Iles de beauté /
Alain Gerbault. - Paris : Gallimard, 1941. -
228 p. ; 20 cm.
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Avec plus de détermination et de
constance que tout autre Alain Gerbault a vécu
d'île en île, quittant l'une pour,
aussitôt, rêver de la
prochaine … Rarement s'exprime l'appel d'un point
fixe, capable de le retenir, sinon sous la forme d'un regret vite
oublié :
“ Le
long de la côte ouest de Tahuata les baies jumelles d'Iva iva
nui et de Iva iva iti me séduisirent avec leur
sable blanc et leur végétation verte. C'est une
des rares fois où j'eus le désir de
posséder de la terre. J'aimerais certes vivre là
si je n'avais choisi de vivre sur les mers. ”
Même aveu dans À la
poursuite du soleil (1929), cette fois
à l'approche d'Akamaru (Gambier) :
“ Je
sentis […] que j'étais arrivé
à mon but. Là était le pays
où j'aurais voulu vivre et mourir, si je n'avais choisi une
existence de marin ”.
Il exprima plus tard le souhait de terminer sa
course à Bora Bora. La mort le rattrapa à Timor …
Versatilité ? À
rapprocher de cette notation d'Albert Camus : “ ceux qui aiment toutes les femmes sont ceux qui
sont en route vers l'abstraction. Ils dépassent ce monde,
quoiqu'il y paraisse. Car ils se détournent du particulier,
du singulier. L'homme qui fuirait toute idée et toute
abstraction, le vrai désespéré, est
l'homme d'une seule femme. Par entêtement dans ce visage
singulier qui ne peut satisfaire à tout ”
— Carnets 1942-1951, Gallimard,
1964
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EXTRAIT |
Un jour, je [traduisais aux enfants de Porapora]
les passages d'un livre de Charmian
London sur [leur île], et je découvrais
que Pihaura la rieuse vahine qui avait échangé
son nom à la mode du pays avec Charmian London
était la propre tante de Taaroa. La case où Jack
London avait habité se dressait jadis tout près
de là. Ceci me créait une sorte de
parenté polynésienne avec mon amie Charmian
London dont je recevais presque au même moment une lettre de
Californie, dans laquelle elle me parlait beaucoup de Porapora et de
Pihaura qui venait de mourir à Tahiti.
[…]
Le temps passait hélas trop vite. Au
bout d'un mois et demi de séjour il me fallait songer au
départ, m'arracher à cette île que
j'aimais, car je voulais visiter les îles Australes et Rapa,
revoir Mangareva, ma première île
polynésienne. Je voulais aussi me trouver à
Nukuhiva pour le passage du gouverneur Montagné qui m'avait
demandé de faire avec lui la tournée des
Marquises.
☐ p. 128
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Îles
de beauté »
présentation et notes par Eric Vibart [contient un choix de
textes de Léon Daudet, Henri Dufour et Jean Reverzy
— A
Bora Bora avec le souvenir d'Alain Gerbault le navigateur solitaire —
ainsi qu'un choix de lettres d'Alain Gerbault à Charmian London,
1929-1935], Paris : Hoëbeke, 1995, 2012
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- «
À la poursuite
du soleil - Journal de bord I : de New York
à Tahiti » préface de J.-B.
Charcot, Paris : Grasset, 1929 ; Hachette, 1953
- « Sur
la route du retour - Journal de bord II : de Tahiti
vers la France », Paris : Grasset,
1929 ; Hachette, 1953
- « L'évangile
du soleil : en marge des
traversées », Paris : Fasquelle,
1932, 1980 ; Paris : Magellan & Cie (Je est
ailleurs), 2016
- « Un
paradis se meurt », Paris : S.E.L.F.,
1949 ; Hoëbeke, 1994
- « Seul
à travers l'Atlantique et autres
récits » [Seul à
travers l'Atlantique ; A la poursuite du soleil ; Sur
la route du retour ; O.Z.Y.U. dernier journal ;
L'évangile du soleil], Paris : Grasset,
1991
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mise-à-jour : 26
octobre 2016 |
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