8ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2006)
ouvrage sélectionné |
Comme un besoin
d'utopie : le Parcours du Regard, un parcours d'art
contemporain en Corse / Maddalena Rodriguez-Antoniotti ;
préface de Jean-Louis Pradel. - Ajaccio : Albiana,
2005. - 254 p. : ill. ; 32 cm.
ISBN 2-84698-125-6
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Avec
l'île, pour un infini entretien. |
Chaque été pendant huit ans,
de 1991 à 1998, le village d'Oletta en Haute-Corse a
accueilli le Parcours du Regard — forum
dédié à l'art contemporain.
Initiatrice et animatrice de la manifestation, Maddalena
Rodriguez-Antioniotti réunit ici les traces
d'une aventure unique, riche d'expositions, de discussions et de
rencontres.
« Comme un besoin
d'utopie … » permet une
évaluation rétrospective du parcours
effectué en commun par des artistes, souvent
suspectés de s'adresser à une élite,
et une communauté exposée au risque du repli 1. Sous cet angle, la durée de vie de la
manifestation (huit éditions consécutives) donne
épaisseur et consistance au propos, mais le terme
brutalement imposé par les contraintes de fonctionnement et
surtout de financement marque les limites assignées
à toute expérimentation dérangeante.
Demeurent donc
ces traces, sillage d'une expérience
dont le moindre mérite n'est pas d'avoir
rafraîchi, en le dépaysant, le débat
récurrent sur l'art contemporain 2. Le retrait loin des instances où
s'élaborent les discours autorisés rend possible
une ouverture du regard que signale Jean-Louis Pradel, sensible
à « la présence des
œuvres qui paraissent surgir spontanément du lieu
lui-même » 3.
L'art
d'aujourd'hui retrouve, sous cet éclairage, son
âpreté, sa singularité et son aptitude
à émouvoir ; il ouvre une perspective
d'où l'utopie n'est pas absente. La rencontre avec la Corse,
comme l'a vécue Matisse à l'aube de l'art
contemporain, demeure hautement fructueuse.
1. |
Qui peut prendre bien des
formes comme, par exemple, le campanilisme … ! |
2. |
Dans sa contribution
à « L'art en
mouvement : émergence d'un art contemporain
à Tahiti » (Papeete :
Le Motu, 2005), Riccardo Pineri ne force pas le trait en rappelant que
« l'art contemporain va bientôt
fêter ses cent ans ». |
3. |
Préface,
p. 1 |
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Le
Parcours du Regard, c'est huit années de
présence estivale au cœur du village d'Oletta de
nombreux artistes contemporains. Une ébullition artistique
volontairement inscrite dans les lieux les plus improbables (caves,
ruelles, placettes), à la recherche de cette alchimie
secrète appelée
« rencontre ». Rencontre avec
l'Art, avec l'artiste, avec les lieux, avec les gens qui
laissèrent traces et espérance.
L'ouvrage est un recueil des
plus belles pages de cette expérience hors du commun,
première de son genre en Europe, avec à l'appui
une iconographie de premier ordre complétée de
témoignages des artistes en situation.
Dans la catégorie
Beaux-livres, Comme un besoin d'utopie est le
premier à consacrer, en Corse, l'Art contemporain sous
toutes ses formes.
Sont présents à travers
leurs œuvres : Hervé Di Rosa, Ernest
Pignon-Ernest, Ange Leccia, Hervé
Télémaque, Claude Viallat, Cueco, Daniel Dezeuze,
Fred Forest, François Boisrond, Mahjoub Ben Bella, Simone
Picciotto, Franta, Jean-Paul Marcheschi, Mohammed Khadda,
René-François Gregogna, Raza, Lucie
Meyer ; des artistes insulaires tels Toni Casalonga, Mighele
Raffaelli, Jean-Pierre Orsoni, Louis Schiavo, Dominique Degli-Esposti,
Bernard Filippi, Guy-Paul Chauder, Martin Broomberg, Joseph Orsolini,
Luc Leccia, Xavier Chilini, Pierre Pardon, José Pini, Pierre
Rossignol, Jean-Laurent Albertini, Marc Ledoyen,
Jérôme Casalonga, Nicole Saussois,
François Retali, Agnès Accorsi, Francette Orsoni,
Isabelle Airola, Christine Chiorboli, Jean-Marie Bartoli, Barba
Filippi ; ainsi qu'à des titres divers, Marcelin
Pleynet, Yves Michaud, Marie-Odile Briot, Jean-Pierre, Barou, Jacques
Thiers, José Lorenzi, Moni Grego, Michèle Ettori
et bien d'autres …
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EXTRAIT |
Durant la longue table-ronde de 1997, Jean-Pierre
Barou note (…) que Lévi-Strauss avait pour
bréviaire Voyage en terre du Brésil
écrit au XVIe siècle par Jean de Léry,
parce que ce récit permettait de découvrir une
société qui n'était pas encore
polluée par l'Occident. C'est bien ce mirage
décalé d'une terre promise vivant à
une sage lenteur, auquel s'ajoute la révélation
de la lumière, qui, à partir du XIXe siècle, aiguise la
séduction exercée par la Corse. Île de
surcroît, « figure »
ayant toujours fasciné l'imaginaire européen.
Celui des artistes tout particulièrement,
émigrants d'idéal, pour qui le voyage se
conjugue, par nature, à une initiatique
échappée belle. Dans l'attente de ces
coïncidences où se rejoindraient la fibre de
l'intime et celle de l'étranger. Dans la
nécessité de vérifier l'inexprimable
du réel. Que ce soient Edward Lear, Gaston Vuillier —
ce dernier parlera pour la Corse, la Sardaigne et les
Baléares « d'îles
oubliées » —,
Henri
Matisse, James Whistler, Fernand Léger, Paul
Signac, Bram Van Velde, Richard Mortensen et d'autres encore. Maurice
Utrillo a pu ainsi confier : « Je partis
à la fin de ce printemps 1913 vers une destination lointaine
et érotique : la Corse, pays sauvage et
aride ». Somme toute, ce scrapbook
actualise quelque peu l'étude publiée par Jean-Marc Olivesi,
portant sur les voyages d'artistes en Corse à la fin du XIXe et surtout au début du XXe siècle. Exercices de la
liberté et des signes. Mais qui alors
« de l'artiste ou du marin est le
véritable découvreur des
îles » 1 ?
☐ Etonnante
île de beauté,
p. 190
1. |
Marie-Jean Vinciguerra,
« L'île-poème, alambic du
Pays-Réel », in (collectif) Tous
les les matins de Corse, Marseille : Autres temps,
1998 (p. 81). |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Maddalena
Rodriguez-Antoniotti,
« Bleu
Conrad : le destin méditerranéen
de Joseph Conrad », Ajaccio :
Albiana, 2007
- Maddalena
Rodriguez-Antoniotti,
« Corse, élogue de la ruralité
», Marseille : Images en manœuvres, 2010
- Maddalena
Rodriguez-Antoniotti,
« Terre de Crète »,
Bastia : Eoliennes, 2017
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mise-à-jour : 16
janvier 2018 |
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