parutions 2014

EXTRAITS

Romain, je vais essayer de faire court …        Je t'écris de Corse. Un pays que tu connais bien, puisque c'est dans un petit village de cette île que tu t'es marié avec Jean Seberg. Toi, tu dis « Djaine », avec l'accent qui convient (…). Le village en question se nomme Sarrola Carcopino à quelques petits kilomètres d'Ajaccio. La cérémonie du mariage a eu lieu le 13 octobre 1963 grâce à la complaisance du maire Noël Sarrola, un ancien partisan de la France libre. Le maire avait publié les bans seulement quelques heures, au lieu des dix jours imposés par la loi, Djaine et Romain ayant obtenu une dispense concernant le délai de publication à cause — et c'est la version officielle — « de l'urgence à procéder au mariage ». ☐ Romain Gary : brève escale en Corse, p. 18

Antoine évoque des pays dont déjà seuls les noms vous chavirent l'esprit. Il dit « Samarcande », « Trébizonde », « frangipanier », « lumière des tropiques » avec l'air entendu de celui qui savoure l'effet qu'il produit. ☐ Le quatuor insulaire, pp. 52-53 On dit … on dit, évitons-nous les « on dit », ils favorisent le mauvais œil, dit Pascaline, en faisant les cornes derrière son dos. Ce geste traduit le métissage dont nous sommes issus. Dès la naissance, le pays nous baigne dans la religion et les superstitions. ☐ ibid., p. 58 Toussaint évoque les vieux qui parlent la langue de la terre retrouvée, celle où affleurent les relents de leur généalogie : « Les colonies d'Afrique ou d'Asie, c'étaient nos paradis éloignés, là où nous pouvions nous épanouir avant de revenir au pays, faire croire qu'ailleurs nous avions vécu dans l'opulence ». ☐ ibid., p. 57 « Il manque à ce pays d'avoir enfanté un peintre comme Hokusaï pour apprivoiser le relief et les cent aspects de ces montagnes qui apparaissent, l'une après l'autre, bleues avec l'aurore, vert crépu le jour, sombres au crépuscule » … Je cite Célestine, de mémoire, parce que le Japon lui est une patrie rêvée. ☐ ibid., p. 54