8ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2006)
ouvrage en compétition |
D'en face l'île aux
Chiens : lettres à mon père / Philippe
Laurent. - Richardménil : AMD, 2005. -
104 p. : ill. ; 26 cm.
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Une rixe qui tourne mal à
Saint-Pierre ; un métropolitain — vivant
et travaillant dans l'île depuis seize ans —
inculpé de meurtre avec préméditation
sur la personne d'un insulaire de souche ; une instruction qui
traîne en longueur ; le suicide
présumé du suspect ; le dossier
refermé sans procès … Le
doute. Ce pourrait être la trame d'un roman noir.
Pourtant, entre la nuit du 2 au 3
décembre 2000 et la matinée du 30 juillet 2002,
c'est un drame bien réel qui s'est noué
brutalement et dénoué tout aussi
brutalement : le métropolitain accusé de
meurtre s'appelle Philippe Laurent ; le père a
réuni et publié les lettres que son fils lui
adressait depuis sa cellule de la prison de Saint-Pierre.
Comme l'histoire, le document est
brutal : recueil des contrariétés,
déceptions, peines et douleurs qui se suivent au long de
vingt-deux mois d'incarcération — le tout
exacerbé par les contraintes propres à
l'insularité :
- soupçon
croissant quant à l'impartialité de la
société insulaire (écoute anxieuxe des
rumeurs en provenance de la ville si proche, interrogations quant
à la composition du jury) ;
- effets cumulatifs
d'un triple enfermement : enceinte carcérale,
clôture insulaire, éloignement. Les rencontres
avec famille et amis sont difficiles, nécessitent de longs
voyages ; les actes de procédure
s'éternisent …
L'épilogue est
cruel : « le
30 juillet au matin, les gardiens découvrirent Philippe
inanimé et râlant. Transporté
à l'hôpital de St Pierre, Philippe y
décédait à 10H15 en
dépit des tentatives de
réanimation ».
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EXTRAITS |
le 28/5
(2001)
Il y a des fois où j'ai l'impression de
devenir fou à regarder le ciel bleu à travers les
grillages.
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le
23/09/01
Si je me sors de ce merdier, la
métropole ne sera qu'une étape, je ne compte pas
finir mes jours en métropole, pas après 18 ans
à St Pierre ! Ce que je veux, c'est la mer,
l'isolement, la tranquillité et surtout pas le mode de vie
métropolitain.
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le
14/04/02
J'espère que mes avocats seront
à la hauteur et que le jury ne sera pas trop dur avec moi. 7
St Pierrais contre un Mayou [en langage
St Pierrais = Métropolitain], on peut
douter du résultat malgré mon dossier.
[...]
Si la peine est trop longue, je serai
viré de RFO et retrouver du travail à un
âge avancé, c'est quasi impossible. C'est pour
cela que j'envisage la vie uniquement dans le cas d'une courte peine,
pas une peine à la
« Mandela » comme tu dis.
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le 22
(juillet 2002)
Le soleil est revenu et me tourmente
derrière mes grilles.
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le 29/7
(2002) — la dernière lettre
Ici, le soleil est enfin arrivé et
cogne dur ; cela me fait d'autant plus enrager
d'être derrière les barreaux et
d'écouter la vie extérieure.
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mise-à-jour : 21
juillet 2006 |
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