Autour des
îles bretonnes (Bréhat, les Sept-Îles,
Batz,
Molène, Ouessant, Sein, etc.) / Théophile
Caradec ; lettre-préface de Charles
Le Goffic. -
Monein : Pyrémonde, 2007. -
186 p. :
cartes ; 24 cm.
ISBN 2-84618-501-8
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Après
Batz et avant l'île Tristan, les îles de la mer
d'Iroise sont au cœur de la
“ tournée
extraordinaire ” effectuée par
Théophile
Caradec au long des côtes de Bretagne. La relation de ce
périple donne la
mesure de l'écart qui subsistait au tournant des XIXe
et XXe
siècles entre le monde auquel appartient et s'adresse le
voyageur et celui qu'il décrit — entre centre et
périphérie, entre civilisation et sauvagerie.
Caradec
observe avec sympathie, avec acuité parfois, mais jamais
sans oublier d'où il vient.
Sous
sa plume, Molène, Ouessant et Sein semblent les vestiges
d'un monde révolu, âpre mais non
dénué de
charme. La nature y est chaotique, empreinte d'une violence qui
imprègne les mœurs et se reflète dans
la rude
physionomie des insulaires.
Le
regard qu'il porte sur les femmes, ces « fleurs des
grèves » à l'allure
primesautière ne
dissimule pas une émotion réelle, mais la forme
1
qu'il donne à son rapport s'accorde à l'attente
de ses
lecteurs continentaux : on ne l'imagine pas
caractériser
dans le même registre la population féminine de
Paris ou
de Brest.
1. |
« Ses
afféteries mêmes ont comme un air de
naïveté » relève Charles Le Goffic dans sa Lettre-préface
(p. 5). |
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EXTRAITS |
Les
fillettes, de bonne heure, vont aux champs pour semer, sarcler ou
piquer. Ah ! elles en font de la besogne, à
côté de leurs mères, des gaillardes
taillées
à coups de hache, que je verrai toujours courbées
sur
leurs sillons, commes les rudes paysannes de Millet !
☐ Molène, p. 46
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Sur les
galets,
je rencontre une belle « Fleur des
Grèves », aux yeux d'aigue-marine. Cette
jeune
insulaire marche, pieds nus, sur les roches pointues ; quand
elle
se penche pour faire sa cueillette dans les trous d'eau, j'admire la
belle carrure de sa taille, la robustesse de ses hanches
évasées et le ferme modelé de ses
mollets
cuivrés.
Ses bras arrondis en anse, elle vient à moi. Quand elle est
tout
près, dans son tablier, sur un lit de varechs
ambrés,
elle me découvre toute une moisson de coquillages,
ruisselants
de marée. Elle choisit une poignée de breniques
et, comme
je demeure fort marri de l'offrande, ne sachant comment l'utiliser,
elle tire de son corsage, emmi son cœur, une longue
épingle, et, d'un mouvement rapide, extrait de la coquille
un
tire-bouchon de chair succulente. D'une lèvre gourmande, je
happe le mollusque, tout en regardant les yeux rieurs et la pulpe
appétissante des lèvres de la jeune-fille.
☐ Ouessant, p. 54
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[Le]
travail de
la soude est très simple, mais très
pénible. Il
est fait presque uniquement par les femmes, les hommes mettant leur
amour-propre à n'être que
pêcheurs …
De
distance en distance, on remarque dans l'île des excavations
rectangulaires, divisées en quatre ou cinq loges par des
pierres
plates … Là on incinère le
varech.
Au coucher
du soleil, et surtout le soir, la vision est fantastique,
presque tragique, de tous ces bûchers, épars sur
l'île, et d'où s'élèvent des
colonnes d'une
fumée âcre. Au milieu de ces flammes, aux langues
tordues
par le vent et d'un rouge vif, elles ont l'air, ces îliennes,
de
vestales préposées à l'entretien du
feu
sacré ou de prêtresses druidiques pratiquant le
rituel de
leur culte sauvage.
Il ne
faudrait pas médire de cette opération. Chacun de
ces pains de varech, destinés aux usines de soude, se vend
de
trois à quatre francs. Dans les bonnes années, de
ce
fait, il entre dans l'île de vingt-cinq à trente
mille
francs. Une bonne travailleuse arrive à gagner cinq ou six
cents
francs. Et quels beaux
« animaux », dignes du
pinceau d'un Millet ou d'un Courbet, ces efforts en plein air font de
ces femmes !
J'admire
la robustesse évasée de leurs hanches et la
saillie vigoureuse que font les fibres musculaires de leurs bras sous
leur peau bronzée !
☐ Sein, p. 79
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Autour
des îles bretonnes : paysages, contes,
légendes,
commerce, industrie, pêcheurs de sardines, thoniers,
homardiers », Paris : Librairie Nillson,
Per Lamm
successeur, s.d. (v. 1900)
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mise-à-jour : 7 mai
2008 |
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