Journal de Madame Rose de
Saulces de Freycinet [d'après l'édition de 1927]
/ annoté par Charles Duplomb ; ill. de Jacques
Arago ; préface par Muriel Proust de la
Gironière. - Paris : Éd. du Gerfaut,
2003. - 248 p. : ill. ; 22 cm.
ISBN 2-914622-35-X
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Jeune épouse du chef
de l'expédition, Rose de Freycinet [1794-1832] s'est
embarquée clandestinement à bord de l'Uranie
qui, au départ de Toulon, entreprend une mission officielle
d'exploration autour du monde. En mer, aux nombreuses escales, elle
écrit à son amie Caroline de Nanteuil. Les
lettres parvenues à leur destinataire (beaucoup se sont
perdues en route) ont été réunies et
publiées un siècle plus tard. L'ensemble
constitue un journal particulièrement
intéressant : Rose, bonne observatrice, jette un
regard neuf sur les mondes qu'elle découvre et ne manque pas
de caractère.
Pourtant le voyage est rude. A
peine sortie de Toulon l'Uranie court le risque
d'être prise en chasse par un corsaire
algérien ; puis c'est la dure routine des
navigations au long-cours, sur toutes les mers, sous tous les climats
— Canaries, Maurice, La Réunion, Timor,
Papouasie, Guam, Hawaii …
Au retour, après
avoir doublé le Cap-Horn, l'Uranie
s'échoue aux îles Malouines ; deux mois
durant, Rose et les membres de l'expédition vivent comme
Robinson, sous un ciel moins clément mais sans les affres de
la solitude. Tout s'arrange enfin, et l'expédition peut
regagner Cherbourg après une escale à Rio de
Janeiro. En 1832, Rose âgée de trente-six ans
meurt lors d'une épidémie de choléra.
Le
texte de cette édition suit celui publié en 1927
par
Charles Duplomb, notoirement incomplet. Une version établie
sur
le manuscrit original est parue récemment en Italie (cf.
ci-dessous) et devrait donner lieu prochainement à une
édition française.
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L'ÎLE DE LA FEMME DU CAPITAINE
Peu chanceux, Louis de
Freycinet n'a fait aucune découverte significative durant
son périple autour du monde, sinon … l'île
Rose, un petit atoll entrevu le 21 octobre 1819 dans l'est
des Samoa : « Je l'appelai
l'île Rose, du nom d'une personne qui m'est
extrêmement chère » ;
un geste justement apprécié par
l'intéressée.
Freycinet et ses officiers
ignoraient que le petit atoll avait été
déjà reconnu par un navigateur
européen, Roggeven qui, en 1722, l'avait baptisé
Vuyle Eyland, l'île aux Oiseaux. Mais la
postérité n'a retenu que le nom de Rose,
toujours présent sur les cartes marines, comme le rappelle John Dunmore, historien
des navigations françaises dans le Pacifique
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EXTRAIT |
21 octobre [1819]. — Permettez-moi, madame, de
vous faire part que la corvette l'Uranie a
découvert, à l'est de l'archipel des Navigateurs,
une petite île qui ne se trouve sur aucune des cartes les
plus récentes de ces mers, et que le commandant de la
susdite corvette a nommé cette île, Rose.
C'en est donc fait, voilà mon nom attaché
à un petit coin du globe ; bien petit en effet, car
les envieux ne lui accorderont peut-être que le nom
d'îlot ; tel qu'il est, rencontré de
nuit, il eût pu nous devenir funeste, au lieu que
désormais, marqué sur les cartes de
l'expédition, on s'en gardera, et personne,
j'espère, ne périra sur les dangers qui entourent
l'île Rose.
☐ p. 163
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Rose de
Freycinet, « Journal du voyage autour du monde
à bord de L'Uranie
(1817-1820) » d'après le manuscrit
original, accompagné de notes par Charles Duplomb, ill. de
Jacques Arago, Paris : Sté d'éditions
géographiques, maritimes et coloniales, 1927
- Marnie
Bassett (ed.), « Realms and islands : the
world voyage of Rose de Freycinet in the corvette Uranie
1817-1820, from her Journal and letters and the reports of Louis de
Saulces de Freycinet, Capitaine de Corvette »,
Londres : Oxford University Press, 1962
- Rose de
Freycinet, « Rose des vents - Journal de de
Madame Rose de Freycinet : voyage de L'Uranie
autour du monde (1817-1820) » texte
établi et présenté par Marc Serge
Rivière ; en annexe, Lettres de Rose
à sa belle-sœur, Clémentine de
Freycinet, Sainte Clotilde (La Réunion) :
Ars Terres Créoles, Stanley (Maurice) :
Éd. de l'océan Indien, 1996
- Rose
de Freycinet, « A woman of courage : the
Journal of
Rose de Freycinet on her voyage around the world
1817-1820 »
translated and edited by Marc Serge Rivière,
Canberra :
National Library of Australia, 1996, 2003
- « Campagna
dell'Uranie (1817-1820) : diario di Mme Rose de
Freycinet »
texte établi sur la manuscrit original, traduit en italien
et
présenté par Federico Motta, [s.l.] :
youcanprintit,
2012
- «
Campagne de l'Uranie (1817-1820) : Journal de Rose de Saulces
de
Freycinet » édition
présentée et
annotée par Sandrine Fillipetti, Paris : Mercure
de France
(Le Temps retrouvé), 2015
- « Rose
de Freycinet, una viaggiatrice clandestina a bordo dell'Uralie negli
anni 1817-20 » a cura di Federico Motta,
Verona : Il
Frangente, 2017
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→ Gilles Bounoure, compte-rendu de
lecture : « Journal du Voyage autour du
monde à bord de l'Uranie, 1817-1820 de Rose de
Freycinet », Journal de la
Société des Océanistes, 126-127 | Année 2008, [en
ligne] consulté le 28 février 2017
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- Christian Marbach, « Rose et les dauphins »,
Palaiseau : Sabix (Société des amis de la bibliothèque et de l'histoire
de l'Ecole polytechnique), 2017 (histoire romancée de la cirumnaviation
de l'Uranie)
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- John Dunmore, « Les explorateurs français
dans le Pacifique » Tome 2 XIXe
siècle, Papeete : Les Éd. du Pacifique,
1983
- Nadine
Lefébure, « Femmes
océanes : les grandes pionnières
maritimes », Grenoble : Glénat,
1995
- Danielle
Clode, « Expéditions dans les mers du
Sud », Paris : Autrement, 2011
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mise-à-jour : 29 juillet 2020 |
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