Voyage
en Océanie : différents combats
livrés tant
aux îles Marquises qu'aux îles de la
Société
/ par le soldat Boisard ; éd. et
présenté par
Roger Boulay. - Verrières : L'Étrave,
2011. -
94 p. : ill. ; 21 cm.
ISBN 978-2-35992-009-3
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NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Au cours du XIXe
siècle, la rivalité entre missionnaires anglais
et
français s'étend sur toute l'Océanie.
A Tahiti,
d'incessantes intrigues fomentées par le missionnaire et
consul
d'Angleterre Pritchard finissent par déclencher la
colère
de l'amiral Dupetit-Thouars qui annexe l'île en 1843 et y
installe un gouvernement français. L'exil de la reine
Pomaré IV, alliée des Anglais, entraîne
des
troubles importants. C'est le début de la guerre
franco-tahitienne qui durera de mars 1844 à
décembre 1846.
Le
soldat Boisard, embarque en 1843 à bord de la
Danaé pour
un long voyage vers le Pacifique. Son cahier manuscrit,
récemment découvert, est le récit
inédit de
ce périple aux Marquises 1
et dans les îles de la Société. Il y
raconte la
dureté de la vie en mer, la douceur des îles mais
aussi la
violence des combats de ce conflit
oublié.
1. |
Il
est à Nuku Hiva en 1845 quand s'engage puis se
dénoue le
conflit entre les occupants français sous les ordres du
commandant Amalric et le chef Pakoko
(cf. extrait ci-dessous). |
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EXTRAIT |
Les
habitants de Noukaïva ne s'opposèrent nullement
à
notre débarquement. Ils nous regardaient avec un sentiment
mêlé de joie et de terreur, ils ont du reste le
caractère très doux et nous n'eûmes
aucun
démêlé avec eux jusqu'au commencement
de janvier
1845, voici à quelle occasion.
Les naturels hommes et
femmes avaient coutumes d'aller à bord des
bâtiments
marchands qui venaient mouiller dans la rade. Là, ils
faisaient
des orgies dégoûtantes. Le commandant particulier
en ayant
eu connaissance voulut y mettre ordre. À cet effet, il
défendit aux femmes d'aller à bord mais elles ne
tinrent
aucun compte de ces avertissements. Irrité de leur
manière d'agir, monsieur Amalric, commandant d'Artillerie,
en
fit arrêter plusieurs, prises en flagrant délit,
et les
fit incarcérer pour quatre jours. Parmi les
prisonnières,
se trouvait la fille du grand chef Pakoko qui,
fâché du
mauvais traitement que l'on faisait endurer à son enfant,
jura
de se venger. Il s'y prit de la manière suivante.
Sept
soldats sans armes ayant été se laver
à la
rivière, les naturels de la baie de Pakoko
tombèrent sur
eux à l'improviste, en tuèrent cinq et
poursuivirent les
deux autres, dont l'un blessé d'un coup de
baïonnette se
blottit dans les brousses et échappa ainsi aux canaks.
L'autre,
courut jusqu'au fort en criant à l'assassin.
De suite, on
fit battre la générale, la troupe prit les armes
et on se
mit à la poursuite des criminels que l'on ne
découvrit
qu'après une demi-heure de marche forcée.
(…)
Pendant
plusieurs jours on échangea quelques coups de fusil, mais
voyant
qu'il était inutile de continuer une guerre de ce genre, le
commandant particulier eut recours à la ruse. Il
écrivit
plusieurs fois à Pakoko et à ses principaux
chefs, leur
fit des invitations auxquelles ils se rendirent enfin. Alors monsieur
Amalric les fit prisonniers, fit fusiller Pakoko et quatre de ses
complices. Cet acte de sévérité a
suffit pour
rétablir l'ordre à Noukaïva qui n'a plus
été troublée.
☐ pp. 21-22 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Edmond de
Ginoux, « La
Polynésie française sous le règne de
Louis-Philippe (1836-1846) »,
Paris : L'Harmattan,
2016
- Willowdean
Chatterson Handy, « Thunder from the sea »,
Canberra : ANU press, 1973
- Max
Radiguet, « Les
derniers sauvages : aux îles Marquises, 1842-1859 »,
Paris : Phébus, 2001
- Georges
Winter, « Les voyageurs inconnus : Un
Vosgien tabou
à Nouka-Hiwa, souvenirs de voyage d'un soldat d'infanterie
de
marine », Bulletin
de la Société de géographie de l'est, 1882-1884
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mise-à-jour : 29
mars 2017 |
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