Pirates, boucaniers,
flibustiers / Gilles Lapouge. - Paris :Éd. du
chêne, 2002. - 181 p. : ill. ;
32 cm.
ISBN 2-84277-253-9
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Par aspiration autant que par
nécessité, pirates, boucaniers et flibustiers ont
toujours été fins connaisseurs du monde des
îles. Dans leur sillage, Gilles Lapouge propose une
croisière où, aux îles
réelles se mêlent les îles
fantasmées par tout un chacun comme celles
— éternelles —
nées de l'imagination des romanciers, au premier rang
desquels Stevenson. Au fil des escales, les frontières
s'estompent entre les terres repérables sur la carte et
celles qui s'ancrent dans l'imaginaire. On n'est pas loin, ici, des spéculations
utopiques, autre domaine d'élection de Gilles
Lapouge.
Cuba, Hispaniola, Bermudes,
Curaçao, La Tortue, telles qu'elles apparaissent dans cette
épopée haute en couleurs, relèvent
autant de l'une que de l'autre géographie ; ces
îles entrent dans l'histoire occidentale au moment
même où s'épanouit la pensée
utopique dont, par contraste, elles soulignent la force et les limites.
Ce flottement entre deux
états du monde n'est nulle part plus sidérant,
dans l'aventure piratique, qu'à Madagascar où
l'on raconte que des pirates, à la fin du XVIIe siècle,
instituèrent une république de leur cru au beau
nom de Libertalia. Cette histoire commence avec la
publication à Londres en 1728 d'un volume
attribué au Capitaine Johnson (derrière lequel
tout laisse penser que se dissimule Daniel Defoe) :
« The
history of the pyrates, containing the lives of Captain Misson, captain
Bowden (...) and their several crews (...) ».
Gilles Lapouge consacre un
long chapitre à l'épisode de Libertalia ;
il y convoque spécialistes et romanciers et se garde de
conclure.
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Le pirate
est un brigand qui opère sur la mer. C'est cette
qualité de marin qui lui donne son caractère
singulier parmi tous les malfaisants, son extrémisme, sa
férocité mais aussi sa légende. La mer
— paradisiaque ou infernale, selon les jours et les usages,
est un des acteurs principaux de l'aventure pirate. Les images de la
légende touchent principalement l'enfance : des
mers lointaines, des hommes dont la révolte est plus absolue
que toutes les révoltes de l'Histoire, des cruels et des
jouisseurs. Dans le plus beau roman de piraterie, L'île
au trésor, Stevenson rassemble et immortalise
à la fois toutes les icônes de la
« geste » pirate :
bandeau sur l'œil, jambe de bois, tromblons, perroquets,
tropiques etc. Le pirate est un homme du destin. Son départ
de la terre ferme est irrévocable. Il a deux
passions : une révolte absolue et la recherche d'un
autre monde, d'une autre terre … Toute histoire est
composée pour moitié de réel et pour
moitié de légende. Et la légende
modèle le réel. Les eaux transparentes et noires
sur lesquelles navigue le pirate sont aussi les eaux du songe. Il ne
suffit pas d'être violent et d'avoir un bateau pour entrer
dans la confrérie des pirates, encore faut-il montrer
« patte Noire » et qu'ils
nourrissent la légende. Pour accéder au
« cœur
mystérieux » de l'aventure pirate,
l'ouvrage observera ces voyous dans deux lumières en
même temps : le réel et le
rêve. L'histoire et la mythologie : la malle au
trésor, bourrée de doublons d'or est
réelle et cependant imaginaire. L'or que convoitent, que
dérobent les pirates, est un or philosophal. Non pas, d'un
côté,
« l'histoire », de l'autre le
« mythe » mais les deux,
narrées dans un même mouvement. Et un monde
d'images exceptionnelles : pour la première fois,
déployée, toute la production de
l'école de la Brandywine : les chefs
d'œuvre de Pyle, de Wyeth, de Schoonover !
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Gilles
Lapouge, « Atlas des paradis
perdus », Paris : Arthaud, 2017
- Gilles
Lapouge, « Les pirates, forbans, flibustiers,
boucaniers et autres gueux de mer »,
Paris : Phébus (Libretto, 69), 2012
- Gilles
Lapouge, « Les pirates : vers la mer
promise », Paris : Balland, 1969, 1977
- Gilles
Lapouge, « Utopie et civilisations »,
Genève : Librairie Weber, 1973
- Gilles
Lapouge, « Des îles pour
utopies » in Jean-Pierre Castelain (dir.), Îles réelles,
îles rêvées, Ethnologie
française, n° 2006/3, juillet-septembre 2006
|
- Hubert
Deschamps, « Les pirates à Madagascar aux
XVIIe
et XVIIIe
siècles », Paris :
Berger-Levrault, 1949, 1972
- Hubert
Deschamps, « Pirates et
flibustiers », Paris : Presses
universitaires de France (Que sais-je ? 554), 1952, 1961, 1973
- Valerio Evangelisti, « Tortuga », Paris : Rivages, 2011
- Alexandre-Olivier
Exquemelin, « Histoire
des aventuriers flibustiers », Sainte Foy
(Québec) : Presses de l'université
Laval, 2005
- Captain
Charles Johnson, « A general history of the
pyrates, vol. 2 : The history of the pyrates,
containing the lives of Captain Misson, captain Bowden […]
and their several crews, intermix'd with a description of Magadoxa in
Ethiopia […] taken from Captain Beavis's Journal »,
London : T. Woodward, 1728
- Jean-Michel
Racault, « Pirates and writers at the beginning of
the 18th century : utopian projects and ideal
micro-states in the Indian ocean », Insula, year 3 -
n° 2, décembre 1994
- Jean-Michel
Racault, « De l'aventure
flibustière à la piraterie
littéraire : la république utopique de
Liberalia ou les tribulations d'un mythe » in Mémoires du Grand
Océan, Paris : Presses
universitaires de Paris-Sorbonne (Lettres francophones), 2007
- Auguste
Toussaint, « Histoire de l'océan
Indien », Paris : Presses universitaires de
France (Pays d'Outre-mer), 1961
- Auguste
Toussaint, « Histoire de l'océan
Indien », Paris : Presses universitaires de
France (Que sais-je ? 1886), 1980
- Daniel
Vaxelaire, « Les
mutins de la liberté »,
Paris : Phébus (Libretto), 2001
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mise-à-jour : 3
août 2020 |
Voyageur, écrivain et journaliste,
Gilles
Lapouge né en 1923 est mort à Paris le
31 juillet 2020 |
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