Portrait de Charles
Bonaparte d'après ses écrits de jeunesse et ses
mémoires / Dorothy Carrington. - Ajaccio : Alain
Piazzola, 2002. - 117 p.-[16] p. de facsimile ;
24 cm.
ISBN 2-907161-76-8
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ANTOINE-MARIE GRAZIANI : Dans son Portrait de Charles Bonaparte,
Dorothy Carrington se penche à nouveau sur les ancêtres
de Napoléon […]. Sans méconnaître les travaux
déjà publiés […] elle essaie de rebattre
les cartes. Comme Xavier Versini, elle élimine rapidement
les éléments de la légende familiale forgés
par Napoléon lui-même […] : un père
viveur, léger, un « homme de plaisir ».
Bases de la légende popularisée par Stendhal — parce
que lui aussi méprise son père et idolâtre
sa mère, il a laissé un portrait sans nuance du
couple Bonaparte — celles-ci sont approximatives et
mériteraient une interprétation psychanalytique
sur le rapport d'un fils à son père toujours absent.
Mais pour rétablir un
peu de vérité, Dorothy Carrington oppose à
ces propos une pièce qu'elle publie en appendice, le Raggionamento
istorico, dans laquelle, en quelques feuillets, Charles Bonaparte
fait connaître un petit condensé de ce qu'a été
sa « vraie » vie. Une pièce un peu
sèche, mais où l'auteur nous livre quelques éléments
importants : non, son mariage avec Laetitia ne fut pas le
mariage d'amour décrit par nombre d'historiens « avec
la plus belle femme de l'île », mais un mariage
de convenance imposé par ses oncles ; oui, il fit
des études de droit à Pise, comme nombre de ses
compatriotes ; oui, il vécut à Rome, une ville
qu'il quitta pour s'engager sous la bannière de Pascal
Paoli et de l'État insulaire. La suite est un portrait
minutieux [du] « rallié ambitieux »
dont il n'est, avouons-le, pour cette période, qu'un des
nombreux représentants dans la notabilité insulaire.
Sans doute, on s'étonne
çà et là de la place que Dorothy Carrington
laisse à la réfutation des propos d'historiens
douteux ou de contemporains malveillants. Mais, c'est là
sa méthode : partout elle nous apparaît attentive
et consciencieuse, traquant le moindre morceau de texte paru
en relation avec son sujet, n'oubliant jamais ses nombreux amis,
comme le révèle amplement une orientation bibliographique
« colossale » au vu de la centaine de pages
de son Portrait.
☐ Corsica, mars 2002
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PHILIPPE-JEAN CATINCHI : De la fréquentation minutieuse d'archives
rarement consultées et jamais éditées, l'avocate
de Charles Bonaparte démonte la légende noire d'un
« homme de plaisir », léger, dépensier
et viveur, orchestrée par son fils lui-même, trop
soucieux d'idolâtrer sa mère pour s'encombrer de
nuances […]. Non qu'elle l'absolve ! La légèreté
résiste, mais pas la légende d'études de
droit à Rome. Quant à la vérité sur
un mariage arrangé par un oncle astucieux, elle permet
de comprendre le poids de la tradition toute laïque du mariage
coutumier […]. L'important reste l'engagement au service de
la patrie corse au côté de son babbu, le
général Paoli, le dévouement sans ambiguïté
à la cause nationale, que son reclassement dans l'ombre
des vainqueurs, après la défaite de Ponte Novu,
en mai 1769, fait injustement méconnaître. Ambitieux,
entreprenant, ce « rallié » qui
se dépensa sans compter pour assurer aux siens un avenir
convenable sous le nouveau maître, courtisan et politicien,
élève des jésuites, puis des franciscains,
eut beau faire une fin dévote, il lui manquait un tombeau
littéraire. Dorothy Carrington le lui offrit in extremis.
☐ Le Monde des livres, 30 mai 2002
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE Née en Angleterre en 1910, Dorothy Carrington a découvert la Corse en 1948 ; le 25 janvier 2002, quelques semaines avant la parution de son dernier livre, elle a quitté cette terre d'élection, à laquelle est consacrée toute son œuvre d'historienne (Notice rédigée grâce à l'efficace et amicale complicité de Jean-Jacques Colonna d'Istria) | - « Trésors oubliés des églises
de Corse » avec Geneviève Moracchini, Paris : Hachette, 1959
- « This Corsica :
a complete guide », Londres : Hammond & Hammond,
1962
- « Granite
island, a portrait of Corsica », Londres : Longman,
1971 (nombreuses rééditions chez Penguin books) ;
sous le titre « Corsica, portrait of a granite
island », New York : John Day, 1974 ;
« Corse, île de granite », trad.
française de Madeleine Cheyrouze, Paris : Arthaud,
1980 ; « La
Corse », Paris : Arthaud, 1987, 1999, 2014
- « La Corse, des Lumières
à la révolution », Ajaccio : Maison
de la Culture, 1979
- « Sources de l'histoire
de la Corse au Public Record Office de Londres, avec 38 lettres
inédites de Pascal Paoli », Ajaccio :
La Marge, 1985
- « Napoleon and his
parents on the threshold of history », Londres :
Viking, 1988
- James Boswell, « L'île de Corse, Journal d'un voyage »
avant-propos de Dorothy Carrington, Paris : Hermann, 1991
- « Napoléon
et ses parents au seuil de l'histoire », Ajaccio :
Éd. Alain Piazzola / La Marge, 1993
- « En
Corse avec Francis Rose », Ajaccio : Éd.
Alain Piazzola, 1995
- « The dream hunters
of Corsica », Londres : Weidenfeld & Nicolson,
1995
- « La constitution
de Pascal Paoli, 1755 », Ajaccio : La Marge,
1996
- « Mazzieri, finzioni,
signadori : aspects magico-religieux de la culture corse »,
Ajaccio : Éd. Alain Piazzola, 1998
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mise-à-jour : 6 juillet 2014 |
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