Le
périple de deux captifs — un conte corse
/ Paul Dalmas-Alfonsi. -
Paris : Flies France, 2016. - 93 p. ;
18 cm.
ISBN 978-2-37380-100-2
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Qu'en
est-il de l'histoire de Finalteriu et de Marfisa, deux jeunes
personnages aux prénoms si traditionnels ?
Heurtés
par un destin adverse, enlevés, loin de leurs parages, les
voilà contraints de hanter et le monde et les mers. Corse et
rivages de Sardaigne, nord de l'Afrique et jusqu'à
Chypre …
Un
récit d'aventures ? Un conte
sur l'Orient ? Manœuvres de pirates, prises et
captivité ; ennemis ou alliés ;
stratagèmes à déjouer : un
sens de la vie qui
s'aiguise pour des héros déterminés.
Protecteurs
inconstants, créatures mauvaises, monstres marins,
tempêtes … Leur histoire est
là
— vraie de vraie.
MAURICE
MOURIER :
Paul Dalmas-Alfonsi est d’abord un chercheur, un ethnologue
qui a
déjà beaucoup apporté à la
connaissance de
la culture populaire corse, aujourd’hui encore si mal
perçue. Avec modestie et obstination, il s’est
accroché, dès la fin des années 70 de
l’autre siècle, à la
littérature orale
véhiculée par les femmes de sa famille.
[…]
Cependant Paul Dalmas-Alfonsi a aussi très vite
élargi
son champ d’investigation à toute une gamme de
documents
paralittéraires : chants funèbres ou
patriotiques et
chansons, proverbes, devinettes, enfin contes pour enfants et adultes.
— Extrait
d'un article publié initialement dans la revue Diasporiques
et cité par Racines
Corses.
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En
Corse comme ailleurs, le conte est à l'origine
porté par
la voix et s'accompagne du geste ; il est plastique, adaptable
au gré des circonstances
ou des attentes de l'auditoire, toujours susceptible d'être
déformé — à dessein
ou non. Il faut
aujourd'hui faire appel à l'écriture pour assurer
la
survie de ce genre, alors qu'il était hier
présent aux quatre coins
du monde.
Paul
Dalmas-Alfonsi a eu le privilège d'approcher et
d'écouter
de vrais maîtres appartenant à la
dernière
génération des conteurs de son
île : sa
grand-mère Francesca Maria Alfonsi et plusieurs de ses
amies. La
qualité des transcriptions qu'il propose est donc
fondée
sur l'écoute attentive des meilleurs
sources : le rythme de la parole 1
est respecté, comme la
connivence entre le conteur et son audience.
Comme
l'indiquent parfois les éditeurs, le conte s'adresse aux
lecteurs de tous les âges — et pas
seulement aux plus jeunes ; il a une portée
universelle alors même qu'il s'inscrit dans un monde
clairement
circonscrit : « Marfisa vivait en Casinca
et Finalteriu
très au sud, dans les parages de Sartè (pour
nous, c'est
au bout du monde) » 2.
Quelques notes précisent cet ancrage de la matière de Corse
au sein d'un imaginaire largement partagé du nord au sud et
de
l'est à l'ouest de l'Europe 3.
Enfin, les ressorts qui tendent
l'intrigue ne sont pas moins efficaces aujourd'hui qu'hier.
1. |
Le conte va droit au but. Il lui faut de l'allant,
de l'entrain ; les détails ne sont retenus que
s'ils parlent. |
2. |
Le
périple de deux captifs, p. 9 |
3. |
On
retrouve sans surprise, au fil de ces notes, Cervantès et
Rousseau : deux mondes, deux siècles, deux langues. |
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EXTRAIT |
À
cette époque, en mer de Corse, les pirates barbaresques
faisaient la loi, sur leurs felouques. Dangereux, rapides et
précis, ils connaissaient tous les mouillages, tous les
petits
recoins de côte. Ils pouvaient même à
l'occasion
s'aventurer loin dans les terres.
Il faut croire qu'ils
s'entraînaient avant de passer à l'attaque. (Oui,
sûrement qu'ils s'entraînaient comme une
équipe de
sportifs, une troupe de spadassins.) Ils arrivaient
discrètement
et ils enlevaient par la ruse des gens à placer comme
esclaves,
à échanger contre rançon.
Les pirates
savaient les usages et qu'il y aurait beaucoup de monde pour la
fête de san Pancraziu. Le jour des fiançailles
entre
Marfisa et Ciamburlinu, ils ont bien tiré leurs bateaux
derrière les bois du bord de mer puis ils se sont tapis par
paires aux alentours du champ de foire.
Pris par l'émotion
générale des deux familles
rabibochées, les
guetteurs corses étaient distraits ou endormis pour avoir bu.
Les
brigands ont fait la surprise d'une attaque très bien
ciblée et ils ont enlevé Marfisa et quelques
autres
jeunes gens (peu de monde mais bien choisi).
☐ pp. 14-16 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Pruverbii
è detti corsi » (texte en corse et trad.
en
français) recueillis auprès de Divota Giovannetti
et
Francesca Maria Alfonsi, Paris : Rivages, 1984
- «
La Corse de Francesca Maria » récit
recueilli par
Paul Dalmas-Alfonsi, Paris : Payot (Récits de vie),
1995
- « Ficchittinu
et les sorcières = Ficchittinu è le
streghe » conte recueilli auprès de
Felice Orsini,
Nucariu : Cismonte è Pumonti, 2010
- « Contes
corses », Saint Jean-des-Mauvrets : Ed. du
Petit pavé, 2012
- « Le
voyage d'Orsantone, et autres contes corses »,
Bordeaux : Elytis (Les Contes), 2013
|
- Rinatu
Coti, « A santacroci =
L'abédédaire » éd.
et trad. du corse
par Paul Dalmas-Alfonsi, Ajaccio : Matina latina,
Paris :
Eoliennes, 2006
- Rinatu Coti,
« De la faculté
d'être = Intornu a
l'essezza » trad. du corse et
préfacé par Paul
Dalmas-Alfonsi, Paris : Eoliennes,
Issy-les-Moulineaux : Casa
di u populu corsu, 2004
- Farrandu
Ettori,
« Farrandu Ettori » textes
éd. et trad. du
Corse par Paul Dalmas-Alfonsi, Nucariu : Cismonte è
pumonti, 2006
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mise-à-jour : 16
mai 2018 |
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