Monica Kristensen

Le sixième homme

Actes sud - Babel noir, 87

Arles, 2013

bibliothèque insulaire

   
îles noires
parutions 2013
Le sixième homme / Monica Kristensen ; traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon. - Arles : Actes sud, 2013. 367 p. : carte ; 18 cm. - (Babel noir, 87).
ISBN 978-2-330-01977-8
Dans les mines noires du Spitzberg,
là où le soleil ne pénètre jamais,


La chanson de la mine (texte du menuisier Tiller), citée p. 365

A Longyearbyen, capitale administrative de l'archipel du Svalbard, la nuit polaire accentue pendant de longs mois les effets de l'isolement insulaire ; l'obscurité règne, doublée d'un silence oppressant. Et si les résidents s'accrochent à l'idée qu'aujourd'hui leur existence s'est normalisée, au point de croire qu'ils peuvent vivre comme dans “ n'importe quelle bourgade du continent ”, la peur rôde et, sinon la peur, c'est « l'ombre de leur propre peur » qui hante 
les plus solides comme les plus fragiles.
Une dernière et éprouvante limite est imposée aux résidents de l'archipel, où l'activité économique est exclusivement tirée de l'exploitation du charbon. Dans cette terre montagneuse, le travail s'effectue au cœur d'un labyrinthe exposé aux pires dangers, et que les lampes frontales des mineurs peinent à éclairer.

Dans cette triple réclusion — l'insularité, la nuit polaire et la mine —, l'intrigue nouée par Monica Kristensen met en œuvre les failles psychiques des plus exposés et les petits trafics des plus opportunistes ; mais tous, protagonistes ou témoins, sont durement affectés par ce cadre de vie peu ordinaire.
      
Monica Kristensen est née en Suède et a grandi en Norvège. Glaciologue, elle est la première femme à avoir dirigé une expédition en Antarctique. Elle vit actuellement à Oslo. Le sixième homme s'inscrit dans une série de polars se déroulant au Svalbard. Une région que connaît très bien l'auteur puisqu'elle a séjourné pendant six ans dans cet archipel le plus septentrional d'Europe, situé à la jonction des océans Atlantique et Arctique.
EXTRAITS
   Le jardin d'enfants se situait en centre-ville de Longyearbyen. Ceux qui vivaient ici disaient cela sans aucune ironie, seuls les touristes trouvaient amusant que l'on emploie les termes de Grand-Place et centre-ville pour parler de la grosse poignée de bureaux, magasins, cafés et restaurants regroupés là.

   Mais c'était les visiteurs qui ne comprenaient pas. Ils ne pensaient pas à tous les kilomètres de routes désertes qui séparaient les maisons les plus retirées dans la vallée de l'Adventdal des grues de Kullkaia, le quai réservé à l'expédition du charbon. Ils n'avaient pas conscience de l'obscurité qui entourait les habitations de Blåmyra et Skæringa. Et ils avaient oublié les empreintes laissées par un ours polaire qui, sans bruit et presque invisible sur la neige, avait traversé la ville de son pas lourd pour rejoindre les fjords couverts de glace. Les habitants, eux, savaient que même dans les plus petits villages il y avait un centre où l'on pouvait s'autoriser à baisserr la garde et se sentir en sécurité. Et dans ce centre, au milieu des lumières, le jardin d'enfants et l'hôpital étaient séparés par le paisible chemin piétonnier. Personne n'avait jamais vu de traces d'ours à cet endroit-là.

p. 15
   Avec les années, le tourisme et la recherche avaient fini par jouer un rôle prépondérant à Longyearbyen, mais la ville n'en demeurait pas moins une cité minière hantée par la peur. Le dernier gros accident au fond de la montagne remontait pourtant à des années auparavant et aucun habitant actuel n'avait vécu ou ne se rappelait les explosions effroyables des années 1940 et 1950, quand le sol tremblait et de la fumée jaillissait des tours d'extraction, quand le message passait de maison en maison et que des ténèbres plus opaques que la nuit polaire s'abattaient sur la ville ; quand tant de familles perdaient l'un des leurs. Aujourd'hui encore, la peur subsistait dans l'ombre des étranges formations rocheuses. Et la superstition aussi.

p. 47
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Kullunge », Oslo : Forlaget, 2008
  • « Le sixième homme », Montfort-en-Chalosse : Gaïa, 2011
  • « Opération Fritham », Montfort-en-Chalosse : Gaïa, 2013 ; Arles : Actes sud (Babel noir, 115), 2014
  • « Vodka, pirojki et caviar », Montfort-en-Chalosse : Gaïa, 2014 ; Arles : Actes sud (Babel noir, 151), 2016
  • « L'expédition », Montfort-en-Chalosse : Gaïa (Polar), 2016 ; Arles : Actes sud (Babel noir, 215), 2019

mise-à-jour : 9 janvier 2017

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