Et c'est comme ça qu'on a
décidé de tuer mon oncle / Rohan
O'Grady ; traduit de l'anglais (Canada) par Morgane Saysana. -
Cenon : Monsieur Toussaint Louverture, 2019. -
298 p. ; 23 cm. - (Monsieur Toussaint
Laventure).
ISBN 979-10-90724-67-9
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Le roman
enchantera les enfants et devrait séduire les adultes capables
de le lire sans préjugé. Barnaby et Christie, en vacances
sur une île au large de la Colombie Britannique, unissent leurs
efforts en vue de tuer l'oncle Sylvester — tuteur de Barnaby
dont il convoite la fortune. Les enfants préparent
l'exécution de leur plan avec tout le sérieux que, par
ailleurs, ils mettent dans leurs jeux. Jamais mièvre, jamais
cynique, le récit est de bout en bout cruel et joyeux.
L'île
a toutes les qualités requises pour servir de cadre à
cette tortueuse intrigue : “ cette île est
la plus belle de toutes, mais elle est maudite ”
(p. 8). Les paisibles insulaires ignorent ce qui se trame sous
leurs yeux, à l'exception du sergent Coulter de la Gendarmerie
royale, un rescapé de la Grande guerre que ses concitoyens
jugent sans indulgence : “ en rentrant du front sain et
sauf, il avait clairement failli à son devoir
militaire ” (p. 63).
Dans leurs efforts pour
contrer les sordides manœuvres de l'oncle et pour
détourner l'attention du sergent Coulter, les enfants trouvent
un surprenant allié
— “ Une-Oreille ” vieux couguar
atrabilaire perclus des maux de l'âge et couturé de
cicatrices infligées par plusieurs générations de
chasseurs. “ Une-oreille ” n'aime pas plus les
enfants que le reste de l'humanité mais l'âge lui a
enseigné la prudence. Il fera office, au dernier acte, de deus
ex machina, une prouesse payée au prix fort. ❙ | Rohan
O'Grady (June Margaret O'Grady Skinner, 1922-2014) a 39 ans, un mari et
trois enfants, lorsqu'elle écrit cette histoire qui va lui faire
connaître un succès fulgurant. |
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EXTRAIT |
Pas
plus de trois générations plus tôt, les Indiens
régnaient en maîtres à l'endroit exact où,
à présent, Barnaby et Christie jouaient. Deux enfants
innocents, ignorant tout de l'humanité, de son passé, son
présent. Deux enfants qui se réjouissaient de trouver des
agates, de minuscules coquillages roses, des étoiles de mer
mauves et des couteaux jaillissant de leurs trous telles des
fées souterraines malicieuses. Deux enfants qui flânaient,
heureux, bronzés, occupés à manigancer un meurtre
avec une insouciance qui aurait fait pâlir leurs féroces
prédécesseurs.
Et ici-même, Oncle Sylvester,
depuis sa forteresse à flanc de falaise, se léchait les
babines avec délectation tout en les observant à travers
ses jumelles surpuissantes.
Avaient-ils la moindre chance contre un vieux rusé rompu à l'exercice comme l'oncle Sylvester ?
Si
le sergent Coulter avait été au courant de l'affaire, il
aurait répondu que non. Mais le sergent comme l'oncle les
sous-estimaient. Barnaby ne baisserait jamais les bras et Christie
MacNab était une protagoniste redoutable capable de tenir
tête à n'importe qui, même un oncle coriace.
Sa
mère l'avait bien élevée, c'était le genre
de petite fille qui ne se laisserait jamais attirer dans un parc ou un
terrain vague par un inconnu. Tenter de l'amadouer avec une
pièce ou un bonbon aurait été peine perdue. Elle
avait de la force à revendre, de la force pour dix, parce que
son cœur était pur, parce qu'elle détestait Oncle
Sylvester, et parce qu'elle voulait — en toute
simplicité comme toujours — empocher un million de
dollars.
☐ pp. 166-167 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Let's kill uncle », New York : Macmillan, 1963
- « Let's kill uncle », London : Bloomsbury, 2010
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« Let's kill uncle » film réalisé
par William Castle d'après le roman de Rohan O'Grady
(Etats-Unis), 1966
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mise-à-jour : 26 juillet 2019 |
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