3ème édition du Prix du
Livre Insulaire (Ouessant 2001)
ouvrage en
compétition |
Pythéas,
explorateur et astronome / textes de Hugues Journès et Yvon
Georgelin ; aquarelles de Jean-Marie Gassend. -
Ollioules :
Les éd. de la Nerthe, 2000. - 146 p. :
ill. ;
25x33 cm.
ISBN
2-913483-10-0
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Mais
j'ai battu la mer et fouillé ses mystères
Et
je pourrai parler des langues inconnues.
J'ai
repoussé la borne et vu la nuit descendre
Sur
des espaces avant moi irrévélés.
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Louis Brauquier, Pythéas. Les Cahiers du Sud, 1931
— cité p. 3 |
Au IVe
siècle avant notre ère Pythéas
— navigateur expérimenté et
astronome de
renom — a effectué, depuis Marseille, un
voyage
maritime dans l'Europe du Nord encore largement méconnue du
monde méditerranéen. Après avoir
franchi les
Colonnes d'Hercule et traversé le golfe de Gascogne, il
double
la péninsule armoricaine en relevant la présence
de
l'île d'Ouessant — Uxisama —, longe
les côtes britanniques, navigue parmi les îles de
l'ouest
et du nord de l'Ecosse (Hébrides, Orcades, Shetland) et
poursuit
sa route jusqu'aux parages de la banquise avant de mettre le cap
à l'est et de pénétrer en mer Baltique.
Les
informations recueillies durant ce voyage sont d'une exceptionnelle
richesse, mais se heurtent au scepticisme des détenteurs du
savoir officiel, fondé sur la spéculation
théorique et sur l'autorité des anciens. La
controverse
semble avoir été d'autant plus vive que les
découvertes de Pythéas, notamment dans les mers
les plus
septentrionales, ont tout pour déconcerter les hommes du
bassin
méditerranéen. Comment leur rendre sensible le
phénomène des marées (dont il est le
premier
à rendre compte avec précision et à
expliquer le
mécanisme) ? Avec quels mots parler de la banquise
?
Comment relater les variations extrêmes de la
durée du
jour aux hautes latitudes ? Comment enfin
accréditer
l'existence de l'île mystérieuse de
Thulé, aux
limites extrêmes du monde connu ?
Si les
écrits de Pythéas ont totalement disparu
(vraisemblablement lors de l'incendie de la bibliothèque
d'Alexandrie), il subsiste de nombreux témoignages du choc
qu'ils ont provoqué. On sait que Strabon s'est
montré
particulièrement critique, comme Pline l'Ancien ou Polybe.
D'autres comme Timée (de Taormine) ou Eratosthène
lui ont
accordé plus de crédit. Virgile et
Sénèque
ont contribué à lancer le mythe de
Thulé qui
depuis n'a cessé de hanter les esprits, de
Pétrarque
à Goethe.
Cette remarquable aventure, aux confins de la
géographie, de la science et du rêve, est
présentée avec élégance et
clarté
par Hugues Journès et Yvon Georgelin. Les aquarelles de
Jean-Marie Gassend se révèlent d'une grande
utilité pour visualiser les moyens techniques
déployés par Pythéas pour comprendre
les
phénomènes qu'il découvrait et en
expliquer les
ressorts.
❙ | Hugues
Journès est né à Marseille en 1924. Lauréat
du prix Pythéas en 1941, élève de khâgne au
lycée Thiers, il s'engage dans la Résistance en 1943.
Enseignant en Ecosse puis professeur d'anglais à
Bourg-en-Bresse, il publie une thèse sur Une littérature révolutionnaire en Grande-Bretagne : la poésie Chartiste.
Depuis sa retraite, il donne des cours de français à des
immigrés et à des réfugiés politiques.
Helléniste de cœur, il s'intéresse toujours
à Pythéas avec autant de passion. | ❙ | Yvon
Georgelin, ancien directeur de l'observatoire de Marseille,
lauréat d'un prix de l'Académie des Sciences pour la
découverte de la structure spirale de notre galaxie, est
né à Morlaix en 1941. Fils d'officier de marine, il
effectue ses études à Brest et à Saint-Malo.
Astronome, il observe les galaxies aux télescopes de
Haute-Provence, du Mont Palomar, de la Cordillère des Andes,
d'Hawaii et du Caucase. Il est fasciné par les astronomes
provençaux : Pythéas, Fabri de Peiresc, Pierre
Gassendi, le Père Feuillée et Charles Fabry. | ❙ | Jean-Marie
Gassend est né à Marseille en 1940. Archéologue
à l'Institut d'Architecture Antique du C.N.R.S. à
Aix-en-Provence, il effectue des fouilles à Rome, Aléria,
Carthage et au Yémen. Auteur d'une thèse d'achitecture
navale antique, il effectue des plongées sous-marines sur les
épaves grecques et romaines de Cavalière, de la Madrague
de Giens et de l'anse des Laurons. Aquarelliste de talent, il a
publié un Parcours archéologique à Marseille et illustré un Parcours archéologique à Cucuron. |
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EXTRAIT |
Vers
la mythique Thulé
Pythéas
laisse les Orcades derrière lui et s'en va vers
l'île de
Thulé, à six jours de navigation de la
Grande-Bretagne
vers le Nord, précise-t-il dans sa relation. Strabon le cite
explicitement : Pythéas
dit que Thulé est à une distance de six jours de
navigation de la [Grande-] Bretagne en direction du Nord et
qu'elle est proche de la mer gelée
(Strabon I, IV, 2).
Pline
confirme cette longue distance et associe cette lointaine
Thulé
au phénomène du soleil de minuit : Ce
phénomène, d'après ce
qu'écrit
Pythéas le Massaliote, se produit dans l'île de
Thulé, qui se trouve à une distance de six jours
de
navigation de la [Grande-] Bretagne au Nord, il
précise même : la
plus reculée de toutes les îles est
Thulé
(Pline, Hist. nat., II, 75). Servius, le commentateur de Virgile,
faisant écho à Pythéas,
précise que Thulé
est une île de l'Océan située entre le
Nord et
l'Ouest, au-delà de la [Grande-] Bretagne dans les
parages
des Orcades et de l'Irlande.
La grande
aventure a
commencé, celle qui assurera sa
renommée : vers la
lointaine Thulé, proche de la banquise, où le
Soleil ne
se couche pas.
Le nom de
Thulé, cité pour la
première fois par Pythéas, remonte aux
premières
populations indo-européennes ; il a pris en chaque
langue
une nuance différente : Thuath
en
gaélique veut dire le
nord ou la
gauche, Thyle en vieux
saxon et Tiule
en goth
signifient la
limite extrême et en
sanskrit, Tula,
« la
Balance », désigne la constellation de la
Grande
Ourse située au Nord. Cette île lointaine, cette
colline
sacrée, située
« là-bas » au
Nord-Ouest, est l'île de l'Autre Monde, le Sid
irlandais,
paradis celtique, havre de paix et de délices où
le temps
s'écoule éternellement, sans maladies, sans
contraintes
morales ni hiérarchie sociale.
Thulé,
île
fabuleuse où les jours sont sans fin, terre mythique sur
laquelle on racontera des choses prodigieuses.
☐
pp.
101-102
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
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mise-à-jour : 27
avril 2009 |
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