Vodka, pirojki et caviar /
Monica Kristensen ; traduit du norvégien par
Loup-Maëlle Besançon. -
Montfort-en-Chalosse :
Gaïa, 2014. - 300 p. : carte ;
24 cm. -
(Polar).
ISBN
978-2-84720-427-8
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Les
deux choses à éviter dans l'Arctique, pensa-t-il.
Le vent et l'angoisse.
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p. 293 |
Barentsburg
est minée par la peur. A l'époque
post-soviétique,
la ville est depuis la fermeture et l'abandon de Pyramiden
le dernier site russe d'extraction de charbon au Svalbard
— archipel arctique sous administration
norvégienne.
Le charbon est partout à Barentsburg, dans la montagne qui
domine la ville, mais aussi sous la ville où se prolongent
filons et galeries. Or le danger d'un coup de grisou est permanent :
à tout instant une explosion peut volatiliser d'un
même
souffle la mine et la ville.
Mais c'est
une angoisse plus
insidieuse qui oppresse les habitants quand, à l'approche de
l'hiver, un cadavre est retrouvé. La police
norvégienne
est appelée pour effectuer les constatations d'usage. Il
apparaît bientôt que les circonstances du
décès ne sont pas aussi claires que certains
souhaiteraient le faire croire, puis une rumeur court en ville
où certains se souviennent
d'événements tragiques
survenus bien des années auparavant sur le continent (dans
le Donbass).
La
tension se nourrit des rudes conditions de vie dans l'archipel autant
que des incompréhensions et susceptibilités qui
brouillent les relations du policier norvégien en charge
de l'enquête avec une communauté fière
de son
passé, inquiète pour son avenir, et qui peine
à
masquer son hostilité.
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EXTRAIT |
Le détective but à même sa
flasque, s'essuya
la bouche. Il ne paraissait même pas s'en rendre compte, cela
ressemblait plus à un réflexe. Son regard
était
perdu au loin, son visage grave. « Je commence
à me
dire que vous avez probablement raison. Quelque chose ne tourne pas
rond à Barentsburg. Le mécontentement est
général, mais le contraire aurait
été
surprenant. Il faut avouer que passer l'hiver dans une petite
communauté comme celle-ci est plutôt rude. Il y a
beaucoup
de jalousies, des disputes quand les gens boivent …
et puis
des accidents. Dus à l'inattention, ou à la
malveillance …
— Mais là
c'est …
différent ? » Knut
était si tendu qu'il
osait à peine respirer. Enfin quelqu'un était
parvenu
à la même conclusion que lui concernant les
décès.
« Ah ça, oui. Les gens ont
peur. Et je ne veux
pas dire par là qu'ils sont ébranlés
et
désemparés. Car évidemment ils le
sont. Et ils se
demandent aussi qui va reprendre la direction de la mine, qui on va
leur envoyer du continent et ce qui va se passer. La
rentabilité
est minime ici, et sans le charbon leur présence au Svalbard
n'est plus justifiée, ils ne feront pas long feu sur
l'archipel.
Plus de salaire, fini les réductions d'impôts, le
matériel et les vêtements achetés
à bon
prix. Fini les trafics juteux. Non là, il s'agit encore
d'autre
chose, de plus primitif. Je n'ai pas dit que les deux accidents
étaient des meurtres, je dis juste que les gens ont peur.
»
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p. 229 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- «
Den døde i Barentsburg », Oslo : Forlaget, 2011
- « Vodka, pirojki et caviar », Arles : Actes sud (Babel noir, 151), 2016
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- « Le sixième homme »,
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, 2011 ;
Arles : Actes sud (Babel noir, 87), 2013
- «
Opération
Fritham », Montfort-en-Chalosse :
Gaïa,
2013 ; Arles : Actes sud (Babel noir, 115), 2014
- « L'expédition »,
Montfort-en-Chalosse : Gaïa (Polar),
2016 ;
Arles : Actes sud (Babel noir, 215), 2019
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mise-à-jour : 9
janvier 2017 |
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