Stefano
D'Arrigo, un (anti)classico del Novecento ? / textes
réunis
par Jean Nimis ; introduction de Siriana Sgavicchia. -
Toulouse : Université Toulouse II-Le
Mirail, 2013. -
231 p. : ill. ; 24 cm. -
(Collection de
l'E.C.R.I.T., 13).
ISBN
2-913785-14-1
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NOTE
DE L'ÉDITEUR
: Les Journées d'Études des 16 et 17
mars 2012,
organisées à l'université
Toulouse II autour
de l'œuvre de Stefano D'Arrigo, visent à mettre en
valeur
l'œuvre d'un écrivain dont George Steiner s'est
demandé : « Comment se fait-il
qu'un livre qui
marque profondément son lecteur et transforme son paysage
intérieur puisse demeurer obscur à la
très grande
majorité du public de la
littérature ? » (Corriere della Sera
du 4 novembre 2003). George Steiner exprimait ainsi la frustration
éprouvée par le lecteur vis-à-vis d'un
auteur qui
avait su tisser dans Horcynus
Orca
(1975) « une trame narrative complexe et
polyphonique,
équivalente à celles de Gadda ou de
Joyce »,
affirmant dans le même temps la valeur de
l'écrivain
sicilien dans son siècle et dans les littératures
italienne et européenne et, en quelque sorte, le manque de
reconnaissance dont il a été et continue
d'être
victime.
La
thématique de la manifestation s'articule
autour de deux aspects du fait littéraire : les
vicissitudes de l'édition des textes de D'Arrigo, d'une
part, et
la poétique de la langue (le phénomène
du
plurilinguisme, les styles et les thématiques, les
archétypes convoqués et
l'intertextualité mise en
jeu), d'autre part.
(…)
Joueur de
football dans sa
jeunesse, acteur épisodique — en 1961, il
joua un
petit rôle dans le premier film de Pasolini, Accattone —,
poète et critique d'art, le jeune homme qui soutint une
thèse sur Hölderlin en 1942 avant de partir
à la
guerre devient, dans les années 70, un écrivain
atypique,
connu essentiellement pour son roman monumental de quelque 1270 pages, Horcynus Orca, dont
la première mouture (660 pages) fut intitulée I fatti della fera.
Après avoir publié, en 1957, un recueil de
poèmes, Codice
siciliano,
il a travaillé sans interruption à son
œuvre
majeure, qui ne fut publiée dans son
intégralité
qu'en 1975. La toile de fond se présente comme une sorte de
saga, fondée sur le retour du jeune marin 'Ndrja
Cambrìa
dans un village de la région de Messine en 1943,
à partir
de laquelle s'engendre un immense complexe réseau
d'écritures marginales, de digressions sur l'histoire et la
mémoire, et de réflexions sur le mythe et la
légende. Le roman reçut un accueil enthousiaste
pour son
audace narrative et pour la richesse de la langue et du style.
Réimprimé en 1982, souvent repris comme sujet
d'étude, il représente un sommet de la recherche
littéraire des premières décennies du
XXe
siècle. L'expérience stylistique et la mythologie
symboliste d'Horcynus
Orca font penser à Gadda et à
Céline, à l'Ulysses
de Joyce et au Moby Dick
de Melville. L'autre roman de D'Arrigo, l'étrange Cima delle nobildonne
(1985), pour lequel il reçut le prix Elsa Morante, se situe
aux
antipodes par sa brièveté et par la
densité de son
écriture.
