Ce
qui me reste d'Haïti : fragments et regards /
Jean-Robert
Léonidas ; préface de Frisky Auguste. -
Montréal : CIDIHCA, 2010. -
179 p. ; 21 cm.
ISBN
978-2-89454-975-9
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Jean-Robert Léonidas est né en 1946,
à Jérémie, la cité des
poètes. Après
des études de médecine, il exerce aux Etats-Unis
durant
une trentaine d'années. Loin d'étouffer le
souvenir,
cette longue absence a avivé une capacité
d'écoute
naturellement attentive aux signes surgis de la terre natale
— littérature et peinture, mais aussi
musique et
danse, célébration des fruits de la terre,
éloge
de la cuisine.
De cette curiosité toujours
en éveil témoignent, en marge de la
carrière
médicale, une profusion d'articles, de préfaces,
de
contributions à des volumes collectifs ; Ce qui me reste d'Haïti
présente
un choix de ces textes couvrant un quart de siècle. Les
écrivains y sont au premier plan : d'hier tels
Emile Roumer
(originaire de Jérémie comme l'auteur) ou Jacques
Roumain, contemporains (et souvent eux-mêmes
exilés) tels
Louis-Philippe Dalembert, Félix Morisseau-Leroy, Cauvin L.
Paul,
Josaphat-Robert Large, Joël Des Rosiers ou Anthony
Phelps ;
à peine en retrait, les peintres dont les couleurs exaltent
la
nostalgie ; et toujours l'amitié fondée sur le
partage,
d'origine, de destin, de langue — Jean-Robert
Léonidas croit aux vertus d'un bi-linguisme où le
créole ne serait plus socialement
dévalorisé.
Evoquant son ami, Joël Des Rosiers avait
constaté “ La médecine est son
épouse
et la
littérature sa
maîtresse ” ; au fil du
recueil, un glissement s'opère que constate Frisky
Auguste : Jean-Robert Léonidas
“ délaisse
son épouse ” (Préface,
p. 15), un inéluctable changement de cap qui rend
plus impérieux l'appel de l'île natale, de la maison du Père. La
lente maturation du retour et la réflexion introspective
dont
elle s'est accompagnée ont forgé des convictions
et des
devoirs : l'homme qui reprend pied à
Jérémie
se sent, comme l'Hadrien de Marguerite Yourcenar, responsable de la
beauté du monde.
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EXTRAIT |
Je suis à Jérémie. C'est ma
première
soirée à la ville natale laissée
depuis trente
ans. Eberlué, j'arpente pendant des heures les divers
quartiers
de mon enfance. Le choc de la minute initiale fait place au charme du
renouement. J'accepte la vétusté de la maison
familiale.
Je m'habitue au nouveau visage de la Place des trois Dumas. La Pointe,
autrefois promontoire incontournable pour un promeneur, a l'air de
faire la moue, puis se déride et commence à me
sourire.
La nuit venue, je me repose assez tôt de ma
première
visite de touriste local. Le morne Jubilé est calme.
Après l'angélus, seulement quelques criquets
stridulent,
interrompus soudain par des hymnes de louanges. Une musique monte en
duo vers le ciel, frôle la fenêtre de ma chambre
ayant vue
sur la mer.
Mwen
ta vle ale lakay papa mwen …
☐
La maison de mon Père,
pp. 158-159 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Comme
un arbre planté dans le jardin du bon
Dieu »,
Paris : Riveneuve, 2022
- « L'impertinence
du Mot »
avec Hélène Tirole, dessins de Jean-Louis
Jacopin,
Paris : Riveneuve, 2018
- «
Retour
à Gygès », Léchelle : Zellige,
2017
- « A chacun son big-bang »,
Léchelle : Zellige, 2012
- « Rythmique
incandescente », Paris : Riveneuve
(Arpents), 2011
- « Rêver d'Haïti en
couleurs = Colorful dreams of
Haiti » photographies de Frantz Michaud,
préface de Gérald Bloncourt,
Montréal : CIDIHCA, 2009
- « Parfum de bergamote »,
Montréal : CIDIHCA, 2007
- « Les campêches de Versailles »,
Montréal : CIDIHCA, 2005
- « Prétendus
créolismes : le couteau dans
l'igname », Montréal : CIDIHCA,
1995
- « Sérénade
pour un pays, ou la génération du
silence », Montréal : CIDIHCA,
1992
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Sur
le site « île
en île » :
dossier Jean-Robert
Léonidas |
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mise-à-jour : 2 février 2022 |
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