Jean-Pierre Simoni

L'année des chemises noires

Albiana

Ajaccio, 2005

bibliothèque insulaire
   
Méditerranée
parutions 2005
8ème édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2006)
ouvrage en compétition
L'année des chemises noires / Jean-Pierre Simoni. - Ajaccio : Albiana, 2005. - 285 p. ; 22 cm.
ISBN 2-84698-137-X

NOTE DE L'ÉDITEUR : Avoir onze ans dans la Corse de la dernière guerre c'est vivre les événements avec la candeur et la gravité propre à cet âge. Le jeune narrateur de ce journal intime retrouvé affronte la vie au cœur d'un village suffisamment reculé pour que même la route n'y parvienne pas. Les échos de la guerre lointaine y sont pourtant bien présents, bien audibles même si diffractés.

La menace des Chemises noires et des « Boches », l'économie de survie, les comportements dictés par la peur ou l'envie, les disparitions nocturnes des hommes de la maison, les récits épouvantables des anciens de 14-18, tout cela reste une toile de fond sur laquelle, au quotidien il faut bien grandir, avec ses questions d'enfants et ses désirs de devenir enfin un homme.

Dans cette Corse recroquevillée, retrouvant les réflexes de survie d'antan, la modernité continue son chant des sirènes et le départ pour le continent reste une alternative audacieuse, un au-delà rêvé.

❙ Jean-Pierre Simoni est médecin. Originaire de Corse, il livre ici son premier roman.

EXTRAIT

Le pire des dangers vient des Camisgie nere, ces satanés Chemises noires italiens. Autant les bersaglieri, qu'on a obligés à faire une guerre dont ils ne voulaient pas, marchent en chantant, la crosse de leurs fusils en l'air de crainte qu'on leur tire dessus, autant les Camisgie nere sont féroces. Ils attaquent d'abord et discutent après. Ce sont des sanguinaires et ils se comportent comme des bêtes enragées. Il n'y a pas si longtemps ils sévissaient essentiellement dans la vallée. Ce qui les intéresse, ce sont les routes et les chemins de fer. C'est là qu'ils espèrent se procurer de quoi manger et se chauffer. Eux aussi ont l'estomac vide, les pieds gelés, ce qui les rend encore plus agressifs.

Comme ils sont étrangers à la Castagniccia, ils ignorent forcément que, du haut de notre promontoire rocheux, on voit tout ce qui se passe dans la vallée. D'ici, on distingue par exemple les naseaux de la locomotive, ils exhalent dans le ciel pur, par à-coups, des vapeurs reptiliennes noirâtres. Nous ? On pratique à la manière de Pascal Paoli : observer en premier, attendre que les accidents de la nature jouent en notre faveur. Oui, mais il n'existe aucune armée de la France, du moins en ce moment en Corse, seulement des maquis. Bonaventure, l'oncle de Bat qui n'a pas sa langue dans sa poche — ça doit être une tare familiale chez eux —, affirme en parlant du « Babbu di a Patria », c'est-à-dire Pascal Paoli, que « s'il avait continué de la sorte, au lieu de se prendre pour un grand stratège, notre anti-royalliste, rêveur d'une monarchie constitutionnelle, n'aurait jamais été battu le 8 mai 1769 par les armées de sa majesté le roi de France à Ponte Novu … »

pp. 85-86

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Le caïman noir », Bourneau : Durand-Peyroles, 2010

mise-à-jour : 9 mars 2013

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