Le marin de
Dublin / Hugo Hamilton ; traduit de l'anglais (Irlande) par Katia
Holmes. - Paris : Phébus, 2007. - 301 p. ;
21 cm.
ISBN 978-2-7529-0228-3
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9ème édition du Prix du Livre Insulaire : Ouessant 2007 |
prix « fiction » |
NOTE DE L'ÉDITEUR
: À la fin des années 60, alors que Dublin résonne
des sanglants conflits en Irlande du Nord, le héros de Sang impur,
en grandissant, doit lui aussi affronter ses multiples
démons : son père, le nationaliste autocrate qui
interdit que l'on parle chez lui une autre langue que le
gaélique, et sa mère, dont les origines allemandes le
font traiter de « nazi » à l'école,
et alourdissent encore le sentiment d'exclusion de l'adolescent.
Chargé contre son
gré du poids des souvenirs et des héritages parentaux,
sommé de “ choisir ” entre John Lennon et
Elisabeth Schwarzkopf, le jeune Hugo ne peut que se débattre, et
ses déchirements font écho à ceux qui agitent le
monde autour de lui. Car même dans ce port où il se
réfugie pour trouver dans la nature et la pêche un
apaisement à ses questions, la violence et la peur le
rattrapent …
Cet
été-là le verra partir pour l'Europe, avant de
s'installer et travailler en Allemagne … Car
l'adolescence n'est-elle rien d'autre que cela, le passage
obligé par le reniement de ses origines pour en revenir à
l'acceptation de sa propre histoire
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EXTRAIT |
Mon
père s'est transformé en guide touristique d'Irlande.
C'est son pays, il est fier de prendre quelques jours de congé
pour montrer les hauts lieux de l'histoire irlandaise à Stefan.
Automobiliste très prudent, il garde les deux mains sur le
volant et arrête la voiture pour donner les explications qu'il ne
peut pas fournir en conduisant. Il nous amène à la prison
de Kilmainham. On s'immobilise devant l'hôtel des Postes
d'O'Connell Street, on se rend à Glendalough pour voir la tour
ronde. On va sur des plages et on jette des galets pour retenir les
vagues, comme si on arrivait d'Allemagne pour les vacances et qu'on
n'avait pas vu de si grands espaces depuis longtemps. On est
stupéfaits de revoir des moutons. On part dans les montagnes,
toutes vitres baissées, on se sent soulevés par le
paysage, par le vide. On fait halte pour déjeuner et ma
mère sort son panier plein de sandwiches emballés
individuellement. Elle en est encore à tenter de
découvrir ce que Stefan aime manger à la place des
gâteaux, mais ça demeure un mystère pour elle. On
est assis dans un champ sur une couverture étalée dans
l'herbe, et tout le monde rit parce que Bríd s'est mise à
mâcher de travers comme les moutons. On va se promener, de longs
brins d'herbe dans la bouche, on décapite des fleurs sauvages.
Mon père n'est pas le genre d'homme à se glisser une
herbe entre les lèvres. Même avec son col de chemise
ouvert, il donne l'impression de réfléchir encore
à ce qu'il reste à faire pour améliorer l'Irlande,
pour empêcher la disparition de ce paysage. On escalade une
montagne jusqu'à mi-hauteur et on se retourne pour regarder la
petite Opel Kadett grise garée le long de la route, tel un
jouet. On voit des maisons et les petites gens d'Irlande qui
travaillent en bas dans les champs. Le bras tendu devant lui, mon
père recommande à Stefan de considérer le paysage
les yeux grands ouverts, car certains détails ne sont visibles
qu'en irlandais.
— En anglais, on voit seulement aussi loin que l'œil le peut, explique mon père.
☐
pp. 109-100 |
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « The sailor in the wardrobe »,
London : Fourth Estate, 2006
- « Le marin de Dublin », Paris : Points (Points, P1908), 2008
- « Berlin sous la
Baltique », Monaco : Éd. du Rocher, 1992 ;
Paris : Phébus (Libretto, 181), 2005
- « Sang impur », Paris : Phébus, 2005 ; Seuil (Points, 1592), 2007
- « Déjanté »,
Paris : Phébus (Rayon noir), 2006
- « Triste flic », Paris : Phébus, 2008 ; Paris : Points (Roman noir, P2462), 2010
- « Comme personne », Paris : Phébus, 2009 ; Paris : Points (P2586), 2011
- « Je ne suis pas d'ici », Paris : Phébus, 2011 ; Paris : Points (P2586), 2012
- « Un voyage à Berlin », Paris : Phébus, 2015
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mise-à-jour : 5 mai 2017 |
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