El secret d'Hiva Oa / Santiago
Vilanova. - Barcelona : Laertes, 1997. -
174 p. ; 20 cm.
ISBN
84-7584-336-0
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Ecrit
en catalan, El secret
d'Hiva Oa
met en scène Marc Dosrius, un spécialiste de Paul
Gauguin, qui lors d'une vente aux enchères
découvre que
des œuvres attribuées au maître sont en
réalité des copies effectuées par son
ami et
mécène George
Daniel de Monfreid.
L'affaire pourrait masquer une vaste opération de
blanchiment
d'argent provenant du narcotrafic. Marc Dosrius enquête
jusqu'en
Polynésie française et aux îles
Marquises où
il en vient, de surcroît, à mettre en cause la
version
officielle de la mort du peintre : Gauguin aurait
été délibérément
assassiné
pour mettre un terme au combat qu'il menait contre la
corruption au sein de l'administration de la colonie
française.
❙ |
Ecrivain,
écologiste et journaliste catalan, Santiago Vilanova
Tané
(né à Olot en 1947), connaît et aime la
Polynésie — comme ses compatriotes les
écrivains Aurora Bertrana et Josep Maria de Sagarra,
ou comme le peintre Joan
Abelló. Un autre catalan, Manuel Vásquez
Montalbán, s'est intéressé
à l'œuvre polynésienne de Paul Gauguin. |
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EXTRAIT |
Anaren unes passes més avall i es trobaren amb una
tomba
feta de blocs de lava ajuntats amb ciment. S'hi llega una sola
inscripció : « Paul Gauguin,
1903 ».
La tomba estava adornada per une petita estàtua anomenada el
Salvatge col.locada allí per expressa voluntat de l'artista.
En un angle hi havia crescut un franxipanier.
Els alisis
feien voleiar els pètals, creant un ambient
melancòlic i romàntic.
L'escultura representava la figura d'una dona, amb la cara
d'al.lucinada i uns ulls semblants als dels tikis
marquesans.
Portava una llarga cabellera i trepitjava un llop sagnant. Gauguin
qualificà aquesta deessa amb el nom de La
Tueuse.
— Enigma cruel !!
— digué l'Oviri.
— Si, crec que la va crear en un moment
dolorós
de la seva existència ; quan sentia la mort propera
— va respondre.
Tot testaren silenciosos davant la tomba. Minuts
després en Marc preguntà :
— Monsieur
Frébault,
creu que Gauguin fou assassinat ?
— El meu avi, que va conèixer a
Guilletoue,
deia que havia estat un crim premeditat. Totes les sospites tenien
relació amb la cigarreta que va començar a fumar
abans de
morir. Una cigarreta molt especial. Bé, en aquella
època
els gendarmes d'Hiva Oa i Tahuata, que era el centre administratiu,
tenien contactes permanents amb vaixells provinents de diferents
indrets del món i accés a tota mena de drogues i
substàncies. En Gauguin no volia retirar el recurs que havia
presentat contra Claverie, que podia acabar en un procés
públic contra el colonitzadors, a qui responsabilitzava
d'encobrir el mercat negre d'armes i d'indígenes. Evitar que
la
denúncia del pintor no prosperés a Papeete es va
convertir en un interès d'Estat. La meva opinió
és
que a les autoritats implicades els calia avançar la mort de
l'artista, ja irreversible, mitjançant un procediment el
més natural possible, que no deixés traces i que
no fos
un medicament detectable. El metge d'Atuona havia abandonat l'illa feia
mesos i, dificilment, ningú obriria cap
investigació al
respecte.
— I com podient haver planificat
l'assassinat ? — en Marc
començava a veure
creïbles les hipótesis que Grainville li havia
comentat a
Tahiti.
— Algunes tribus de les illes
conreaven petites plantacions d'un tabac importat de la selva peruana i
que els indis de l'Amazònia anomenen mapacho.
Les
tribus del Brasil coneixen molt bé els efectes del fum de la
fulla d'aquesta espècie. Els bruixots i els sacerdots la
utilizaven per a algunes cerimònies, especialment per
allunyar
els mals esperits dels cossos endimoniats. També escampaven
el
fum sobre el cos per guarir determinades malalties. Els taüa
marquesans
no ignoraven les proprietats del mapucho.
— I quines són aquestes
proprietats ?
— El fum ès tan intens i fort,
que ès
capaç d'anestesiar durant hores les serpents més
verinoses, com les cascavels, la terrible jaraca o la
jararacuçu. L'animal pateix tant que acaba
suïcidantse. Una
pipada d'un home, greument malalt, com ho estava Gauguin, és
suficient per provocar-li una aturada cardíaca en pocs
segons. I
això fou el que va succeir aquell matí al
capçal
del llit d'agonia del Koké. Algú li
donà a fumar
una cigarreta feta amb aquest tipus de tabac.
— Aquesta versió té
molta
coherència. Efectivament, després de la mort del
mestre
ningù no li va fer l'autópsia, ni es va estendre
un
certificat de defunció amb intervenció d'un
metge. El
bisbe Joseph Martin i el gendarme Claverie, que eren els seus
més directes enemics, no trigaren ni cinc hores en
enterrar-lo.
Però, i el pastor Vernier ? I el fuster
Tioka ? I Ky
Dong ? I el colon Varney ? Tots aquests amics de
Gauguin no
deixaren cap testimoni que permetés obrir una nova
investigació ? — va insistir en Marc.
