Le cercle des Mahé
/ Georges Simenon. - Paris : Gallimard, 1999. - 173 p. ;
18 cm. - (Folio policier, 99).
ISBN 2-07-040821-3
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Quand, à trente-cinq ans,
le docteur Mahé perd sa mère qui a toujours tout
choisi pour lui, il décide de changer de vie, de vivre
sans effort, et de retrouver à Porquerolles une adolescente
maigre dont l'image hante ses nuits. Cet homme frustré
d'autorité a une idée fixe : se faire aimer d'une
petite pauvresse qui lui devrait tout ...
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JOSÉ LENZINI : […]
Simenon venait de quitter Fayard
pour Gallimard et il était devenu un auteur à succès
[...]. [Porquerolles] serait le lieu du retour à la nature
simple, dans l'éloignement de la capitale littéraire
et de ses inimitiés. Comme à son habitude, il prend
des notes sur des enveloppes qui lui servent de fiches, mais
c'est loin de Porquerolles qu'il décrira les gens et les
paysages de l'île, s'insipirant de son propre vécu
dont on retrouvera des traces dans quatre livres : Cour
d'Assises (1937), Le Grand Langoustier (1938), Le
Cercle des Mahé (1945), et Mon ami Maigret
(1949).
A l'époque, l'île
était sauvage et rustique, coupée du continent
auquel elle n'était reliée que par une navette
quotidienne du Cormoran, “ un petit bateau
blanc conduit par un bonhomme en casque colonial qui (vous) mettait
en une demi-heure à l'île de Porquerolles ”.
Le court voyage était une promesse [...].
[...]
Simenon se sentait bien dans
cet autre chez soi, au cœur de cette vie villageoise à
laquelle il s'était immédiatement intégré.
[...] La pêche sera le passe temps favori de l'écrivain.
A l'époque il a 33 ans, le même âge que le
docteur Mahé, héros du livre dans lequel les descriptions
de l'île sont les plus nombreuses. Et comme lui, il doit
se soumettre à une sorte de rite initiatique qui lui permettra
de nourrir ses descriptions romanesques, et affirmer ses connaissances
personnelles de la mer, avec précision : il lui faut
faire ses preuves [...]
☐ « Porquerolles :
Loin du monde » — Magazine littéraire, 417, février 2003, pp. 52-55
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EXTRAIT |
Cet orage-là, il y avait
quinze jours qu'on l'attendait. Toute la journée, le ciel
était lourd et incolore comme un ciel africain, la réverbération
de la mer faisait mal aux yeux et vous donnait mal à la
tête. Le soir, dans le ciel qui virait au pourpre, on voyait
monter de gros nuages violacés ; ils se gonflaient,
presque au-dessus de l'île, comme des tumeurs prêtes
à crever. Chaque fois, on avait le même instant
d'émotion quand un souffle léger faisait frémir
le feuillage et soulevait même d'une façon à
peine perceptible la poussière brûlante du sol.
Un tonnerre roulait au loin, mais alors, quatorze jours de suite,
on avait eu la déception de voir le torrent se déverser
sur le continent, presque toujours au même point précis
de la chaîne des Maures qui fermait l'horizon. De la jetée,
de n'importe où, on regardait la pluie tomber en un gigantesque
faisceau gris, jet d'arrosoir agrandi des millions de fois, puis
on venait pesamment se mettre à table, les gens aussi
chargés d'électricité que les chats et les
insectes.
☐ pp. 76-77
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Le cercle des Mahé »,
Paris : Gallimard, 1946
- « Le cercle des Mahé », in Œuvres romanesques, vol. 25, Paris : Omnibus, 2003
| → Hyères - Médiathèque Saint-John Perse, L'autre homme de Porquerolles : Georges Simenon [en ligne] | - « Touriste
de bananes », Paris : Gallimard (Folio, 1236),
1997 ; Paris : Vertige graphic, 1998
- « Ceux
de la soif », Paris : Gallimard (Folio policier,
100), 1999
- « Les obsessions du
voyageur » textes choisis et présentés par
Benoît Denis, Paris : La Quinzaine littéraire -
Louis Vuitton (Voyager avec …), 2008
- « Le passager clandestin » ill. par Loustal, Paris : Omnibus, 2018
| - Pierre Deligny et Claude Menguy, « Simenon de Porquerolles : cinq séjours dans une île idéale », Bruxelles : Les amis de Georges Simenon, 2003
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mise-à-jour : 29 août 2019 |
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