sire, je vous le dirai sans mensonge. Elle vient d'une bête
fière et la plus hideuse qui soit au monde. Chaque jour,
elle
descend de sa caverne et s'arrête à l'une des
portes de la
ville. Nul n'en peut sortir, nul n'y peut entrer, qu'on n'ait
livré au dragon une jeune fille ; et,
dès qu'il la
tient entre ses griffes, il la dévore en moins de temps
qu'il
n'en faut pour dire une patenôtre.
—
Dame, dit Tristan, ne vous raillez pas de moi, mais dites-moi s'il
serait possible à un homme né de mère
de l'occire
en bataille.
— Certes,
beau doux sire, je ne sais ; ce qui est assuré,
c'est que
vingt chevaliers éprouvés ont
déjà
tenté l'aventure ; car le roi d'Irlande a
proclamé
par voix de héraut qu'il donnerait sa fille Iseut la Blonde
à qui tuerait le monstre ; mais le monstre les a
tous
dévorés. »
☐
La Belle
aux cheveux d'or, pp. 30-31
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Joseph
Bédier, « Le
roman de Tristan et Iseut, reconstitué d'après
les
poèmes français du XIIe
siècle »,
Paris : L'Edition d'art H. Piazza, 1900
- Joseph
Bédier, « Le roman de Tristan et
Iseut »
éd. critique par Alain Corbellari,
Genève : Droz (Textes
littéraires français, 619), 2012
- Joseph
Bédier, « Le roman de Tristan et
Iseut », Paris : 10/18 (Bibliothèque
médiévale, 1439),
2012
- Joseph
Bédier, « Le roman de Tristan et
Iseut »
éd. par Catherine Mory, Paris : Larousse (Petits classiques Larousse, 26), 2015
|
principales
sources de Joseph Bédier |
- Francisque
Michel (éd.), « Tristan :
recueil de ce qui
reste des poëmes relatifs à ses aventures
composés
en françois, en anglo-normand et en grec dans les XII et
XIII
siècles » (3 vol.), Londres :
William Pickering,
Paris : Techener, 1835-1839
- Eilhart von
Oberge, « Tristrant » in Eilhart von Oberge, Hrsg.
von Franz Lichtenstein, Strassburg : Karl J. Trübner,
1877
- Gottfried
von Strassburg, « Tristan und
Isolde », Hrsg. von
Wolfgang Golther, Stuttgart : Union Deutsche
Verlagsgesellschaft,
1888
- Béroul
« Le roman de Tristan »
éd. par Ernest
Muret, Paris : Firmin Didot (Sté des anciens textes
français), 1903
- Thomas
d'Angleterre, « Le roman de
Tristan » éd.
par Joseph Bédier (2 vol.), Paris : Firmin
Didot
(Sté des anciens textes français), 1902-1905
- « Les
deux poèmes de la folie Tristan » [La folie Tristan
d'Oxford et La folie
Tristan de Berne] éd. par Joseph
Bédier, Paris : Firmin Didot (Sté des anciens textes
français), 1907
|
quelques
éditions récentes |
- Isabelle
Degage (trad.), « Tristan »
— roman de Tristan en prose, manuscrit de Vienne (5 vol.), Toulouse : Anacharsis, 2019-2023
- Richard
Wagner, « Tristan et Isolde »
d'après le
roman de Gottfried von Strassburg, trad. par Jean-Pierre Krop,
Paris : Premières loges (Avant-scène
Opéra,
34-35), 2011
- Béroul,
« Le roman de Tristan »
éd. et traduit par
Nathalie Desgrugillers, Clermont-Ferrand : Paléo
(Histoire : Accès direct), 2011
- Jean-Charles
Payen (éd.), « Les Tristan en
vers », Paris : Classiques Garnier (Textes
littéraire du moyen âge, 7), 2010
- Eilhart
von Oberg, « Tristrant et Isald »
trad. par par
Danielle Buschinger, Paris : Honoré Champion
(Traductions
des classiques du Moyen âge, 80), 2007
- Nathalie
Desgrugillers-Billard (éd.), « Les romans
de Tristan
et Yseut : Thomas d'Angleterre, Béroul, Folies
d'Oxford et de Berne », Clermont-Ferrand :
Paléo
(L'Encyclopédie médiévale, 7), 2007
- Thomas d'Angleterre,
« Le roman de Tristan » suivi de La Folie Tristan de
Berne et de La Folie
Tristan
d'Oxford, traduit et présenté par
Emmanuèle
Baumgartner et Ian Short, Paris : Honoré Champion
(Classiques : Moyen âge, 1), 2003
- Béroul,
« Tristan et Yseut » trad. et
présenté par Daniel Poirion, Paris :
Gallimard
(Folio classique, 3435), 2000
- Béroul,
« Tristan et Iseut » trad. et
présenté par Philippe Walter, Paris :
Librairie
générale française (Le Livre de poche,
16072), 2000
- Michel
Cazenave (éd.), « Le mythe de Tristan et
Iseut, avec Tristan et
Iseut
établi d'après les manuscrits des XIIe et XIIIe
siècles », Paris : Flammarion
(GF, 1133), 2000
- André
Mary (éd.), « Tristan : la
merveilleuse histoire
de Tristan et Iseut et de leurs folles amours, restituée en
son
ensemble et nouvellement écrite dans l'esprit des grands
conteurs d'autrefois » préface de Denis
de Rougemont,
Paris : Gallimard (Folio Classique, 3225), 1999
|
|
|
mise-à-jour :
19 février 2019 |
|
|
|