The
invention of paradise 1845-1870 : Tahiti and the Marquesas /
photographs by Paul-Emile Miot ; text by Sydney
Picasso [bilingue anglais-français] ; drawings by Charles-Claude Antiq and Conway
Shipley. - München : Galerie Daniel Blau, 2008. -
161 s. : ill. ; 30 cm. ISBN 978-3-00-025303-4
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Paul-Emile
Miot est né à Trinidad en 1827, d'une famille
française établie aux Antilles. Il est reçu
à l'Académie de marine en 1843 et en sort en 1849 avec le
grade d'enseigne de vaisseau. Il effectue son premier reportage
photographique — principalement dans le but d'établir
des relevés topographiques des zones
côtières — au cours d'une mission à
Terre-Neuve (1857-1862). Plus tard, entre 1868 et 1871, il participe à bord de l'Astrée
à une mission visant à affimer la présence
française dans le Pacifique et réalise plus de soixante
photographies de Tahiti, de Moorea et des îles Marquises ; ces
photographies « semblent
presque venir d'ailleurs : elles ne sont ni complètement
distanciées et scientifiques, ni des prises de vue à la
va-vite » 1.
Au terme d'une carrière particulièrement riche, l'amiral
Miot prend sa retraite en 1892 et occupe jusqu'à sa mort en 1900
les fonctions de conservateur au Musée de la Marine 2. L'ouvrage
édité par la galerie Daniel Blau de Munich
présente près de soixante photographies prises par
Paul-Emile Miot durant la croisière de l'Astrée dans
le Pacifique : détroit de Magellan, îles Juan
Fernandez, côte péruvienne (îles Chinchas) et,
surtout, Tahiti, Moorea et Nuku Hiva. Le commentaire analytique de
Sydney Picasso s'appuie sur un parallèle avec les travaux
d'artistes contemporains : dessins de Charles-Claude Antiq
(1845-1846) et Conway Shipley (1847-1848) et les récits d'Herman
Melville : « Typee », « Omoo » et « Mardi ».
Sont ainsi mises en évidence trois qualités qui rendent
précieuses les photographies de Miot, sa connaissance du monde
marin, sa maîtrise technique de la prise de vue et du
développement, son approche esthétique. 1. | Sydney Picasso, p. 136 | 2. | Cf.
Paul-Emile Miot, « Promenades au Musée de la
Marine », Paris : Librairie-Imprimeries réunies,
1898 |
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EXTRAIT |
L'équipement
scientifique, [que Miot] maîtrisait parfaitement, s'est
avéré être l'outil idéal pour inventer ou
réinventer une certaine idée du paradis. Dans son
rôle de photographe, il n'est ni artiste ni journaliste : sa
méthode est un savant mélange de science et d'art. Ce qui
rend ses images si uniques, c'est qu'il incarne l'équilibre
parfait entre passion et observation. Dans Mardi, Herman Melville décrit le point de vue sur la rive comme suit : « Thus
sequestered however I could not entirely elude the pryings of the
people of the neighboring islands ; who often passed by, slowly
paddling, and earnestly regarding my retreat. But gliding along at a
distance, and never essaying a landing, their occasional vicinity
troubled me but little » 1.
En fin de compte, le héros et l'insulaire qui passe devant lui
en pirogue se regardent, et c'est cette « double
vision » qui rend l'œil photographique si fascinant.
Miot ne prend pas de distance par rapport à son sujet, qu'il
s'agisse d'un arbre immense, d'un pic escarpé, ou d'un groupe de
personnes. Il demeure lui-même, retournant inlassablement aux
mêmes endroits, comme pour certains panoramas par exemple,
reprenant chaque scène avec émerveillement et
précision, et c'est ce qui donne vie aux images.
☐ p. 138 1. | Herman Melville, Mardi, ch. LXII |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Patrick
O'Reilly, « Les photographes à Tahiti et leurs
œuvres, 1842-1962 », Paris : Sté des
Océanistes, 1969
- Michèle Chomette et Pierre-Marc Richard, « Paul Emile Miot, 1827-1900 : un marin photographe », Paris : Galerie Michèle Chomette, 1995
- Jean-Yves
Tréhin, « Tahiti, l'Éden à l'épreuve
de la photographie : une histoire de la photographie à
Tahiti et dans les îles (1859-1940) », Paris :
Gallimard ; Punaauia (Tahiti) : Musée de Tahiti et des
îles, 2003
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mise-à-jour : 29 mai 2009 |
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