Coup de
théâtre à São Tomé : carnet
d'enquête aux îles du milieu du monde / Jean-Yves
Loude ; avec la coll. de Viviane Lièvre ; ill. d'Alain
Corbel. - Arles : Actes sud, 2007. - 349 p. : ill.,
carte ; 22 cm. - (Aventure).
ISBN 978-2-7427-7040-3
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NOTE DE L'ÉDITEUR
: Au large des côtes africaines, sur l'équateur et au
méridien zéro, sont les îles de São
Tomé et Principe.
D'étranges rumeurs y circulent. On dit que Charlemagne,
souverain sacré empereur en l'an 800, prolongerait là une
retraite clandestine. Décoré de galons dorés, il
apparaît régulièrement sur des scènes de
théâtre en terre battue, sous les ombres des bananiers, et
il rend la justice.
Habillés de fracs, coiffés de hauts-de-forme,
maquillés ou masqués, les descendants d'esclaves comme
les pêcheurs devenus terriens, les affranchis de colons portugais
ou les planteurs de cités utopiques se divertissent depuis des
générations de cette parodie qui prône
l'égalité dans une société où l'on a
recours à la hiérarchie des poissons 1 pour traduire les étages de l'échelle sociale.
Partant de ces ingrédients pour le moins insolites et arpentant
les ruelles des villages comme des jungles noyées de brumes et
des côtes inhospitalières, Jean-Yves Loude nous livre un
des plus étonnants récits de voyage qui soit. De ce
moment de grâce de l'observateur immergé dans un peuple et
son quotidien s'ensuit un très riche portrait d'îles
minuscules qui furent sur les grandes routes de découverte du
globe, autant qu'elles sont aujourd'hui au centre d'enjeux
géopolitiques. 1. | « Dans notre langue métaphorique, nous avons recours aux poissons
pour traduire les étages différents de l'édifice
social et la taille des gens. Plus on est gros, plus on a de
l'importance. C'est bien connu. Par exemple, clovina est
un poisson à la chair ferme, goûteux et coûteux,
très prisé par les supernatifs. Il symbolise donc le type
supérieur du Santoméen jouissant de fortune, de savoir et
de prestig : le Forro. À l'autre bout du marché,
vous trouvez le maxipombo, un
poisson très courant dans nos filets, qui s'attrape les nuits
sans lune. Ce poisson commun, bourré d'arrêtes, pas cher,
donc consommé par les pauvres, a fini par représenter
l'individu humble et abandonné à son sort. » (pp. 38-39). |
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EXTRAIT |
À
São Tomé, quand on prend la mer, les précautions
symboliques ne sont pas de trop. La barque à moteur s'appelle L'Étoile du Pêcheur.
Un signe de plus. Elle n'assure pas de service régulier. Loin de
là. Disons que nous avons la chance d'être associés
à une circumnavigation occasionnelle sous l'égide de
Marapa, ONG locale investie dans l'appui au développement de la
pêche artisanale et dans la protection de l'environnement marin.
Elísion Neto, capitaine et biologiste, prévient les
passagers :
— Faire le tour de São Tomé permet de
découvrir la face cachée de la lune, puisque le versant
ouest de l'île est inatteignable. Les pistes ont
été avalées par la forêt. De ce
côté-là, le Nord et le Sud se rejoignent par la
terre dans des conditions extrêmes. La mer est la seule voie
d'accès à ce territoire sauvage dont la pluie battante et
le brouillard gardent l'entrée une grande partie de
l'année.
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p. 168 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Cap-Vert, notes atlantiques », Arles : Actes sud, 1997, 2002
- « Ana désir », Genouilleux : La Passe du vent, 1999
- « Cap-Vert : un voyage musical dans l'archipel », Genouilleux : La Passe du vent, 1999
- « Monsieur Poivre, voleur d'épices », Paris : Belin (Terres insolites), 2005
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mise-à-jour : 28 mars 2008 |
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