Vingt ans de lumières
à l'île aux Grues / Alain Vinet. - Sainte Foy (Québec) :
Presses de l'université Laval, 2006. - 66 p. :
ill. ; 28 cm.
ISBN 2-7637-8415-1
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NOTE DE L'AUTEUR : Ce livre raconte en images l'histoire
d'amour qui s'est tissée au fil des ans entre un photographe 1
toujours en quête de lumière et un tout petit pays,
mille fois parcouru, une île enchanteresse 2 ,
si prodigue de ses lumières : des ciels d'orage sur
un horizon sans fin, le rose unique de ses soleils couchants,
le bleu intense de ses claires journées d'automne. Sitôt
débarqué, il y a plus de 20 ans, j'ai été
conquis par les couleurs joliment vives venues du large et reproduites
parfois fort élégamment sur les maisons et les
hangars par les résidants ; séduit et charmé
aussi par un écoulement du temps rythmé par les
marées, par les poussées du grand vent de nordet,
par les accalmies du petit matin et du crépuscule.
Mais qu'est-ce que cette lumière
qui me fait vibrer ? Comment traduire en mots cette sensation
presque physique qui me pousse impérativement à
photographier l'île certains matins et qui m'incite au
contraire à rester chez moi devant un ciel bleu sans nuage ?
C'est que, pour moi, la lumière est de la substance, de
la matière, elle donne le modelé, le relief et
la couleur. Le sujet d'une photo n'est pas secondaire, loin de
là. Mais il faudra revenir au même sujet, autant
de fois que nécessaire, jusqu'à l'obtention d'une
lumière qui lui rendra justice, qui le parera. Et il reste
tant de belles lumières à saisir à l'île
aux Grues.
S'il fait une large place aux
lumières de l'île, cet ouvrage raconte aussi des
tranches de vie : la vie singulière des insulaires
et les événements qui en rythment le cours à
chaque saison. Ainsi y trouve-t-on des pages sur « la
Mi-carême », « la grande traversée »,
« le banc de sable », « la chasse ».
Alors, le photographe appartient à l'événement,
il en fait partie, il vit et raconte la vie des gens qu'il aime. 1. | Alain Vinet est titulaire d'une maîtrise et
d'un doctorat en sociologie ainsi que d'une maîtrise en
médecine expérimentale (épidémiologie).
Professeur titulaire au Département des relations industrielles
de l'Université Laval, ses enseignements portent sur l'organisation
du travail, la gestion des ressources humaines, les transformations
organisationnelles et la méthodologie de la recherche
en sciences humaines. De 1992 à 1997, il a été
vice-recteur aux ressources humaines de l'Université Laval.
Membre fondateur du GIROST en 1984 (Groupe interdisciplinaire
de recherche sur l'organisation et la santé au travail),
ses intérêts de recherche demeurent liés
depuis lors au bien-être et à la santé des
travailleurs, notamment aux coûts humains du travail effectué
sous contraintes psychosociales. Il participe présentement
à des projets d'envergure financés par des organismes
subventionnaires canadiens et américain (NIOSH) auprès
de larges populations d'employés du secteur public. | 2. | « L'archipel de l'Isle-aux-Grues
est constitué de 21 îles ou îlots à
l'est de l'île d'Orléans » (p. 13)
sur le fleuve Saint-Laurent, en aval de la ville de Québec ;
l'île aux Grues est donc une île fluviale, mais soumise
au régime des marées et, plusieurs mois chaque
année, isolée du continent par les glaces —
le traversier cède alors le pas à l'avion
pour le transport des passagers et des marchandises. |
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EXTRAIT |
Au cours des siècles,
l'île a été généreuse pour
ses enfants : outre le foin de mer, elle a offert de beaux
boisés pour les matériaux de construction, le sucre
d'érable ainsi qu'une ressource inédite :
le bois de grève pour le chauffage. Ce bois de grève
abondant a certes contribué à préserver
l'érablière.
Malgré ces quelques ressources
naturelles, on pressent aisément que les habitants de
l'île ne vivaient pas dans l'abondance. À l'agriculture
de subsistance s'ajoutaient heureusement les fruits de la chasse
à la sauvagine [cygnes, oies, canards] et ceux de la pêche :
bars, dorés, anguilles, esturgeons. Puis la culture des
pommes de terre, transportées en goélette à
Québec, et l'industrie laitière ont tour à
tour pris la relève.
[…]
L'isolement et le transport ont
toujours été au cœur des préoccupations
des insulaires. Embarcations d'été, goélettes
et surtout canots à glace ont fait la réputation
des vaillants navigateurs de l'île aux Grues ainsi que
ceux de la famille Lachance de l'île au Canot, si bien
nommée. Chaussés de leurs longues cuissardes, les
rameurs et l' « avironneur » se frayaient
un chemin entre les glaces et les escaladaient parfois sur de
longues distances. L'hiver c'était le seul moyen de transport
et on raconte encore dans les familles les exploits des anciens
partis à maintes reprises quérir le médecin
dans la tempête.
☐ La fière histoire des
gens d'ici, p. 65
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Auguste Béchard, « Histoire
de l'Isle-aux-Grues et des îles voisines »,
Arthabaskaville (Québec) : Imprimerie de la Bataille,
1902
- Jean-Marie Lemieux, « L'île
aux Grues et l'île aux Oies : les îles, les
seigneurs, les habitants, les sites et monuments historiques »,
Montmagny (Québec) : Ed. Marquis, 1973 ; Montréal :
Leméac, 1978
- Julie
Stanton et Régis Mathieu, « Carnet de
l'Isle-aux-Grues », Montréal : Les Heures bleues
(Les Carnets), 2009
- Jules Vézina, « La
Côte-du-Sud : histoire et généalogie
d'un archipel », Isle-aux-Grues (Québec) :
Association historique, 1994
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mise-à-jour : 6 août 2009 |
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