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INDICE GENERALE |
Presentazione
- Walter Pedullà, Il romanzo dell'apocalisse
- Siriana Sgavicchia, Stefano D'Arrigo e la scrittura
del capolavoro
- Gualberto Alvino, Nuove risultanze sul lexico
orcinuso
- Andrea Cedola, La parola-orca sdillabbrata
- Giancarlo Alfano, Un suono senza suono :
il ritorno in « Horcynus Orca »
- Fernando Gioviale, Il corpo di 'Ndrja. Roberto
Guicciardini e la scena interdetta di « Horcynus
Orca »
- Moshe Kahn, Tradurre « Horcynus
Orca » in tedesco
- Jean Nimis, Tradurre « Horcynus
Orca » in francese
- Palma Incarnato, « Cima delle
nobildonne » : una storia di vita e di morte
- Daria
Biagi,
Il poeta ingrato. D'Arrigo lettore di Hölderlin
- Jean
Nimis, « Codice
Siciliano » di Stefano D'Arrigo : una
poetica del caosmos
Informazini biobibliografiche |
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EXTRAIT |
En illustration de son
intervention, Tradurre
« Horcynus Orca » in francese,
Jean Nimis présente sa traduction de trois extraits du roman
de
Stefano D'Arrigo ; le troisième, reproduit
ci-dessous, est
également le plus court.
[…]
Alors chacune s'emparait de son poisson barbu, saisissant le marin par
la cheville et le traînant à sa suite :
dans un
silence étrange qui s'était produit brusquement
avec le
naufrage, le cortège disparaissait alors dans la gueule
noire de
la 'Ricchia. De là-dedans on entendait ensuite un clapotis
comme
de gens en train de lutter au corps à corps, puis une sourde
exhalaison, un halètement, un souffle habité de
soupirs,
et puis plus rien. La 'Ricchia redevenait alors tout à coup,
dedans et dehors, silencieuse et déserte, et cette apparente
solitude répandait immédiatement autour d'elle
une sorte
de peur obscure, une mystérieuse sensation d'effroi,
d'affliction dans une infinie mélancolie. Si l'un d'eux se
retrouvait hors-jeu car n'ayant pu entrer en lice sans son
binôme, il était pris immanquablement d'une sorte
d'effroi
en se voyant tout seul : c'était comme si le jeu
était devenu une réalité vraie, comme
si la farce
était devenue une tragédie, comme si tous ses
amis ne
devaient jamais plus sortir de la grotte. Il lui prenait alors l'envie
de hurler, et parfois certains criaient pour de bon, appelant les noms
de ses compagnons un par un, et à force de les appeler et de
ne
pas avoir de réponse, il y en avait qui
éclataient en
sanglots, ce qui arrivait à coup sûr quand ceux
qui
restaient dehors étaient quelques-uns des plus gamins, Enzo
ou
Salvatorer, par exemple. On aurait dit alors que ce gosse pleurait sur
le sort de ces marins étrangers, et en y repensant cela
rendait
tout extraordinairement vrai dans leur imagination.
Le
texte original est celui de l'édition
d' “ Horcynus Orca ”
publié en 1982
aux éditions Mondadori (Oscar) ; l'extrait traduit
y figure
aux pp. 661-662 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Stefano
D'Arrigo, « Codice
siciliano », Milano : All'insegna del Pesce d'oro,
1957
- Stefano
D'Arrigo, « Codice
siciliano » nuova
edizione con aggiunte,
Milano : Mondadori, 1978
|
- Stefano
D'Arrigo, « I fatti della fera »
(1961), a cura
di Andrea Cedola e Siriana Sgavicchia, Milano : Rizzoli, 2000,
2004
|
- Stefano
D'Arrigo, « Horcynus Orca »,
Milano : Mondadori, 1975, 1982, 1995
- Stefano
D'Arrigo, « Horcynus Orca » nuova
edizione con le
ultime inedite correzioni d'autore, introduzione di Walter
Pedullà, Milano : Rizzoli, 2003
- Stefano
D'Arrigo, « Horcynus
Orca » aus dem Italienischen
und mit einem Nachwort von Moshe Kahn, Frankfurt am Main : S.
Fischer, 2015
|
- Stefano
D'Arrigo, « Cima
delle nobildonne »,
Milano : Mondadori, 1985
- Stefano
D'Arrigo, « Femme par magie »
trad. de l'italien
par René de Ceccatty, Paris : Denoël (Arc-en-ciel),
1986
|
- Stefano
D'Arrigo, « Il licantropo, e altre prose
inedite » a cura di Siriana Sgavicchia,
Pistoia : Via
del Vento (Ocra Gialla), 2010
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mise-à-jour : 12
mai 2015 |
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