Tropiques métis :
mémoires et cultures de Guadeloupe, Guyane, Martinique,
Réunion [catalogue de l'exposition : Musée
national des arts et traditions populaires, 5 novembre 1998-12
avril 1999] / Réunion des musées nationaux, sous
la dir. de Florence Pizzorni-Itié. - Paris : Réunion des
musées nationaux, 1998. - 142 p. : ill. ;
27 cm.
ISBN 2-7118-3738-6
|
| Tropiques métis prend
le contre-pied des anciennes « expositions
coloniales », qui masquaient la sauvagerie occidentale par
la visite organisée de débris présentables
arrachés aux « bons sauvages » et aux
« civilisations exotiques ». Ce que manifeste de
façon éclatante cette exposition, c’est que le
spectacle des travaux et des jours des hommes en résistance, des
opprimés en lutte, est toujours un rappel et une
célébration de la capacité humaine de
création, de connivences fraternelles et de respect des
diversités.
Catherine Trautmann, Préface |
MUSÉE DES
ARTS ET TRADITIONS POPULAIRES
: Dans le cadre de la commémoration du cent cinquantième
anniversaire de l'abolition de l'esclavage, l'exposition « Tropiques
Métis » présente plus de cinq cent œuvres,
documents et objets représentatifs des collections archéologiques
et ethnographiques en rapport avec l'esclavage et les départements
d'Outre-mer. Cette exposition témoigne surtout de l'extraordinaire
diversité des cultures issues du métissage sur
les « territoires de la canne à sucre ».
Venues d'horizons différents, coutumes, traditions et
croyances s'y sont affrontées, rejetées, puis lentement
mêlées sur le « métier à
métisser » de l'histoire. Elles forment aujourd'hui
un ensemble culturel original, riche de couleurs et de rythmes,
de paroles et de savoir-faire.
Cet
ouvrage réunit les points de vue des historiens et ethnologues,
spécialistes des mémoires et cultures des
départements d'Outre-Mer français. Les contributions des
archéologues et des historiens précisent certaines
données qui permettent de dépasser les idées
reçues concernant les conditions de vie de l'esclave,
essentiellement véhiculées à ce jour par la
tradition orale. Elles montrent également, combien fut ardue la
tâche de ceux qui, sur le terrain ou en métropole,
luttèrent pour la liberté et surtout combien
l'application du décret d'abolition de l'esclavage se heurta
localement à de virulentes résistances. Issues de
l'humiliation, comme de la liberté, et portées par des
peuples venus de quatre continents, des expressions culturelles
métisses ont éclos. Les ethnologues éclairent par
leurs travaux la variété des domaines où le
« métier à métisser » a
produit ses œuvres.
|
LE MONDE, 22 décembre 1998 : La célébration
du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage a
conduit le Musée des arts et traditions populaires
à se pencher sur le chaudron où s'est élaborée
la culture des quatre départements d'outre-mer […].
En dépit de l'éloignement, l'île de l'océan
Indien appartient au même univers que celui de l'arc caraïbe,
car la société y est régie par le même
système économique : une monoculture, la canne
à sucre, sous-tendue par l'esclavage.
L'exposition présente
dans une belle mise-en-scène les différents actes
de cette tragédie parée des couleurs chatoyantes
d'un aimable exotisme. « J'habite un paradis raté,
c'est bien pire qu'un enfer », notait
Aimé Césaire. […]
Ces sociétés multiraciales
finissent par accoucher — lentement — d'une
personnalité autonome. Langue, religion, musique aussi,
devenue aujourd'hui le vecteur privilégié d'une
identité. […]
Pour construire une identité,
il faut aussi une mémoire. Ici, elle ne peut être
que diverse et prompte au détournement, comme celui des
saints du paradis chrétien devenus les supports
d'une croyance singulière : la Vierge noire de Cestochowa,
appelée localement Santa Barbara Africana, n'est autre
que l'Erzulie Dante du vaudou haïtien.
Emmanuel de Roux
|
SOMMAIRE |
Préface, Catherine Trautmann Tropique métis, Florence Pizzorni-ltié « J’habite un paradis raté … », Daniel Maximin
HISTOIRE ESCLAVAGE, RESISTANCE ET ABOLITION
- Les traces de l’esclavage en Martinique, François Rodriguez-Loubet
- 1848 dans le siècle des abolitions de l’esclavage, NeIIy Schmidt
QUATRE CONTINENTS POUR FAIRE L’ARCHIPEL DE LA CREOLITE : NATURE ET PEUPLEMENTS DES ANTILLES
- Quatre continents pour faire une île : histoire des peuplements des Antilles, Jean Benoist
- La nature métisse, Claude Sastre
- Les jardins de la Caraïbe : de la nature à la culture, Catherine Benoit
MEMOIRE ET STRATEGIES DE L’IDENTITE
- La mort pour témoin, Danielle Bégot
- Les
masques de l’identité : expressions culturelles et
stratégies identitaires dans le carnaval guadeloupéen, Stéphanie Mulot
- Musique, culte et identité culturelle à l’île de La Réunion, Monique Desroches
- La musique créole : enracinement et création, Mylène Alexis
- Sega et Maloya à La Réunion, musiques d’une île Métisse, Jean-Pierre La Selve
- Aperçu du système thérapeutique d’une île créole, La Réunion, Jean Benoist
- La construction créole au cœur de l’histoire et du devenir guyanais, Marie-José Jolivet
- Identités, ethnicité, guyanité, Gérard Collomb
- Marrons, un art de la fugue, Patrick Lacaisse
- Quand Diderot et D’Alembert voisinent avec l’Afrique : les charrons de Marie-
- Galante, Diana Rey-Hulman
- Les bijoux, porteurs d’histoire et de métissage culturel en Martinique, Line Rose-Beuze
- De
l’influence de quelques facteurs historiques et
géographiques sur le développement de la culture
matérielle à La Réunion, Thierry-Nicolas C. Tchakaloff
- Les coiffures : une parole à démêler, Florence Pizzorni-Itié et Nathalie André
- Les populations antillaises en métropole : dynamiques migratoires et dynamiques culturelles, Michel Giraud
- Une dialectique de l’oubli et du souvenir : les Réunionnais émigrés et la France, Françoise Vergés
CONCLUSIONS
- Le métier à métisser, Jean-Luc Bonniol
- Les Départements et les Territoires d’Outre-Mer au Musée national des Arts et Traditions populaires, futur musée des Civilisations de la France et de l’Europe, Michel Colardelle
Bibliographie, musicographie, filmographie |
|
|
mise-à-jour : 11 septembre 2017 |
| |
|