— A ningù interessa una
acció d'aquesta
mena. I menys avui. Gauguin és un mite i un dels pintors
francesos més cotitzats al mercat de l'art. Presentar-lo com
a
defensar de la causa maori tindria efectes negatius per als interessos
francesos a la Polinèsia. La personalitat anticolonialista
del
pintor era massa forta per ser digerida. Fins i tot en el
erreny
artistic hi troben un Gauguin mès comercial i un altre
més revolucionari.
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pp. 135-137
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Ils firent quelques pas en descendant jusqu'à une
tombe
faite d'un assemblage de blocs de lave rouge. On pouvait y lire une
brève inscription : « Paul
Gauguin,
1903 ». Dans un angle poussait un
frangipanier ;
l'alizé faisait voler ses pétales,
créant une
atmosphère mélancolique et romantique.
La
sculpture qui ornait la tombe représentait une femme
hallucinée, avec de grands yeux comme ceux des tikis
marquisiens, et de longs cheveux ; elle pressait sur son flanc
un
loup ensanglanté. Cette divinité, Gauguin
l'appelait
« la Tueuse ».
— Cruelle énigme !!
s'exclama Oviri, l'ami de Marc.
— Oui, l'artiste l'a
créée dans une
passe douloureuse de sa vie, quand il sentait la mort s'approcher,
répondit Frébault.
Ils restèrent
silencieux un instant devant la tombe, jusqu'à ce que Marc
ose
poser la question qu'il se retenait de formuler depuis des
mois :
— Monsieur Frébault,
pensez-vous que Gauguin a été
assassiné ?
— Mon grand-père a toujours
pensé qu'il
a été victime d'un crime
prémédité.
— Prémédité ?
Pouvez-vous m'en dire plus ?
— Les amis de Gauguin ont tout de suite
suspecté la cigarette qu'il a fumée juste avant
de
mourir. Une cigarette bien spéciale. À cette
époque, les gendarmes d'Hiva Oa et de Tahuata, où
se
trouvait le centre administratif, avaient de fréquents
contacts
avec les équipages de bateaux venus d'horizons lointains.
Ils
pouvaient se procurer auprès d'eux toutes sortes de drogues.
Or
Gauguin n'avait pas renoncé à poursuivre en
justice les
gendarmes Charpillet et Claverie qu'il accusait de corruption et de
trafics illégaux. Laisser courir la procédure,
c'était risquer que la presse ne dévoile les
faits et que
s'en suive une affaire d'Etat. Les autorités coloniales
avaient
donc tout intérêt à hâter la
mort du peintre,
déjà gravement malade. Il fallait donc agir, mais
sans
laisser trace. Par chance, le médecin d'Atuona
était
absent de l'île depuis plusieurs mois : il ne
pourrait y
avoir d'autopsie.
— Comment ont-ils pu
faire ? demanda Marc qui commençait à
croire
à l'hypothèse formulée par Grainville
à
Tahiti.
— Plusieurs tribus de l'île
cultivaient un tabac importé par des marins depuis la
forêt péruvienne. Les Indiens de l'Amazone le
nomment
« mapacho » (Nicotina
rustica)
et l'utilisent dans certains rites pour éloigner les mauvais
esprits ou guérir certaines maladies de la peau. Les tauas
marquisiens connaissent bien les propriétés du
« mapacho ».
— Peut-il provoquer la mort ?
insista Marc.
— Sa fumée est assez forte pour
anesthésier durablement les serpents les plus venimeux, la
cascavelle, le jacara ou le jararacuçu. Le serpent souffre
tant
qu'il en vient à se suicider avec son propre venin. Aspirer
une
simple bouffée d'une cigarette de ce tabac est bien
suffisant
pour provoquer un arrêt cardiaque, surtout chez un malade.
C'est
ce qui a pu se passer ce matin-là sur le lit d'agonie de
« Koké ». Quelqu'un
lui aura donné
une cigarette de ce tabac en témoignage d'amité,
et
Gauguin l'aura acceptée pour calmer sa douleur.
— C'est assez convaincant, ajouta Marc. En
effet, il
n'y a pas eu d'autopsie, aucun médecin n'a
été
appelé pour certifier la mort. L'évêque
Joseph
Martin et le gendarme Claverie, ses pires ennemis, n'ont pas attendu
cinq heures avant de le faire porter en terre. Mais comment ont
réagi ses amis, le pasteur Vernier, le charpentier Tioka,
Ben
Verney ou Ky Dong ? Aucun n'a eu de
soupçons ?
— Personne ne souhaitait vraiment la
poursuite d'une
enquête impliquant les gendarmes, et
spécialement
Claverie. D'ailleurs celui-ci était passé voir
Gauguin
peu avant, pour tenter de faire la paix et de le dissuader de
poursuivre son action en justice. Qui pouvait être
intéressé à laisser le scandale
prendre de
l'ampleur ? Si l'hypothèse de l'assassinat est
fondée, il est trop tard aujourd'hui pour le
reconnaître : Gauguin est devenu un personnage
mythique, et
l'un des peintres les plus cotés sur le marché.
Sa lutte
anticolonialiste aux Marquises fut trop violente pour être
assumée officiellement par la métropole. Oubliez
donc
cette théorie. Il n'y aura jamais d'enquête.
Laissons-le
reposer en paix dans cette tombe.
Adaptation
française de l'auteur.
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mise-à-jour : 25
novembre 2011 |
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