Œuvres
complètes [volume 1] 1956 -1971 / Leonardo
Sciascia ; éd. établie,
préfacée et annotée par Mario Fusco. -
Paris : Fayard, 1999. - 1407 p. ;
24 cm.
ISBN 2-213-59921-1
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MICHEL
GRODENT
: […] Mario Fusco a établi
l'édition des Œuvres
complètes
de [Leonardo Sciascia] disparu il y a dix ans […]. Il
était d'autant mieux placé pour le faire qu'il a
lui-même traduit plusieurs ouvrages de Sciascia et
enseigné longtemps la littérature italienne dans
les
universités françaises.
J'ai
rencontré
Sciascia pour la première fois en 1965, nous confie-t-il,
à l'époque où j'étais sur
le point de
publier un fragment des Oncles
de Sicile
dans « Les Temps modernes ».
Depuis, je n'ai
cessé de le voir très
régulièrement en
Sicile et en France où il venait très souvent. On
s'entendait très bien. Toujours disponible, il avait une
patience d'ange avec ses traducteurs. Ce qui m'a plu
d'emblée
dans son œuvre, c'est son côté un peu
sec, un peu
froid, une sorte de laconisme ironique, à la limite du
sibyllin.
Avec Pirandello il a dialogué toute sa vie. Ce
n'était
pas seulement le Pirandello du théâtre qui le
passionnait,
mais le romancier, le nouvelliste et l'essayiste. […]
Mario
Fusco met en valeur l'attachement de l'écrivain à
la
petite patrie, ce microcosme de Racalmuto où il a vu le jour
et
qui représente pour lui l'observatoire par excellence.
Racalmuto, qu'il transpose sous le nom de Regalpetra, ce sont ses
racines, sa culture, son
« habitus ». C'est
là qu'il a découvert le monde et c'est
là qu'il
est revenu sans cesse pour écrire, après y avoir
exercé la profession d'instituteur. Il savait que
c'était
un trou perdu. Mais tous les étés, il aimait
s'enfermer
là, dans sa maison de campagne où, à
l'abri du
téléphone, il tapait à la machine du
matin au soir
des textes qu'il avait médités pendant toute une
année. Ce n'est pas un hasard s'il a demandé
à
être enterré à Racalmuto. C'est
là que se
trouve la Fondation où il a rassemblé ses livres
et ses
collections de gravure.
S'il est
juste de parler de petite
patrie, il faut éviter de le faire dans un sens
régionaliste. Chez Sciascia, il n'y a pas la moindre
complaisance nostalgique. Colorée de dialecte sicilien, la
langue n'a rien de pittoresque. A lire ou à relire
l'œuvre
de Sciascia, on sera sans doute frappé d'emblée
par sa
dimension philologique. Comme si l'écrivain n'avait
cessé, sous le couvert de la fiction, de faire de la
critique
historique.
[…]
Bien
entendu, entre Sciascia et un
philologue dur et pur, il y a toute la différence qu'il y a
entre un véritable écrivain et un
érudit
obsessionnel. L'érudition n'est chez lui qu'un
prétexte.
La
documentation philologico-historique est la base informative sur
laquelle il brode, libérant une capacité
d'invention qui
peut s'apparenter à une sorte de jeu.
[…]
→ Compte-rendu de lecture, Le Soir, 19 mai 1999 [en ligne]
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
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- « La
Sicile comme métaphore : conversations avec
Marcelle Padovani », Paris : Stock, 1979
- «
À
chacun son dû »
trad. de l'italien par Jacques de Pressac, nlle éd. revue et
corrigée par Mario Fusco, Paris : Denoël,
2009
- «
Les
oncles de Sicile », Paris : Denoël, 2011
- « La disparition de Majorana »,
Paris : Allia, 2012
- «
Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel » trad.
de l'italien par Jean-Pierrre Pisetta, Paris : Allia, 2022
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mise-à-jour : 16 octobre 2022 |
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