Frank McCourt

Les cendres d'Angela : une enfance irlandaise

J'ai lu - J'ai lu, 5000

Paris, 1999
bibliothèque insulaire
   
Irlande
parutions 1999
Les cendres d'Angela : une enfance irlandaise / Frank McCourt ; trad. de l'anglais par Daniel Bismuth. - Paris : Éd. J'ai lu, 1999. - 508 p. ; 18 cm. - (J'ai lu, 5000).
ISBN 2-290-05000-8

NOTE DE L'ÉDITEUR : « Quand je revois mon enfance, le seul fait d'avoir survécu m'étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l'enfance heureuse vaut rarement qu'on s'y arrête. Pire que l'enfance misérable ordinaire est l'enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l'enfance misérable en Irlande catholique. »

C'est ce que décrit Frank McCourt dans ce récit autobiographique. Le père, Malachy, est un charmeur irresponsable. Quand, par chance, il trouve du travail, il va boire son salaire dans les pubs et rentre la nuit en braillant des chants patriotiques. Angela, la mère, ravale sa fierté pour mendier. Frankie, l'aîné de la fratrie, surveille les petits, fait les quatre cents coups avec ses copains. Et, surtout, observe le monde des adultes. La magie de Frank McCourt est d'avoir retrouvé son regard d'enfant, pour faire revivre le plus misérable des passés sans aucune amertume.

JOHN McGAHERN : […]

McCourt a forgé une langue très recherchée, en s'inspirant de nombreuses sources : les prières, le blasphème, la poésie, les chansons, l'argot, la doctrine chrétienne, le cinéma, pour ne citer que celles-là. Langue de l'outrance et de la distorsion, elle fait écho à celle, populaire, qu'on utilise pour se voiler à soi-même sa condition ou en tirer revanche, ou au contraire que l'on monte en épingle.

[…]

Le Monde des livres, 5 septembre 1997

HERVÉ JAOUEN : [Avant de quitter l'Irlande, j'offre Angela's Ashes] à Mrs O'Leary et ce n'est que l'année suivante […] que je lui demande ses impressions de lecture […]

« Cet hiver, avez-vous eu le temps de lire Les Cendres d'Angela, Josephine ? En France il a beaucoup de succès et les Américains vont en faire un film.

— Je l'ai lu. En Irlande, les avis sont partagés sur ce livre. Beaucoup de gens pensent que McCourt a beaucoup exagéré la vie à Limerick à l'époque de son enfance. Moi je pense qu'il dit la vérité et que cette vérité ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a cinquante ans, la vie était très dure dans les villes. Moins à la campagne. […] À la campagne, vous comprenez, la terre vous permet de vous nourrir. […] En plus on s'entraide. Dans les villes, c'était très différent. Et l'Église, je ne dirais pas les prêtres parce que beaucoup de prêtres s'occupaient des pauvres, l'Église était du côté des riches. Ça ne fait pas plaisir à certains que McCourt l'écrive noir sur blanc. »

[…]

Comment ne pas se rappeler cette phrase d'Oscar Wilde, Irlandais banni et condamné par les bien-pensants, dans Le Portrait de Dorian Gray ? « Les livres que le monde appelle immoraux sont ceux qui lui montrent sa propre ignominie ».

La cocaïne des tourbières, pp. 137-138

THE IRISH TIMES (traduit dans Courrier International, 6-12 janvier 2000) : [Frank McCourt] a écrit un livre merveilleux à bien des égards : vivant, amusant, humain et embarassant de vérité. Cette histoire est la sienne, et il a parfaitement le droit de la raconter. L'ennui est que cette autodérision irlandaise ne s'exporte pas bien. Les exagérations que nous nous permettons pour plaisanter deviennent, une fois projetées sur l'écran géant du succès médiatique planétaire, de ridicules caricatures. Pour les Irlandais, Les Cendres d'Angela est un livre pénible, humiliant, provocateur, qui nous oblige à regarder en face des réalités amères. Il ne dit peut-être pas tout de notre histoire mais il parle sans conteste de « nous ». Aux Américains et aux autres il offre un voyage organisé en bus climatisé dans l'authentique misère irlandaise.

[…]

Au cas où elle ne serait pas suffisamment claire, la morale de l'histoire est rendue plus limpide encore dans le film d'Alan Parker. Il commence avec le misérable voyage de retour à Limerick et se termine avec le cliché le plus éculé qui soit sur les immigrés, celui du bateau passant devant la statue de la Liberté avec le visage radieux du jeune Frank. Il ne reste plus qu'à entendre God Bless America pendant que défile le générique. L'attrait de l'industrie McCourt devient alors évident : c'est la bonne vieille histoire de ces vilains petits pays du tiers-monde et de la généreuse Amérique.

 Fintan O'Toole (compte-rendu critique du film tiré, par le réalisateur américain Alan Parker, du roman de Frank McCourt).

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Angela's ashes : a memoir of childhood », Londres : Harper Collins, 1996
  • « Les cendres d'Angela, une enfance irlandaise », Paris : Belfond, 1997
  • « Les cendres d'Angela, une enfance irlandaise », Paris : Pocket (Pocket, 14474), 2011
  • « Les cendres d'Angela, une enfance irlandaise » nouv. éd. avec une préface inédite de Colum McCann, Paris : Belfond, 2017
  • « C'est comment l'Amérique ? », Paris : Belfond, 2000 ; Paris : Pocket (Pocket, 11084), 2002
  • « Teacher man : un jeune prof à New York », Paris : Belfond, 2006 ; Paris : (Pocket, 13370), 2008

mise-à-jour : 10 août 2017
Ecrivain américano-irlandais né à Brooklyn en 1930, Frank McCourt est mort à Manhattan le 19 juillet 2009. Comme le personnage central des Cendres d'Angela, il avait passé une partie de son enfance à Limerick.

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