L'Edda,
récits de mythologie nordique / Snorri Sturluson ;
trad. du
vieil islandais, introduit et annoté par
François-Xavier
Dillmann. - Paris : Gallimard, 1991. -
231 p.-[8] p. de
pl. : ill. ; 23 cm. - (L'aube des peuples).
ISBN
2-07-072114-0
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NOTE
DE L'ÉDITEUR : Rédigée
au début du XIIIe
siècle par l'éminent historien Snorri Sturluson,
l'Edda constitue
le recueil de mythologie nordique le plus complet que nous ait
légué le Moyen Âge scandinave. Au cours
de
récits souvent hauts en couleur, l'auteur retrace tout
d'abord
la création du l'univers à l'origine des temps,
avec
notamment l'épisode du démembrement d'Ymir, le
géant primitif ; puis il présente les
principaux
dieux de l'antiquité païenne et raconte leurs
exploits,
leurs aventures et leurs querelles, tandis qu'à
l'arrière-plan se profile de plus en plus nettement le drame
du
monde, le fameux Crépuscule des dieux, dont la description
particulièrement saisissante constitue le point d'orgue de
l'ouvrage.
Bien qu'il
ait été conçu plus de deux
siècles après la conversion officielle de
l'Islande au
christianisme, ce traité témoigne d'une intime
connaissance des poèmes mythologiques composés
à
l'époque païenne tant en Norvège que
dans
l'île des sagas. À ce titre, l'Edda
offre un intérêt capital pour l'étude
de l'ancienne
religion scandinave, de même que pour les enquêtes
de
mythologie comparée indo-européenne.
[…]
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FRANÇOIS-XAVIER
DILLMANN
: […]
L'Edda de
Snorri offre un aspect composite : le recueil s'ouvre sur un
traité de mythologie (la Gylfaginning), se
poursuit sur une poétique (les Skaldskaparmal) et
se clôt sur un poème et son commentaire (le Hattatal). Seuls la
Gylfaginning
et quelques chapitres des Skaldskaparmal
se prêtent véritablement à la
traduction dans le
cadre d'une collection comme celle-ci, les autres parties du recueil
apparaissant ne pouvoir être rendues intelligiblement en
français qu'au sein d'une édition scientifique,
de
préférence bilingue et pourvue d'un important
appareil
critique et d'un long commentaire, tant sont nombreux dans le Hattatal et dans
les Skaldskaparmal les
termes techniques, les vocables poétiques, les listes de
synonymes et les circonlocutions défiant tout essai de
traduction littéraire.
Il en résulte que dans ce volume, c'est d'abord un choix de
récits mythologiques qui est présenté
aux
lecteurs : il comprend la quasi-totalité de la Gylfaginning et
les principaux passages en prose des Skaldskaparmal.
En cela, nous avons suivi l'exemple de l'édition originale
procurée en 1950 par deux grands noms des études
norroises, Anne Holtsmark et Jón Helgason. Comme eux, nous
avons
écarté le prologue et l'épilogue de la
Gylfaginning,
d'autant plus volontiers que leur attribution à Snorri est
toujours sujette à caution.
[…]
☐ Introduction, p. 22
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EXTRAIT |
Gangleri
demanda alors : « D'où vient le
vent ? Il
est si fort qu'il met en mouvement de vastes mers et qu'il attise le
feu. Mais tout fort qu'il est, on ne peut le voir. C'est là
une
étrange création. »
Le
Très-Haut répondit :
« Il m'est facile de
te le dire. À l'extrémité
septentrionale du ciel
siège le géant appelé
Hræsvelg
[littéralement : " celui qui
dévore les
cadavres "]. Il a la forme d'un aigle, et, quand il prend son
vol,
le vent s'enfle sous ses ailes, comme il est dit ici :
Hræsvelg s'appelle
Celui qui
siège aux confins du ciel,
Géant
à forme d'aigle.
De ses ailes on dit
Que souffle le vent
Sur tous les hommes.
»
Gangleri
demanda alors : « Pourquoi y a-t-il une si
grande différence entre l'été, qui est
chaud, et
l'hiver, qui est froid ? »
Le
Très-Haut répondit :
« Voici une
question que ne poserait pas un homme instruit, car tout un chacun peut
expliquer cela. Mais, même si tu es ignorant au point
d'être à présent le seul à
ne rien avoir
entendu dire à ce sujet, je veux considérer avec
bienveillance le fait que tu préfères poser une
question
sans discernement plutôt que de demeurer plus longtemps dans
l'ignorance de ce qu'il t'est fait obligation de savoir. Le
père
de Sumar (" été ") s'appelle
Svasud. Il
mène une vie si heureuse que tout ce qui est doux est
appelé, à l'aide de son nom, svasligt
(" aimable ").
Quant au père de Vetr (" hiver "), il est
appelé tantôt Vindloni, tantôt Vindsval,
et il est
fils de Vasud ; ces parents étaient des
êtres au
tempérament cruel et au cœur glacial, et Vetr a
hérité de leur nature.
☐
pp. 50-51 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « Histoire des rois de Norvège,
Tome 1 : Des origines mythiques de la dynastie à la
bataille de Svod » trad. et présenté par
François-Xavier Dillmann,
Paris :
Gallimard (L'Aube des peuples), 2000
- « Histoire des rois de Norvège, Tome 2 : Histoire du roi Olaf le Saint » trad. et présenté par François-Xavier Dillmann,
Paris :
Gallimard (L'Aube des peuples), 2022
- « La
saga de saint
Óláf, tirée de la Heimskringla » trad. et présenté par Régis Boyer,
Paris : Payot & Rivages (Petite bibliothèque, 77), 2007
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mise-à-jour : 6 mai 2022 |
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