Ancien
culte mahorie / Paul Gauguin ; fac-similé du
manuscrit et
transcription ; présentation de
Bérénice
Geoffroy-Schneiter. - Paris : Gallimard, 2017. -
90 p. :
ill. ; 21 cm.
ISBN 978-2-07-273790-9
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
En 1891, Paul Gauguin (1848-1903) quitte la France, sa femme et ses
enfants pour se rendre à Tahiti. Dès son
arrivée,
il veut se dépouiller de sa culture d'Européen et
pénétrer l'esprit et les mœurs locaux.
Il y reste 3
ans.
C'est lors
de ce premier séjour qu'il rédige l'Ancien Culte mahorie.
D'une écriture fluide et scandé d'aquarelles et
de
dessins d'une fraîcheur incomparable, il décrit la
création de l'univers, énumère la
longue liste des
dieux, consigne les croyances et les prières des anciens
Tahitiens. Appartenant au musée d'Orsay et
conservé au
Louvre, le précieux cahier semble modeste, pourtant il n'en
constitue pas moins la matrice de l'œuvre tahitienne de
Gauguin,
le laboratoire expérimental et la genèse de sa
quête spirituelle et artistique.
Ce
fac-similé est
suivi d'une présentation de Bérénice
Geoffroy-Schneiter, spécialiste des arts non-occidentaux,
qui
replace dans le contexte de son époque
l'originalité et
la force de la démarche de Gauguin, artiste
« primitiviste » bien avant Picasso et
Derain.
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Quelle religion que l'ancienne
religion océanienne. Quelle merveille ! mon cerveau
en claque.
☐ Paul
Gauguin, lettre
à Paul Sérusier (25 mars 1892)
— citée par
Bérénice Geoffroy-Schneiter,
p. 70 |
Le
cahier où Gauguin a
réuni texte et images sous le titre d'Ancien culte mahorie
est le premier et le plus vif témoignage du choc
éprouvé au premier temps de son séjour
à
Tahiti : la splendeur des formes des couleurs et de la
lumière y est indissociable d'un peuple, d'une civilisation
et
d'une culture en agonie sous l'assaut de la colonisation et de
l'évangélisation.
Formes, couleurs,
échos d'une cosmogonie en voie d'immémorialisation
nourrissent le cahier.
Gauguin attribuera à
sa compagne Teha'amana (Tehura) les
connaissances déployées dans l'Ancien culte mahorie, mais
c'est dans le Voyage
aux îles du Grand Océan de
Jacques-Antoine Moerenhout 1
qu'il a puisé l'essentiel de ce savoir. Il n'aurait pu,
à l'époque, trouver intercesseur plus
qualifié.
Teha'amana pourtant mérite pleinement l'hommage de
Gauguin aux yeux de qui l'Eve
tahitienne 2
a pleinement incarné les qualités du monde qui
s'effondrait — lui permettant d'en
éprouver
intimement
la saveur et le charme, restitués ici avec force.
1. |
Voir ci-dessous, la mise en parallèle
des premières lignes du texte de Gauguin et de sa source. |
2. |
« Elle
est bien subtile, très savante dans sa
naïveté,
l’Ève tahitienne. L’énigme
réfugiée au fond de leurs yeux
d’enfants me reste
incommunicable.
Ce n’est plus là la petite Rarahu,
jolie, écoutant une romance de Pierre Loti jouant de la
guitare
(de Pierre Loti joli aussi). C’est l’Ève
après le péché, pouvant encore marcher
nue sans
impudeur, conservant toute sa beauté animale comme au
premier
jour. La maternité ne saurait la déformer tant
ses flancs
restent solides : les pieds de quadrumane ! Soit.
Comme
l’Ève, le corps est resté animal. Mais
la
tête a progressé avec
l’évolution, la
pensée a développé la
subtilité,
l’amour a imprimé le sourire ironique sur ces
lèvres, et, naïvement, elle cherche dans sa
mémoire
le pourquoi des temps passés, des temps
d’aujourd’hui. Énigmatiquement, elle
vous
regarde. » — Diverses choses, extrait
cité dans « Oviri »
textes choisis et présentés par Daniel
Guérin, pp. 169-170. |
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MOERENHOUT
Voyage
aux îles du Grand Océan |
GAUGUIN
Ancien
culte mahorie |
Il
était (ou il y avait) ; Taaroa était son nom ;
il se
tenait dans le vide (ou l'immensité) ;
point de
terre, point de ciel,
point de
mer, point d'hommes ;
appelle
Taaroa, mais rien ne lui répond,
et seul
existant, il se changea en l'univers.
☐ page
419 |
Il
était : Taaroa était son nom ;
il se
tenait dans le vide. Point de
terre,
point de ciel, point d'hommes.
Taaroa
appelle ; mais rien ne lui répond ;
et, seul
existant il se changea en l'Univers.
☐ feuillet
9 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Paul
Gauguin, « Ancien culte mahorie »
fac-similé du
manuscrit du Louvre édité et
présenté par
René Huyghe, Paris : Pierre Berès, La
Palme, 1951
- Paul
Gauguin, «
Ancien culte mahorie » reproduction de l'édition
de 1951 (Pierre Berès), Paris : Hermann, 1967, 2001
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mise-à-jour : 24
octobre 2017 |
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