La forêt et les
dieux : religions afro-cubaines et médecine
sacrée à Cuba / Lydia Cabrera ; trad. de
l'espagnol (Cuba) par Béatrice de Chavagnac ;
préface d'Erwan Dianteill. - Paris : Jean-Michel
Place, 2003. - 603 p. : ill., carte ;
24 cm. - (Les cahiers de Gradhiva).
ISBN 2-85893-673-0
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Traduit pour
la première fois en français, cet ouvrage
publié à Cuba en 1954 — sous le titre El Monte 1 —
est d'abord une somme d'informations sur les religions d'origine
africaine et la culture populaire à Cuba. C'est certainement
le livre de référence le plus important dans ce
domaine. Pour les adeptes des religions afro-cubaines, la
forêt est le lieu où se croisent tous les
maléfices et tous les enchantements. Les vivants, les dieux
et les morts s'y côtoient. Mais ce texte est aussi une selve
stylistique, un monde végétal éclos
sous le Tropique du Cancer et fixé précieusement
sur le papier, plein de mystères lexicaux et
d'étrangeté syntaxique, où le lecteur
se perd avec délice et frayeur. C'est une grande
œuvre ethnographique et littéraire.
1. |
“ Le
lecteur doit savoir que le terme monte,
c'est-à-dire la
forêt ou le
maquis (ici on ne dit jamais le bois), ne désigne pas
exclusivement une
terre en friche plantée d'arbres. À La Havane il
désigne n'importe quel
terrain vague couvert de végétation sauvage ou
n'importe quel petit
jardin abandonné autour d'une maison. ”
— La
forêt et les dieux …, p. 79 |
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NICOLE LAPIERRE :
Voici un livre […] qui
mérite d'être connu au-delà d'un cercle
d'initiés. Célébré par des
anthropologues afro-américanistes, au premier rang desquels
Roger Bastide qui, dès 1957, parlait de ce
« livre extraordinaire où les fleurs
séchées se transforment en danses de jeunes
femmes ravies par les Dieux », et
apprécié par des surréalistes
émerveillés par l'étrangeté
poétique des récits recueillis par Lydia Cabrera
[1900-1991], il n'avait pourtant jamais été
traduit en français.
[…]
Lydia Cabrera […]
considère les Noirs qui lui ont raconté leurs
mythes, cultes, recettes d'envoûtement et histoires de
possession, comme “ les véritables
auteurs ” de son livre et s'attache à
restituer leurs mots et récits, avec respect, sympathie et
minutie. Autre originalité […], elle
s'intéresse d'emblée au synchrétisme
afro-cubain et à sa créativité propre,
car pour elle il fait partie de la culture mêlée
de l'île et il est inutile d'en rechercher l'origine
africaine.
[…]
La deuxième partie
de l'ouvrage comporte un lexique botanique qui recense plus de 550 noms
de plantes, sous leurs diverses appellations, précisant
leurs usages magiques, leurs propriétés
thérapeutiques et les divinités auxquelles elles
sont liées.
☐
Le Monde des livres, 24 octobre 2003 [en ligne]
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SOMMAIRE
(résumé) |
La
selve littéraire de Lydia Cabrera, Erwan Dianteill
Préface de l'auteur
- La
forêt
- Bilongo (Bilongo
signifie : charge magique, maléfice,
sortilège en langue conga)
- Oluwa
Ewe : le maître des plantes
- Le tribut
à payer au maître de la forêt
- Comment
préparer un nganga
- Le
trésor magique et médicinal d'Osain et de Tata
Nfindo (En français il faudrait traduire Tata
Nfindo par Mère la Forêt ou Maman
Forêt)
- Le fromager
- Ukano
beconsi (Le fromager et la Société
Secrète des abakuás ou
ñañigos)
- Le palmier
royal
- Ukano
mambré (Le palmier royal et les abakuás)
Lexique
botanique (pp. 303-550)
Liste des équivalences des noms de plantes
Glossaire, Biographie, Index
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EXTRAIT |
« Mundele veut bundanga (le Blanc veut
connaître le mystère) » disent
les sorciers noirs en parlant de la curiosité des Blancs
pour la sorcellerie. Mais les Noirs n'aiment pas beaucoup parler de
leur sorcellerie, ils pensent qu'il vaut mieux ne pas dire toute la
vérité. Et par exemple si matari (la
pierre) doit être placée au fond du chaudron, ils
jugeront plus prudent de dire qu'il faut la mettre au-dessus ou
vice-versa. Un autre de mes informateurs
généralement très clair dans ses
explications ne manque jamais, quand il se méfie des
intentions occultes de son disciple, d'omettre par prudence certaines
choses ou de changer certains détails qu'il juge
très importants. D'après Calazán, le
Blanc qui voudrait connaître le mystère sans
être affilié à un temple et sans se
compromettre d'aucune manière, devra poser beaucoup de
questions, avoir recours à différentes sources,
consulter de nombreuses autorités qui se montreront toujours
assez réservées. « Et il
ajoute que quand un menteur (adacádeke)
ou quelqu'un qui fait semblant d'être idiot (fón
fón irón) lui dit avoir
jeté une aiguille dans la mer pour la planter dans
l'œil d'un poisson, il lui répond qu'il a entendu
le bruit qu'elle a fait en tombant dans l'eau, car il y a toujours
quelque chose de vrai, même dans un mensonge. Et il se peut
qu'en mentant à quelqu'un, on lui dise en fait la
vérité. Il se peut que l'aiguille ait
été ensorcelée, qu'elle ait
réellement transpercé l'œil du poisson
et que le poisson lui était destiné. C'est ce qui
arriva à une femme ouvertement trompée par son
mari qui entendait une vieille voisine lui
répéter continuellement la même
chanson : « Un poisson frit a les yeux
ouverts, mais il ne voit pas ». Quand elle
s'aperçut finalement qu'elle était
trompée, elle dit :
« J'étais aveugle et personne ne m'a rien
dit ». Alors, la vieille en question lui
répondit : « Je te l'avais bien
dit. Je t'ai souvent dit qu'un poisson frit a les yeux ouverts, mais ne
voit pas. Et le poisson c'était toi ».
☐ p. 155
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « El
Monte : notas sobre las religiones, la magia, las
supersticiones y el folklore de los negros criollos y del pueblo de
Cuba », La Havane : Ediciones C.R.,
1954 ; Miami : Ed. Universal (Colección
del Chicherekú), 1992, 2000
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- « Contes
nègres de Cuba » trad. de Francis de
Miomandre, Paris : Gallimard, 1936
- « Pourquoi,
nouveaux contes nègres » trad. de Francis
de Miomandre, Paris : Gallimard, 1954
- « Bregantino
Bregantín » trad. de Francis de
Miomandre, postface de Louis-Philippe Dalembert, Paris :
Mercure de France (Le petit Mercure), 1995
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- Aimé
Césaire, « Retorno al pais
natal » trad. de Lydia Cabrera, prefacio de Benjamin
Peret, ill. de Wifredo Lam, La Havane : Molina, 1943
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mise-à-jour : 6
mars 2006 |
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