Letizia Battaglia, passion,
justice, liberté : photographies de Sicile /
Letizia Battaglia ; textes Alexander Stille, Renate Siebert,
Roberto Scarpinatio (et al.) ; trad. de l'anglais par Pierre
Girard et de l'italien par Marguerite Pozzoli. - Arles : Actes
sud, 1999. - 139 p. : ill. ; 32 cm.
ISBN 2-7427-2413-3
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CÉCILE THIBAUD :
C'est sous le titre Letizia Battaglia : passion,
justice, liberté (Actes Sud), que la photographe
de presse palermitaine a réuni en un ouvrage vingt
années de travail. Elle y montre son île meurtrie
par la Mafia, mais aussi aimante et raffinée.
[…]
Le titre de son recueil de
photos décrit parfaitement cette éternelle
jeunesse de 64 ans, la frange blonde au ras des yeux, le cheveu
rebelle, le geste ample […]. Ce matin encore, elle
était debout aux aurores, partie faire de l'action sociale
auprès d'un groupe de détenus. Ensuite, elle a
couru à la messe en souvenir du padre Puglisi, le
prêtre d'un quartier pauvre, assassiné par la
Mafia il y a six ans : « Il avait
osé parler contre. Il ne faut pas
l'oublier ».
[…]
Courageuse, Letizia ?
« Non, généreuse,
rectifie-t-elle. Je veux partager ma vie avec les autres. Mais j'ai
toujours eu peur. Quand le journal m'appelait en pleine nuit :
Viens, encore un meurtre …,
je partais la trouille au ventre. On ne s'habitue
pas ». Un jour, elle trouve huit cadavres
exécutés méthodiquement. Une autre
fois, dans la nuit noire d'une banlieue, sous les phares de la voiture
de police, c'est un visage de Christ qui surgit brutalement, immense
tatouage sur le dos de l'homme assassiné.
« J'ai des morts plein mes
archives ».
[…]
En 1992, au moment de
l'assassinat du juge Giovanni Falcone, qui conduisait
l'enquête contre la Mafia, elle a fait un admirable portrait
de Rosaria Schifani, la veuve d'un des gardes du corps du juge,
tué lui aussi dans l'attentat. « Je me
souviendrai toujours d'elle le jour de l'enterrement, raconte Letizia.
Elle criait en regardant la foule dans l'église : A
genoux, mafiosi ! A genoux ! »
Et puis, des années après, quand la photo a
commencé à faire le tour des journaux, Rosaria
s'est fâchée. Elle ne voulait plus être
la veuve héroïque. Elle s'était
remariée. Elle voulait vivre à nouveau.
« Elle a
raison, dit Letizia. Il faut rester dans la vie ».
C'est pour cela qu'elle chérit ses photos où les
amoureux s'enlacent dans l'herbe, les instants de bonheur
capturés du côté des ruines de
Ségeste, ses séries sur les reines de
beauté ou la ferveur des processions religieuses. Parce
qu'elles racontent la candeur de la Sicile et ses démesures.
« Quand je suis loin, j'ai peur pour Palerme. Je
veux la protéger ».
☐ L'Express, 28 octobre 1999 [en ligne]
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Letizia Battaglia, passion, justice, freedom : photographs of
Sicily », New York : Aperture
foundation, 1999
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- Letizia
Battaglia et Franco Zecchin, « Chroniques
siciliennes » introduction de Marcelle Padovani,
Paris : Centre national de la photographie, 1989
- Letizia
Battaglia, « Anthologia » a cura di Paolo
Falcone, Olimpia Cavriani e Valentina Greco, Roma : Drago, 2016
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