Les montagnes
du Pacifique / Dominique Cadilhac ; préface
d'Hélène Colombani. - Paris :
L'Harmattan, 2006. -
285 p. ; 22 cm. - (Lettres du Pacifique, 5).
ISBN
2-296-01769-X
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9ème
édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
livre
sélectionné |
Le sous-préfet
Dominique Cadilhac a représenté l'état
français aux Marquises de 1994 à 1996. De ce
séjour qui l'a mis au contact quotidien de la population des
différentes îles du groupe il a tiré la
matière d'un long récit
présenté comme un
roman — le narrateur est un médecin voileux qui
fait
escale à Fatu Hiva sur la route de la
Nouvelle-Zélande
alors que frappe une épidémie de
dengue ; ses
services sont requis dans l'urgence ; la
nécessité
fait place à la curiosité puis à la
séduction, c'est enfin l'envoûtement. Christian
restera
six ans dans l'archipel.
Sous couvert de fiction
l'auteur rend compte de la vie d'un archipel
à nul autre pareil où le poids de
l'insularité
s'exerce, de temps immémoriaux,
plus
implacablement qu'ailleurs, imposant un tragique
déséquilibre dans les relations (affectives,
sociales,
politiques, économiques, …) avec le
reste du monde.
Une
évidente et profonde sympathie guide Dominique Cadilhac qui
tente d'approcher au plus près du monde marquisien, dans un
équilibre parfois difficile à maintenir entre le
statut
d'hôte et celui d'observateur. Ce que relève
justement une
des
Marquisiennes mises en scène dans le
récit : « Les
autres viennent. Ils nous regardent, racontent et s'empressent
d'expliquer à partir de leurs seules connaissances et de
leur
vécu, comme des entomologistes. Ils développent
des
explications forcément tronquées et partielles,
édifiées à partir d'une vision
d'habitants de
l'extérieur » (p. 251).
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EXTRAIT |
Dans
les îles, le départ est un
élément qui
pèse sur la destinée de chacun, et ici plus
qu'ailleurs,
tant il est vrai que le Polynésien a la fascination des
déplacements de toute nature. […] C'est, aussi,
une
fatalité qui peut toucher beaucoup d'habitants et dont
personne
n'est à l'abri, pas plus les originaires de l'île
que les
« transplantés ».
Naturellement beaucoup y
pensent pour trouver la sécurité
matérielle et
celle de l'âme qui, ici, s'obtient un peu comme par un coup
de
chance. Il faut être arrivé par hasard, sans a
priori ni
idée préconçue, pour avoir une
possibilité
de se fixer et d'y construire une nouvelle existence qui vous placera
alors sur le même pied que le natif, face au
départ. Celui
qui y vient à la recherche d'autre chose n'y trouvera que
lui-même et fuira, tôt ou tard, un univers beaucoup
trop
exigent et sourd à ses questions.
Kia
voulait faire sortir la population de ce dilemme où le
départ est toujours sans retour. Dès que son
groupe de
danse eut acquis une certaine notoriété, il avait
veillé à le faire voyager dans des
régions aussi
diverses que les Hawaii, la Nouvelle Zélande et plusieurs
fois
la Métropole. Cela lui avait attiré une grande
popularité chez les jeunes et l'avait aidé pour
son
élection à la mairie. Depuis, il poursuivait et
soutenait
des actions dans ce domaine. Il voulait habituer les jeunes
à
sortir de leur île, leur faire connaître en dehors
de toute
contrainte vitale le monde extérieur et les doter de
l'expérience du retour.
Voyager
c'est revenir, disait-il et pour moi il précisait :
mon île doit pouvoir profiter des richesses du monde comme
lui
peut profiter de nous. Pour que nous existions, il faut qu'il y ait
échange. Aujourd'hui ce n'est pas suffisamment le cas.
☐
pp. 172-173 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
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mise-à-jour : 18
juin 2009 |
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