NOTE DE L'ÉDITEUR : Perdu au milieu de l'Atlantique, il
est un rêve qui s'appelle Cap-Vert. Poussières de
terre oubliées des Hommes, l'archipel fleurit au gré
des vents et de l'histoire. 2005 fête ses 30 bougies d'indépendance
et c'est en musique que le Cap-Vert déambule parmi les
contrées méconnues et mythiques.
Ce livre est une invitation au
voyage, un élogue de la lenteur, où doucement nos
pas nous mènent à la découverte de ces lambeaux
de terre. Paysages sublimes et variés, travaux agricoles,
farniente, ambiance de pêche ou encore rencontres humaines …
C'est un regard en profondeur, un kaléidoscope de détails,
petits riens qui font la vie. Un itinéraire d'ethnologie
amoureuse, agrémenté de textes poétiques
pour se laisser bercer par la grandeur de cœur de ce si petit
pays.
Cabotage de mots.
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JEAN-YVES LOUDE : […]
Au terme de cinq siècles
d'attente et de retours, ce pays est un miracle. Il a franchi
la frontière de l'indépendance. Il a pris sa part
de liberté. Son peuple flagellé est debout. Et
quand, au sortir de l'épreuve, il danse, les dos sont
droits, les poitrines collées, les ventre aimantés,
les âmes amantes, les sens alertés. Il résiste,
ce peuple à la beauté âpre et flagrante,
il résiste en chantant et en ensemençant. Il résiste
et proclame que, malgré son histoire ou grâce à
elle, il ne ressemble à aucun autre peuple. Il est riche
de sa pauvreté qui est dignité, de sa paix qui
est dignité, de son désir de vivre qui est dignité.
Il est riche de son amour sans faille pour une terre ingrate
où poussent émotion et dignité. Le Cap-Vert
sait que le monde ne peut plus se passer de sa mélodie.
Et en voici la preuve.
Il existe des êtres comme
Jean-Marc Cotta qui traversent les vagues pour approcher ses
rivages, pour connaître ses replis, pour s'abriter auprès
des gens. Des êtres comme Jean-Marc Cotta qui sont prêts
à tout donner pour divulguer ce que le Cap-Vert leur a
appris. Ses photos témoignent de ses choix, de ses avarices,
de ses arrêts sur humanité, de ses rencontres sans
préméditation, de ses regards sur de révélateurs
détails comme les pieds et les mains de ceux qui inlassablement
plantent des graines dans la poussière de juillet, gravissent
des pentes, réparent des filets, lancent des barques sur
des eaux dangereuses, plongent dans des fonds risqués,
pilent le maïs, caressent la farine, broient la canne, récoltent
l'ivresse, font l'amour pour peupler l'Atlantique, œuvrent à
rêver et ne relâchent jamais leur effort pour survivre.
Regardez les images cueillies
par ce photographe amoureux, cet arpenteur exigeant. Elles reflètent
la lenteur du marcheur qui s'arrête souvent, qui revient
sans cesse sur ses pas pour comprendre, qui sait que les Autres
sont notre seule vraie richesse.
☐ Préface, p. 5
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