L'Irlande au Moyen
Âge : Giraud de Barri et la Topographia
Hibernica (1188) / Jeanne-Marie Boivin. - Paris :
Champion , 1993. - 414 p. :
ill. ; 23 cm. - (Nouvelle bibliothèque du
Moyen Âge, 18).
ISBN 2-85203-222-8
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : En 1188
paraissait la première œuvre écrite par
un étranger sur l'Irlande, la Topographia
Hibernica, composée par un clerc de la cour
d'Henri II d'Angleterre, Giraud de Barri. Malgré la
conquête anglaise commencée dans les
années 1170, l'Irlande était à la fin
du XIIe
siècle une terra incognita. Giraud de
Barri appartenait à une famille
célèbre de conquérants, et
lui-même avait passé près de deux ans
dans l'île, qu'il avait explorée et
étudiée avec un intérêt
passionné. Il révélait au public
choisi de la cour des Plantagenêts une région qui
avait de tout temps alimenté les rêves et qui
alimentait alors l'actualité : une zone
frontière, sur laquelle butait la connaissance du monde, et
une zone de front, sur laquelle butait
— déjà — la
politique expansionniste des souverains anglais.
La Topographia
Hibernica décrit la géographie de
l'Irlande, son bestiaire, ses merveilles de la nature et les miracles
de ses saints, enfin ses habitants, dont elle retrace
brièvement l'histoire et dépeint longuement le
mode de vie et les coutumes. Journal de voyage repensé en
recueil de curiosa, elle a fixé l'image
d'une terre tout entière de mirabilia :
domaine de sources enchantées et d'îles
étranges — dont la plus
célèbre est celle du Purgatoire de saint Patrick
—, patrie de saints aventureux — Brendan
— et amis des oiseaux — Kevin, Colmán
—, mais aussi réservoir de monstres —
loups-garous, hybrides en tous genres — dont le plus
« merveilleux » est
assurément … l'Irlandais.
On trouvera dans ce livre la
première traduction française de cette
œuvre, qui fournit à l'Europe
médiévale l'essentiel de sa connaissance
— réelle et mythique — de l'Irlande, et
qui reste notre principale source d'information sur ce pays au Moyen
Âge, ainsi qu'une étude des
représentations de cet « horizon
onirique » de l'Occident
médiéval.
Giraud de Barri signait son
premier essai en littérature, qui devait rester son essai
préféré, fut revu et
augmenté jusqu'à la fin de sa vie et
éclaire, mieux que tous ceux qui ont suivi, la production
littéraire contrastée et la
personnalité controversée d'une figure haute en
couleur de la scène intellectuelle, politique et religieuse
des années 1200.
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SOMMAIRE
(résumé) |
PREMIÈRE
PARTIE - Étude :
Giraud de Barri, la Topographia
Hibernica et la
représentation de l'Irlande dans la littérature
du Moyen Âge
- Giraud de
Barri
- La Topographia
Hibernica et l'Irlande médiévale
- Pour une
mythologie de l'Irlande dans la littérature du Moyen
Âge
SECONDE
PARTIE - Traduction de
la Topographia
Hibernica
- Introduction
à la lecture publique
- Sommaire
du livre de Giraud de Barri sur la description de l'Irlande
- Épître
dédicatoire à Henri II
- Ici
commence la première partie de l'histoire de l'Irlande
- Ici
commence la deuxième partie, sur les merveilles et les
miracles d'Irlande
- Ici
commence la troisième partie, sur les habitants du pays
TROISIÈME
PARTIE - Notes sur la Topographia Hibernica, cartes et bibliographie
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EXTRAIT |
Les oiseaux de nature hybride que l'on appelle
balbuzards-pêcheurs sont nombreux en Irlande. Ils sont plus
petits que l'aigle, mais plus grands que l'épervier. La
nature malicieuse a fait œuvre merveilleuse en
réunissant chez eux une patte armée de serres,
ouverte et rapace, et une patte fermée et pacifique, propre
seulement à nager.
Ces oiseaux ont un comportement
étonnant que j'ai souvent observé de mes
yeux : grâce aux battements de leurs ailes, ils
restent immobiles et planent haut dans les airs au-dessus des flots de
la mer, afin de fixer plus à loisir leurs regards
perçants dans les profondeurs. Quand à travers la
distance si grande et si troublée de l'air et de l'eau ils
aperçoivent, avec leurs yeux de lynx, de petits poissons
cachés au fond de la mer, ils fondent sur eux avec une
extraordinaire célérité. Plongeant
puis émergeant des flots, avec leur patte nageuse ils se
dirigent dans l'eau, et avec leur patte ravisseuse ils
entraînent et emportent victorieusement leur proie.
De même, dans les flots
troublés de ce monde, nous pouvons bien nous cacher,
l'antique Ennemi nous observe de son regard perçant. Avec sa
patte pacifique, il vient nous caresser dans les succès
temporels, et à la fin, avec sa patte ravisseuse, le
prédateur sanguinaire s'empare de nos malheureuses
âmes et les met en pièces.
☐ Topographia
Hibernica, Chap. 16
- Les oiseaux hybrides, et leurs caractères,
p. 182
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Giraldus
Cambrensis, « Topographia Hibernica [et] Expugnatio
Hibernica » ed. by James F. Dimock,
London : Longmans,
Green, Reader, and Dyer (Giraldi
Cambrensis Opera, vol. 5), 1867
- Gerald
of Wales, « The history and topography of Ireland
»
translated with an introduction by John J. O'Meara,
Harmondsworth : Penguin (Penguin classics), 1982
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- Jeanne-Marie
Boivin et Proinsias MacCana (éd.), « Mélusines
continentales et insulaires »
actes du colloque international tenu les 27 et 28 mars 1997
à
l'Université de Paris XII et au Collège des
Irlandais,
Paris : Honoré Champion (Nouvelle bibliothèque du Moyen
âge, 49), 1999
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mise-à-jour : 26
mars 2013 |
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Prêtre
et loup-garou dans une forêt du Meath,
Top. Hib., II, 19 ; ill. de couverture
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