8ème édition du Prix du
Livre Insulaire
(Ouessant 2006)
ouvrage en compétition |
Les campêches de
Versailles / Jean-Robert Léonidas. -
Montréal : CIDIHCA, 2005. -
300 p. ; 21 cm.
ISBN 2-89454-179-1
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Le roman de Jean-Robert
Léonidas trace l'itinéraire de Cassagnol,
partagé entre l'héritage spirituel de son
grand-père Kanzo, juge qui “ portait
dans son cœur le message des griots, la parole d'amour et de
fraternité ”, et celui de sa
mère — Défilé —
née d'une famille où l'écriture prime
sur la parole.
Des éblouissements
de l'enfance aux questionnements de la maturité, Cassagnol
s'évertue à concilier les deux voies qui
s'ouvrent devant lui : ni juge, comme l'aurait
souhaité son grand-père, ni avocat comme son
père — Garnier, trop tôt
disparu —, il embrasse la carrière
médicale et
cultive la nuit sa passion pour la littérature.
Ce parcours contrasté fournit
l'occasion d'un tableau coloré — à
la mode quisquéyenne 1 —
de la province haïtienne 2 dans une époque tourmentée,
soumise aux sinistres caprices du chef de l'état,
l'ingénieur Total Destin et plus tard de
son fils. Mais Cassagnol fait front, entouré du noyau
familial et d'amis fidèles ou de rencontres
passagères : le professeur Imbert, Ti-Momboin,
Lise, Alice et plus tard Célo et
Célise ; ainsi s'esquissent les traits d'un
réel art de vivre. L'Adieu à
Jérémie, au terme du roman, ouvre pour
Cassagnol le temps d'une retraite engagée.
1. |
Les Taino appelaient leur île Quisqueya
(ou Kiskeya). |
2. |
Jérémie
et ses environs, au sud-ouest de l'île. |
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EXTRAIT |
Un calme artificiel planait sur la campagne. Il
marouflait de sa sombre toile le faîtage des montagnes,
répandait sur Jérémie son odeur de
fabriqué, drapait d'un habit de mensonges les
vérités douloureuses qui siégeaient
sous les toits. Ce semblant de paix, construit au seul fusil, cachait
mal le tumulte intérieur, le désarroi des
âmes, le désaccord des êtres. Des hommes
encagoulés embouteillaient les rues et les chemins. Le
territoire entier portait un écran de silence où
passaient en muet de macabres séries noires. Un masque sans
expression voilait les visages. L'air flottait, stérile,
dépouillé de bruit. Le cœur du pays
battait à basse fréquence. Les cités
portaient des regards éteints de nécropoles et
troquaient leurs villas contre des adresses de défunts.
Gîte de poètes-griots, patelin de ces gens au bec
leste et au verbe haut, Jérémie la lointaine
survivait en retenant son souffle.
☐ p. 89
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Comme un arbre planté dans le jardin du bon Dieu »,
Paris : Riveneuve, 2022
- « L'impertinence du Mot »
avec Hélène Tirole, dessins de Jean-Louis
Jacopin,
Paris : Riveneuve, 2018
- «
Retour
à Gygès », Léchelle : Zellige,
2017
- « A chacun son big-bang »,
Léchelle : Zellige, 2012
- « Rythmique
incandescente », Paris : Riveneuve
(Arpents), 2011
- « Ce qui me reste
d'Haïti : fragments et regards »,
Montréal : CIDIHCA, 2010
- « Rêver d'Haïti en
couleurs = Colorful dreams of
Haiti » photographies de Frantz Michaud,
préface de Gérald Bloncourt,
Montréal : CIDIHCA, 2009
- « Parfum de bergamote »,
Montréal : CIDIHCA, 2007
- « Prétendus
créolismes : le couteau dans
l'igname », Montréal : CIDIHCA,
1995
- « Sérénade
pour un pays, ou la génération du
silence », Montréal : CIDIHCA,
1992
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Sur
le site « île
en île » :
dossier Jean-Robert
Léonidas |
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mise-à-jour : 2
février 2022 |
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