Le
démon de l'île solitaire / Edogawa
Ranpo ; trad. du
japonais par Miyako Slocombe. - Paris : Wombat, 2015. -
311 p. ; 21 cm. - (Iwazaru, 6).
ISBN
978-2-919186-71-6
|
|
C'est
loin, au-delà de la mer. En enfer. Dans l'île aux
démons.
p. 167 |
Plus d'un démon hante l'île
solitaire
d'Edogawa Ranpo. Plus d'une horreur s'y épanouit. Quand ils
arrivent sur l'île en quête de réponses
au
défi soulevé par trois crimes en apparence
inexplicables,
deux amis sont vite confrontés à l'horreur
— aux fruits de monstrueuses expériences
cliniques,
aux tours et détours d'un labyrinthe démoniaque,
aux
tentations d'un érotisme morbide … mais
aussi aux
perspectives plus enviables d'une chasse au trésor.
L'exercice
se plie aux règles implicites du roman-feuilleton, propices
aux
rebondissements les plus improbables. Mais l'auteur prend ses distances
en confiant la narration à l'un des protagonistes, qui
précise opportunément : “ je ne suis pas
écrivain ”. Cette subjectivité
présumée autorise distorsions, écarts
ou
déviances ; jusqu'au dénouement,
censé
introduire le minimum de normalité apparente pour que la vie
reprenne son cours.
NOTE
DE L'ÉDITEUR :
Edogawa Ranpo, nom de plume de Tarô Hirai (1894-1965) choisi
en
hommage à Edgard Allan Poe, est le maître de la
littérature policière et fantastique japonaise
des
années 1920 à 1960. Tout en assumant ses
influences
occidentales (Edgar Poe, H. G. Wells, Conan
Doyle …),
Ranpo instille à ses récits un ton unique
mêlant
érotisme, perversion, grotesque et macabre.
|
EXTRAIT |
(…) Les
falaises de l'île de la caverne rocheuse, avec leur surface
irrégulière, avaient une forme complexe, et c'est
dans la
partie la plus saillante que se trouvait la caverne en question.
Celle-ci, dont j'ignorais la profondeur, ressemblait
à la
gueule noire d'un démon, et la crête des vagues
déferlant sur elle évoquait des crocs
terrifiants. Plus
on fixait son regard et plus on croyait discerner sur la falaise
au-dessus, les yeux et le nez de ce démon. Pour un
naïf
comme moi, qui étais né et avais grandi
à la
capitale, cette île solitaire des mers du Sud
était comme
un autre monde, infiniment mystérieux. Une île
perdue
où les habitations se comptent sur les doigts de la main,
une
demeure aux allures de vieux château, des jumeaux
enfermés
dans un grenier, des infirmes séquestrés dans des
chambres condamnées, la caverne d'un gouffre du diable qui
ingurgite les hommes … tout cela, pour un natif de
la
ville, semblait surgi d'un conte mystérieux et fantastique.
Hormis
le son monotone des vagues, l'île toute entière
était plongée dans le silence, comme
morte ; on ne
voyait personne à perte de vue et le soleil
d'été
brûlait le blanc chemin de graviers.
C'est alors que
j'entendis, tout près de moi, un toussotement qui m'arracha
à ma rêverie.
☐
pp. 204-205 |
|
COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Le démon de l'île solitaire
», Paris : 10/18 (Grands détectives), 2017
|
|
|
|
mise-à-jour : 20 mai 2021 |
|
|
|