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J'attendrai la fin du monde / Alain Gordon-Gentil. - Paris : Julliard, 2016. - 235 p. ; 21 cm.
ISBN 978-2-260-02426-2
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Ecrire, ce n'est pas seulement dire ce que l'on pense,
c'est aussi cacher qui l'on est.
☐ “ J'attendrai la fin du monde ”, p. 134 |
NOTE DE L'ÉDITEUR : En
1967, les Mauriciens sont partagés entre indépendantistes
et partisans de la domination britannique. Au cœur de ce conflit,
Horace Baudelaire, journaliste de son état, a bien du mal
à trouver sa place. Descendant d'un des plus grands
poètes français, ce gentil garçon souffre d'un mal
étrange : il ne peut s'empêcher d'agir (et
d'écrire) à rebours de ses convictions profondes.
Avec
un mélange d'humour toujours un peu cruel et de tendresse
lucide, Alain Gordon-Gentil dépeint la société
mauricienne qu'il connaît si bien. Retraçant un
demi-siècle d'histoire, il livre ici une réflexion
originale sur la question très actuelle de l'identité et
des origines.
| ❙ | Né
en 1952 dans le village de Pamplemousses, à l'île Maurice,
Alain Gordon-Gentil a fait carrière dans le journalisme.
Rédacteur en chef d'un magazine d'investigation qu'il avait
fondé, Le Mag, il a
été jeté en prison en 1994 par les
autorités policières pour avoir publié des
“ secrets-défense ”. En 1996, il abandonne
le journalisme pour devenir l'un des conseillers de l'ex-Premier
ministre de l'île Maurice, le docteur Navin Ramgoolam. Il dirige
aujourd'hui une société de production. |
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| EXTRAIT |
Ça fait une semaine que nous sommes indépendants.
Oui. Une semaine. Sept jours.
Ce
matin, dès mon réveil, une remontée de vieilles
larmes ralentit ma respiration, fait trembler tout mon corps. C'est
sans doute ce voyage amer et sombre sur les quais de Port-Louis auquel
je pense et qui me freine le sang … Ces mêmes quais
où j'ai vu embarquer pour la terre australienne des cohortes
d'hommes, de femmes et d'enfants secoués de cris rauques et secs
qui me hantent encore.
Ce matin, dans le frais soleil d'hiver,
je suis debout derrière Aansa, tellement proche que ses cheveux,
qui sentent la canelle et le détergent, me chatouillent le nez
et masquent l'odeur de diesel qui monte de l'eau verte de la rade.
Rien
n'a changé. Pas même les couleurs : le ciel est
toujours bleu, les arbres verts, l'asphalte gris-noir, la mer
émeraude, les mosquées blanches, les pagodes rouges, les
pauvres noirs, les riches blancs, les yeux d'Aansa bleus ; et
personne ne semble étonné. Nous sommes
indépendants et la nature s'en fout. Elle poursuit sa route avec
la nonchalance du conquérant. Certains doivent se dire :
“ On nous a menti ”.
Le cataclysme n'a pas eu lieu.
☐ pp. 121-122 |
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| COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le droit à
l'excès » entretiens avec Gaëtan Duval,
Port-Louis (Maurice) : Caslon printing, 1987
- « Le théâtre de Port-Louis », Port-Louis (Maurice) : Vizavi, 1994
- « L'incarné du voyage », Port-Louis (Maurice) : Vizavi, 1996
- « Quartiers de Pamplemousses », Paris : Julliard, 1999
- «
Le voyage de Delcourt », Paris : Julliard, 2001 ;
Pamplemousses (Maurice) : Pamplemousse productions, 2013
- « Carnets confidentiels, 1996-1997 : dans l'état où je suis », (Maurice) : s.n., 2002
- « Apartés », Port-Louis (Maurice) : 18 Éd., 2004
- « Apartés, tome II », Pamplemousses (Maurice) : Pamplemousses productions, 2007
- « Devina », Paris : Julliard, 2009
- « Légère
approche de la haine : Quartiers de Pamplemousses, 2e
partie », Pamplemousses (Maurice) : Pamplemousses
production, 2009
- « Le chemin des poussières », Pamplemousses (Maurice) : Pamplemousses productions, 2012
- « Marika est partie » adaptation théâtrale du Voyage de Delcourt, Pamplemousses (Maurice) : Pamplemousses productions, 2014
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| Sur le site « île en île » : dossier Alain Gordon-Gentil |
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| mise-à-jour : 13 janvier 2020 |
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