L'île du docteur
Moreau / Herbert George Wells ; trad. de l'anglais par
Henry-D. Davray. - Paris : Gallimard, 1997. -
212 p. ; 18 cm. - (Folio, 2917).
ISBN 2-07-040178-2
|
Wells
craignait pour l'humanité le
retour à la barbarie ; l'histoire qui se
déroulait sous ses yeux, à la fin du XIXe et au
début du XXe
siècles, ne pouvait que conforter ses
appréhensions.
L'île du
docteur Moreau
délivre à cet égard un message
ambigu : les hybrides fruits des expériences 1 menées
par le docteur sont instables, sujets à de dangereuses
crises de régression au cours desquelles surgissent, d'un
passé que l'on voudrait oublié, leurs
instincts les plus destructeurs ; mais l'inquiétude
qui se dégage du roman tient beaucoup plus
sûrement à des risques à venir
— aux effets que l'on pressent plus meurtriers, et
encore inconnus.
Karel
Capek (lecteur de Wells ?) et Xavier de Langlais
(lecteur de Wells) prennent fermement position : l'horreur est
devant nous beaucoup plus sûrement que
derrière ; quant à Kurt Vonnegut, il
décrit une régression heureuse.
1. |
A
Bensalem déjà, l'expérimentation
animale était très largement
pratiquée : « Nous
avons aussi des parcs et des enclos avec toutes sortes de
quadrupèdes et d'animaux qui ne sont pas là
uniquement pour le plaisir des yeux ou à cause de leur
rareté, mais aussi en vue de dissections et
d'expériences, […]. Nous essayons aussi sur eux
tous les poisons et tous les remèdes, […]. Par
art aussi, nous les rendons plus gros ou plus grands […] ou
bien plus petits, en arrêtant leur croissance. Nous les
rendons plus féconds qu'à l'ordinaire ou au
contraire stériles. Nous modifions aussi en bien des
façons leur couleur, leur forme et leur comportement. Nous
trouvons des moyens de faire des croisements et des accouplements entre
espèces différentes, ce qui a donné de
nombreuses espèces nouvelles, et qui sont
fécondes, contrairement à ce que croit l'opinion
générale » — La Nouvelle Atlantide,
Paris : Éd. Payot, 1983, pp. 75-76. |
|
GILBERT KEITH CHESTERTON |
M. Wells débuta dans la
littérature par des visions violentes, visions des
dernières affres de notre planète. […]
Il continua par des histoires de plus en plus étranges,
taillant des bêtes en hommes et tirant des anges comme des
oiseaux. L'homme qui tire les anges et taille des bêtes en
hommes peut-il être humble ?
☐
Hérétiques, p. 70
|
JEAN-PAUL KAUFFMANN |
Dans L'Ile du docteur Moreau,
[…] l'unique survivant d'un navire qui vient de faire
naufrage aborde une terre inconnue. Le héros
s'aperçoit alors que l'île est habitée,
non seulement par le docteur Moreau, mais aussi par des être
bizarres. Ces créatures étranges sont en
réalité le résultat
d'expériences monstrueuses réalisées
par un médecin fou. Plus exactement, ce sont des animaux sur
lesquels le docteur Moreau a pratiqué des greffes sur le
cerveau, si bien que ces animaux « humanisés »
sont capables d'une pensée
rudimentaire. Evidemment le génial inventeur est
tué par l'un de ces hommes-bêtes. Evidemment,
parce que ce livre est une sorte de conte philosophique, ou
plutôt une allégorie sur l'homme qui se prend pour
un dieu et sur les déviations de la science.
☐
Les Kerguelen, nouvelle
« utopie », in Louis Brigand (dir.), D'île
en île, l'archipel du conservatoire, p. 65
|
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- The island of doctor Moreau », London : William
Heinemann, 1898
|
- « L'île
du Docteur Moreau » trad. de l'anglais par Henry-D.
Davray, Paris : Mercure de France, 1901
- « L'île
du docteur Moreau », in Les chefs-d'œuvre de
H.G. Wells éd. par Francis Lacassin,
Paris : Omnibus, 2007
- « L'île
du docteur Moreau » trad. par Henry-D. Davray,
Paris :
Gallimard (Folio junior, 557), 2010
- « L'île
du docteur Moreau [suivi de] La machine à explorer
le
temps » trad. par Henry-D. Davray, Paris :
Archipoche
(Classiques d'hier et d'aujourd'hui, 458), 2017
|
→
Françoise Dupeyron-Lafay, « Traversées,
hybridations grotesques et inquiétante étrangeté
dans The Island of Dr Moreau (1896) de H. G. Wells : la mort de l'humain ? », E-rea — Revue électronique d'études sur le monde anglophone | 14.1 | 2016 [en ligne] |
|
|
mise-à-jour : 15 janvier 2020 |
|
|
|