2ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2000)
Grand Prix des îles du Ponant |
Cap Cod / Henry David
Thoreau ; présentation, traduction (de l'anglais)
et notes par Pierre-Yves Pétillon. - Paris : Imprimerie
nationale, 2000. - 319 p. ; 22 cm. - (La Salamandre).
ISBN 2-7433-0322-0
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Dans sa présentation,
le traducteur Pierre-Yves Pétillon commente l'obsédante fixation insulaire développée
par l'auteur dans son refuge des bords du lac de Walden : Alexander
Selkirk est son modèle dans la vie (après avoir
été le modèle littéraire de Daniel
Defoe), Walden devient son île : « en anglais,
la prononciation du mot island permet un jeu, que
Thoreau exploite, sur I-land : la terre, le territoire
du moi ».
Or il semble que, lorsque Thoreau
quitte Walden pour parcourir à pied la péninsule
du Cap Cod, le monde des îles vienne à sa rencontre ; moins les îles voisines (Nantucket
et Martha's Vineyard à peine évoquées)
que des îles de tous horizons, proches ou lointains, comme
en réponse à l'appel lancé aux premières
pages, une citation du poète germano-danois Oehlenschläger :
Quittez ces rudes rivages : ils ne sont que de terre
Là-bas entre les nuages roses de l'aurore
Pointent les îles bienheureuses.
S'en
suit, au fil des pages, une évocation sans cesse
renouvelée, des Açores à Webb's island,
d'Anticosti aux Malouines (qu'il nomme Falklands), des Bermudes
à la Sicile, sans oublier des îles disparues ou d'autres
à l'existence incertaine : Norembègue, Aguncia
« représentée comme une
île », une île du lac Huron
« où il y a une mine de cuivre »,
l'Atlantide et les Hespérides, l'île des Chèvres,
les îles d'Été, des « îles dans
l'ether », etc.
Cette longue litanie insulaire
est mieux qu'un catalogue ; elle répond à une nécessité
propre au récit, qu'il s'agisse d'accompagner les pérégrinations
de navigateurs ayant croisé dans les eaux du Cap Cod (Champlain,
Cartier, Gosnold, Verazzano, ...), de suivre dans les parages
du Grand Banc les pêcheurs de morue, de prolonger une rêverie
botanique ou minéralogique.
Que dire enfin de l'insularité
du Cap Cod ? « Ce lieu, je le voyais, était
bien une terre de mirages et de merveilles » ... « une
sorte de gabarre remplie de vivres et de fournitures — une
embarcation juste plus sûre et plus grande, qui transporte
femmes, enfants, vieux et malades » ... Au moment
de quitter le Cap pour Boston par la mer, Thoreau propose
un dernier parallèle éclairant : « nous
ne recherchions pas les aspects par lesquels le Cap est inférieur
ou même égal au continent, mais ceux par lesquels
il est unique et supérieur », marquant le terme
d'une réflexion sur ce pays de mer et de désert.
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Au Cap, plus que nulle part ailleurs,
on touche la précarité de notre habitat dans le
monde. Le Cap est une « solitude » à
perte de vue, sans maison. « Mille hommes n'auraient
pas réussi à rompre cette solitude ; ils se
seraient perdus dans ce vaste paysage comme les traces de leurs
pas dans le sable. » L'homme a du mal à laisser
une « trace » de son passage : sur
le plateau, le vent les efface ; et, sur la grève,
les vagues, à la marée montante.
Le Cap est à la fois l'origine
et la fin des terres. Là, plus que dans ce qu'on appelle
conventionnellement l'Ouest, on est à la « Frontière ».
Là, on est confronté à la réalité,
dans sa sauvage nudité, dans son étrangeté,
dans sa radicale altérité. Qui se tient sur cette
frontière a tout le continent à la fois derrière
et devant lui. Nulle part, dans la géographie imaginaire
de Thoreau, on ne fait plus cap à l'ouest. L'ouest est
le seul point cardinal de l'Amérique. Là, littoralement,
se lève son soleil.
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Cape Cod »,
Boston : Ticknor and Fields, 1865
- « Cape Cod », Boston : Houghton, Mifflin (The writings of Henry David Thoreau, vol. IV), 1893
- « Cape Cod » with an introduction by Paul Theroux, New York : Penguin books, 1987
- « Cape
Cod » edited by Joseph J. Moldenhauer, with an introduction
by Robert Pinsky, Princeton (N.J.) : Princeton university press,
2004
- « Cape Cod
» with photographs by Scot Miller and a foreword by Robert
Richardson, Boston : Houghton Mifflin, 2008
- Bernard Rival (éd.), « Cette île est mienne :
écrivains et poètes de Nouvelle-Angleterre »,
Courbevoie : Théâtre typographique, 2004
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mise-à-jour : 13 juin 2011 |
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