NOTE DE L'ÉDITEUR : Melampu, vieux garçon solitaire, grand rêveur et lubrique à ses heures, s'apprête à fêter son cinquantième anniversaire. Mais pas avec mademoiselle Rodia, la receveuse des postes, chienne avant-coureuse de la mort, dont il repousse énergiquement les avances.

Facteur du petit village sarde de Pirakerfa, Melampu s'aperçoit alors que son défunt copain Mitrio Zigattu reçoit encore des lettres de l'étranger. Lettres d'amours et d'aventures. Il répond à sa place.

Le poète s'éveille. La beauté s'insurge. Galdina, la prostituée locale, peut venir partager sa solitude. Melampu, orphelin du bonheur, vivra jusqu'au bout sa folie.

EXTRAIT

Le crépuscule est encore loin et le soleil descend lentement du causse de Licosu vers la plaine d'Ollini. Melampu s'arrête pour le regarder tandis qu'il se noie entre les feuillages clairsemés des chênes-lièges et les mamelons de granit qui s'y reflètent comme des ondes de pierre. Il ramasse une poignée de fruits noirs sur les ronciers qui entourent les jardins de Sa Menta Pudia et reprend son chemin, convaincu plus que jamais que la vieillesse apporte plus de peurs que d'espérances. Peut-être n'en avait-il pas toujours été ainsi. Peut-être qu'à Pirakerfa, il fut un temps où les hommes pactisaient avec la terre, avant le labourage et avant la mort, et où l'on avait moins peur de la vieillesse. ☐ p. 94

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

• « Il postino di Piracherfa », Nuoro (Sardaigne) : Il Maestrale, 2000

• « La légende de Redenta Tiria », Paris : Flammarion, 2008
• « La veuve aux pieds nus », Paris : Flammarion, 2012