FRANCKY
LAURET :
La critique réunionnaise (si elle existe quelque part) ne
s'est jamais penchée sur ses œuvres. Il faut dire
que le poète est frappé par un
bégaiement issu selon lui de la diglossie. Les recueils sont
bilingues. Le français occupe une place de choix.
L'écriture poétique de Christian Jalma invite
à une lecture mallarméenne. A la
première lecture, si l'on manque de perspicacité,
il est facile d'y voir un galimatias — des mots, des belles
phrases, qui n'auraient pas de sens précis. Faux. Une
lecture attentive ouvre les portes de l'esprit jalmien.
Voilà un
français rempli de fautes d'orthographe ; normal,
nous dit l'auteur “ je suis noir, je suis
créole, donc je ne peux que faire des fautes,
non ? ”
Voilà une
poésie de la lettre, car le mot “ seul ” peut même au
pluriel ne pas prendre de “ s ” ; et c'est un
spécialiste de la solitude qui nous délivre cette
nouvelle orthographe.
Une écriture et une
lecture de haut vol donc, tournées vers le plus simple et le
plus quotidien de la vie, marquées par ce
décalage, par cette lutte culturelle interne et quotidienne.
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