Basquiat
/ sous la dir. de Marc Mayer ; textes par Marc Mayer, Franklin
Sirmans, Fred Hoffman et Kellie Jones ; avant-propos par Arnold L. Lehman ; trad. de l'anglais par
Alice Boucher et Jacques Guiod. - Paris : Flammarion, 2010. -
224 p. : ill. ; 22 cm. ISBN 978-2-08-123725-4
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SOMMAIRE |
Avant-propos Préface et remerciements
- Basquiat : une perspective historique, Marc Mayer
- Dans le cipher : Basquiat et la culture hip-hop, Franklin Sirmans
- Les années décisives : notes sur cinq chefs-d'œuvre, Fred Hoffman
- Lost in translation : Jean-Michel dans le (re)mix, Kellie Jones
Liste des expositions Bibliographie Index des illustrations |
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L'édition
originale du livre a été publiée (en anglais) pour
accompagner l'exposition Basquiat organisée au Brooklyn Museum
(New York) du 11 mars au 5 juin 2005. Ecrits par chacun des
commissaires de l'exposition, quatre brefs essais font écho au
catalogue qui présente plus d'une centaine de reproductions
d'œuvres comptant parmi les plus marquantes de l'artiste.
L'ensemble constitue donc une utile approche de l'art de Jean-Michel
Basquiat : images et commentaires se répondent en
éclairant une aventure dont la portée ne se borne pas au
seul monde des arts plastiques. |
| Je
rêvais croisades, voyages de découverte dont on n'a pas de
relations, républiques sans histoires, guerres de religions
étouffées, révolutions de mœurs,
déplacements de races et de continents : je croyais à
tous les enchantements.
Arthur Rimbaud, Une saison en enfer cité en épigraphe par Marc Mayer, p. 41 |
En ouverture, Marc Mayer questionne l'œuvre de Jean-Michel Basquiat dans une perspective historique, moins
pour tenter d'identifier ou de préciser sources et
antécédents que pour éclairer le coup de force
effectué au moment où s'achève le cours d'un
siècle qui n'a cessé de courir après la modernité. Inventant
des formes à la mesure de son rêve, Basquiat ouvre portes
et fenêtres dans un milieu raidi et perclus sous l'empilement des
dogmes — primitivisme, expressionnisme, formalisme, …
C'est comme une radicale
déclaration d'indépendance, à la manière
d'un fils repoussant l'empathie parentale d'un définitif
« vous ne me connaissez pas mais moi je vous
connais » (p. 57). | | Parce que [Basquiat] tape dans la main du temps, le temps le lui rend bien.
Robert Farris Thompson cité en épigraphe par Franklin Sirmans, p. 91 |
Franklin
Sirmans montre Basquiat attentif au monde des sons et du rythme. Jazz
et jazzmen cités, évoqués ou
représentés constituent le témoignage le plus
évident de cette affinité : hommages à
Charlie Parker, Miles Davis, ou Max Roach. A destination de l'œil
ou de l'oreille, une même voix s'exprime — une
même colère. Quand
Henry Gledzahler demanda à Jean-Michel en 1983 :
« Aujourd'hui, il y a de la colère dans ton
œuvre ? », il répondit :
« Il y a à peu près 80 % de
colère » (p. 102). | | … la
façon dont Basquiat se décrit — seul et nu au
carrefour de la vie et de la mort …
Fred Hoffman, p. 133 |
Fred Hoffman explore « cinq chefs-d'œuvre » : Sans-titre (head) (1981), Acque pericolose (1981), Per capita (1981), Notary (1983) et La colomba (1983).
A chaque étape de ce rapide parcours, Fred Hoffman croit
déceler l'avancée d'un dialogue : l'artiste
questionne le monde, mais doit également répondre
à une mise en question de sa pratique artistique. Peindre est
pour lui une expérience spirituelle qui met en jeu la liberté d'expression et exige un haut niveau de responsabilité sociale. | | Il
essaiera de définir un espace de communion, de
communauté, dans lequel il ne soit pas seulement un peintre
(occidental) et un homme (noir). Un espace où il puisse pousser
à l'extrême la logique de ces identités et
libérer définitivement son art et son âme.
Kellie Jones, p. 172 |
Pour
clore le dossier, Kellie Jones évoque les arrière-plans
de Basquiat, ses filiations. On sait que son père était
né en Haïti et que la famille de sa mère
était venue de Porto Rico ; on sait qu'il avait
bénéficié d'une éducation bourgeoise
raffinée et s'était familiarisé avec l'art
occidental en fréquentant les musées dès son plus
jeune âge. Kellie Jones montre que chacune de ces filiations a
joué pleinement un rôle d'ouverture — Haïti
ouvre à l'imaginaire vaudou, à l'histoire de l'esclavage
et de l'émancipation, à l'Afrique ; Porto Rico ouvre
à la sphère hispanique ; les musées ouvrent au
meilleur de la culture européenne. Et la rue new yorkaise est un
espace de liberté où peuvent s'échanger, se
féconder et se recomposer les éléments
épars reçus en héritage par l'enfant radieux
— the radiant child. |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Marc Mayer (dir.), « Basquiat », New York : Merrell publishers, 2005
- Marc Mayer (dir.), « Basquiat », Paris : Flammarion, 2005
- Jean-Michel
Basquiat, « The Notebooks » ed. by Larry Warsh,
Princeton (NJ) : Princeton university press, 2015
- Leonhard Emmerling, « Basquiat », Paris : Taschen (La Petite collection), 2003
- Jean-Jacques Salgon, « Le roi des Zoulous », Lagrasse : Verdier, 2008
- [Fondation Beyeler], « Basquiat », Ostfildern : Hatje Cantz Verlag, 2010
- Edwige Danticat, « Welcoming Ghosts », in Create dangerously : the immigrant artist at work, Princeton (NJ) : Princeton university press, 2010
- Michel Nuridsany, « Jean-Michel Basquiat », Paris : Flammarion, 2015
- Pierre Ducrozet, « Eroica », Paris : Grasset, 2015
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mise-à-jour : 24 septembre 2017 |
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