Triptyque
de terre et de mer : Le rendez-vous de Bergen, Relation
véridique des rencontres et complicités entre
Maqroll el
Gaviero et le peintre Alejandro Obregón, Jamil / Alvaro
Mutis ; trad. de l'espagnol par François Maspero. -
Paris : Grasset, 1995. - 220 p. ;
21 cm.
ISBN
2-246-48981-4
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Sinon
l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ?
☐ Saint-John
Perse — cité en épigraphe
p. 97 |
Après avoir couru toutes les mers, affronté tous
les risques et connu son lot d'infortunes, el Gaviero
goûte le calme à Majorque en veillant sur les
ruines d'un
chantier naval. Une épreuve l'y attend, de celles
qu'on aspire plus tard à confier à quelques amis.
Le
récit qui s'en suit est celui d'une rencontre et des
interrogations qu'elle soulève : confrontation
à
l'enfance, nostalgie d'un paradis perdu, …
Majorque sert de cadre au
tête à tête qui réunit,
quelques semaines durant, el
Gaviero et
un enfant
— dépossédé de sa
terre natale et des siens — qui s'éveille
à une vie nouvelle dans ce qu'elle a de
meilleur à offrir : la mer, les livres, la
plénitude
des heures qui passent, l'amitié et cette
lointaine phosphorescence de mondes innombrables qui traversent
paisiblement la nuit méditerranéenne [et] fait
revenir au
temps d'Homère (p. 107).
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CENTRO
VIRTUAL CERVANTES : En estos
tres cuentos breves, recogidos dentro de un mismo libro
[“ Tríptico de mar y
tierra ”], se hacen palmarios los signos de
agotamiento de la figura de Maqroll que Mutis había dejado
percibir en las líneas finales de Amirbar y que pese
a las conocidas resurrecciones de su personaje tenían algo
de despedida final, de réquiem melancólico y
definitivo. Pero antes de despedirse completamente del Gaviero, Mutis
quiere rendir homenaje por medio de él a algunos amigos y
familiares entrañables que, según sus propias
palabras, le permiten prolongar sus nostalgias que a esta altura de sus
días “ representan una porción
muy grande de las razones que le asisten para continuar su
camino ”.
Para conseguir este objetivo realiza una sencilla amalgama de la
realidad con la ficción que ya había iniciado en Amirbar, dejando a
Maqroll que narre los descalabros de su vida de minero en casa de su
hermano Leopoldo en Los Ángeles durante una serie de
agradables veladas. Este artificio le permite trascender a la
literatura a algunos amigos entrañables de la vida real y
hacer que Maqroll se entreviste con el pintor Alejandro
Obregón en Cartagena de Indias, que conozca por medio de
Gabriel García Márquez una nueva
versión de su propia muerte ahogado en los esteros de la
ciénaga grande del Magdalena y que, finalmente, se encuentre
con el mismo Mutis y con su mujer Carmen Miracle en la isla de Mallorca
para narrarles su encuentro con Jamil, el hijo de su amigo Abdul
Bashur, que, como lo dice el mismo narrador,
“ significó un cambio esencial en el
desorden de sus andanzas y vino a traerle en la etapa final de sus
días una especie de serena conformidad con la encontrada
suerte de su destino ”.
“ Jamil ” es, sin duda, el relato
más significativo de la serie, no solo porque nos revela en
la etapa postrera de la vida del Gaviero un rasgo inédito de
su alma, la ternura, que hasta entonces había permanecido
oculta bajo el duro caparazón de su cuerpo trabajado por el
arduo clima de los trópicos, sino también porque
nos narra un drama permanente de nuestro tiempo : el paso de
los inmigrantes africanos que arriban a Europa en busca de mejores
perspectivas laborales y de vida y se encuentran muchas veces con una
realidad hostil que resulta muy distinta de la que habían
soñado.
[…]
☐
Álvaro
Mutis : Obra narrativa :
“ Tríptico de mar y
tierra ” [en
ligne]
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EXTRAIT |
Six
mois s'étaient déjà
écoulés depuis
notre arrivée, et Jamil faisait désormais
complètement partie de notre vie. Sans que nous l'ayons
vraiment
voulu ainsi, celle-ci suivait une routine à peu
près
immuable. Après le petit-déjeuner et un plongeon
dans la
mer pour dissiper le sommeil, leçon de lecture et
d'écriture selon un système inventé
par ma bonne
volonté sans faille mais inexperte. Sortie sur le voilier
pour
pêcher, ou courses au village pour faire quelques achats
indispensables et passer à la poste. Retour dans nos
quartiers
pour essayer divers changements dans l'ordre des objets
réunis
par Jamil avec de secrets desseins magiques. Préparation du
repas, à laquelle Jamil tenait à prendre part en
mettant
la table et en goûtant mes essais culinaires, frugaux et
répétitifs. Lecture à haute voix des
aventures de Tiran
le Blanc ou d'un
chapitre de Don
Quichotte,
livre qui procurait à Jamil un plaisir indescriptible.
Nouvelle
sortie en mer pour enseigner quelques règles
élémentaires de navigation. Jamil avait
déjà appris à tenir la barre de toute
la force de
ses petits bras, et cela l'amusait beaucoup. Je venais à son
aide dans les moments difficiles, sans qu'il se sente pour autant
dépossédé de la manœuvre.
À la
tombée de la nuit, soit nous allions rendre une petite
visite
à Mossèn Ferrán, soit nous montions
nous
réfugier dans mon logis pour préparer le
dîner et
revenir à la lecture. Jamil n'aimait pas beaucoup la
conversation. Il savait rester silencieux de longs moments, au cours
desquels il faisait probablement travailler son imagination et sa
fantaisie, toujours tournées vers la mer, nourries des
livres
que je lui lisais et des histoires dont je censurais, comme je l'ai
dit, les parties qu'il valait mieux lui laisser ignorer pour l'instant.
☐ pp. 194-195 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Tríptico
de mar y tierra », Bogotá :
Norma (La Otra orilla), 1993
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- « Triptyque
de terre et de mer : Le rendez-vous de
Bergen »,
Paris : Librairie générale
française (Le
Livre de poche, 14098), 1997
- « Le
rendez-vous de Bergen »,
Paris : Grasset (Les Cahiers rouges), 2012
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mise-à-jour : 12
juillet 2019 |
Né à Bogotá le 25
août 1923, Álvaro
Mutis est mort le 22 septembre 2013 à
México.
En 2011, il avait reçu le prix Cervantes. |
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